Les enfants débutent leur apprentissage à la maison : les facteurs influençant le langage et l'alphabétisation des enfants

Une revue des études menées dans 43 pays à revenu faible ou intermédiaire en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes pour mieux comprendre la façon dont les langues parlées, les ressources et les pratiques liées à l'alphabétisation à la maison influencent l'apprentissage des enfants.

28 mars 2024 par Aneyn M. O’Grady, GPE Secretariat
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Lecture : 4 minutes
Barsha Kumari Pashawal, 12 ans, fait ses devoirs à la maison accompagnée de son jeune frère Badal, 5 ans. Népal. Crédit : GPE / Kelley Lynch
Barsha Kumari Pashawal, 12 ans, fait ses devoirs à la maison accompagnée de son jeune frère Badal, 5 ans. Népal.
Credit: GPE/Kelley Lynch

L'apprentissage de la lecture est mondialement reconnu comme indispensable à un développement positif et à la réussite dans la vie. C’est pourquoi les objectifs de développement durable sont axés sur l'alphabétisation des enfants, des jeunes et des adultes.

L'environnement familial d'apprentissage de la langue et d'alphabétisation d'un enfant est particulièrement important pendant les années préscolaires et les premières années d'école au niveau du développement des compétences en lecture et en mathématiques qui auront un impact sur la réussite scolaire par la suite.

Pour concevoir des programmes d'alphabétisation efficaces, il est nécessaire de savoir ce qui, dans le foyer d'un enfant, est étroitement lié à ses compétences en langue et en lecture, écriture et calcul, s'il a accès à des livres, quelles langues sont parlées ou quels sont les comportements de lecture des personnes qui s'occupent de lui.

Le foyer que nous imaginons lorsque nous pensons à l'environnement d'apprentissage d'un enfant est crucial.

Les recherches antérieures se concentrent principalement sur les foyers des pays à revenu élevé. Cette sous-représentation de contextes divers limite notre capacité à promouvoir l'alphabétisation de tous les enfants, en particulier ceux qui en ont le plus besoin.

Un examen rigoureux réalisé en 2024 par la Dr Sonali Nag et son équipe aborde ces disparités en se concentrant sur des études menées dans 43 pays à revenu faible ou intermédiaire d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine et des Caraïbes, afin de mieux comprendre l'interaction entre les langues parlées, les ressources liées à l'alphabétisation et les pratiques en vigueur au sein du foyer de l'enfant.

Pratiques d'alphabétisation des adultes et livres dans les foyers

Selon le pays, les pratiques d'alphabétisation des adultes et le nombre de livres dans le foyer ont une incidence différente sur la capacité d'un enfant à lire.

Dans les pays à revenu élevé, le lien entre la compréhension écrite des enfants et le degré d'implication des parents (par exemple, lorsqu'ils lisent des livres à leur enfant) et leurs propres croyances en matière d'alphabétisation est plus important que le lien avec les ressources d'alphabétisation présentes dans le foyer.

La disponibilité de matériel de lecture à la maison est importante, mais des interactions de lecture de qualité entre les enfants et les adultes semblent avoir plus de poids.

Si l'on considère les pays à revenu faible et intermédiaire, on constate un changement. En Amérique latine, la fréquence à laquelle les parents font la lecture à leurs enfants ne permet de prédire leurs résultats aux tests de langue de niveau que dans 5 pays sur 11.

En revanche, la présence de livres est étroitement liée aux compétences en lecture des enfants en Amérique centrale, en Asie et en Afrique, d'après des données provenant de 18 sites de projets de Save the Children. Il s'agit également du principal facteur prédictif des résultats des élèves aux tests linguistiques de niveau dans 10 pays d'Afrique australe et d'Afrique de l'Est.

Evena Massae travaille avec Omari Saidi Kitumbi (12 ans) pour évaluer ses compétences en lecture en kiswahili. Crédit : Banque mondiale/Arne Hoel
Evena Massae travaille avec Omari Saidi Kitumbi (12 ans) pour évaluer ses compétences en lecture en kiswahili. Evena travaille pour une ONG tanzanienne, effectuant des évaluations des élèves à leur domicile, dans le but d'impliquer leurs parents.
Credit:
Banque mondiale/Arne Hoel

Nag et ses collègues ont également constaté que le nombre de livres à la maison et les pratiques d'alphabétisation des adultes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire avaient un rapport significativement plus important avec les compétences linguistiques et d'alphabétisation des enfants que le soutien scolaire à domicile.

Cela ne veut pas dire que le soutien scolaire n'est pas important, mais les barrières linguistiques et la manière dont les enfants sont accompagnés peuvent avoir un impact sur son effet positif.

L'étude de Nag de 2019 a révélé que les parents qui ne maîtrisent pas la langue de l'école font appel à leurs réseaux sociaux pour trouver un intervenant pouvant donner des cours particuliers. Il peut s’agir d’une personne de leur communauté, de leur famille élargie ou de leur voisinage.

Cependant, l'impact positif du soutien scolaire à domicile a été limité lorsque les tuteurs à domicile ont essayé d'imiter les enseignants trop peu formés à la pédagogie de l'alphabétisation, ce qui souligne la nécessité d'une formation professionnelle des enseignants de qualité afin d'assurer un enseignement de qualité, que ce soit à l'école ou à la maison.

La nécessité d'évaluations localisées

Lorsque l'on réfléchit aux éléments concrets de la recherche sur ce qui fonctionne dans la promotion de l'alphabétisation et l'environnement d'apprentissage du foyer, on ne peut ignorer que les résultats et les conclusions dépendent des méthodes d’évaluations.

Lors de l'évaluation des environnements d'apprentissage des foyers, quel type de foyer est considéré comme étant de qualité ?

Pour les pays à revenu faible ou intermédiaire, les recherches de Nag ont montré que le rapport entre le langage et l'alphabétisation de l'enfant et les facteurs familiaux dépendait du pays de l'étude et des types de mesures utilisées.

Les études incluant des mesures personnalisées, et donc plus sensibles au contexte, présentaient des corrélations plus élevées entre les résultats des enfants et l'environnement d'apprentissage du foyer que les études ayant opté pour des méthodes d'évaluations multisites couramment utilisées.

Les associations entre les facteurs liés au foyer et les compétences des enfants dans les études sur des pays à revenu faible ou intermédiaire étaient également moins significatives que les corrélations rapportées par les études réalisées dans des pays à revenu élevé.

Cela ne signifie pas qu'il y a « moins » ou « aucune relation » entre l'environnement d'apprentissage du foyer et le langage et l'alphabétisation des enfants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, cela souligne plutôt la nécessité d’utiliser des méthodes d'évaluation qui tiennent compte des foyers de différentes cultures afin de détecter ce type de relation.

Vers une compréhension inclusive de l'environnement d'apprentissage du foyer

Dans les pays où de nombreux enfants accusent un retard en matière d'alphabétisation, il est essentiel d'examiner comment les facteurs sociaux et culturels influencent leur apprentissage et quelles méthodes d'évaluation sont utilisées pour suivre leurs progrès.

Les travaux de recherche montrent que ce qui compte le plus dans l'environnement d'apprentissage du foyer pour développer le langage et l'alphabétisation d'un enfant varie en fonction du lieu.

La conception que nous avons actuellement de l'environnement d'apprentissage de la langue et de l'alphabétisation à la maison doit évoluer. La diversité des langues, des systèmes d'écriture et du niveau d'accès aux ressources doit être prise en compte dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Une approche unique adaptée à tous peut nuire aux expériences d'apprentissage des langues qui ne sont peut-être pas « adaptées », mais qui font tout de même partie du développement des compétences de l'enfant et le renforcent.

Lorsque les évaluations tiennent compte de la nature des foyers dans différents contextes, nous avons une meilleure idée de la manière de promouvoir le langage et l'alphabétisation pour tous les enfants. Qu'il s'agisse d'adapter des évaluations existantes ou d'en développer de nouvelles, des mesures localisées peuvent conduire à des programmes de langue et d'alphabétisation plus inclusifs et potentiellement plus efficaces.

Pour plus d'informations sur les interventions linguistiques localisées dans la petite enfance, veuillez consulter le projet TalkTogether.

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