Des protocoles : les outils d'observation en situation de classe
Les protocoles comprennent ici deux éléments. Les premiers sont des instruments et des documents utilisés dans le processus d'observation. La plupart des observations se déroulent sur la base d’un protocole ou d’un outil d'observation en situation de classe, telle qu’une liste de contrôle ou un document avec différentes rubriques qui évalue les qualités de l’enseignant selon différents degrés.
Ceci peut varier selon les programmes - certains utilisent des outils d'observation respectés et fiables comme le CLASS. D'autres développent leurs propres instruments (certains avec des tests de fiabilité, d'autres pas).
Certains programmes partagent ces outils d'observation avec les enseignants, d'autres non. D'après mes observations, la plupart des programmes enseignent aux observateurs comment utiliser l'outil d'observation, mais ils n'assurent souvent pas la fiabilité entre évaluateurs (ce qui confirme qu’on peut avoir une note de 4 ou 5 ; un « parfois » ou un « toujours » selon l’observateur).
Ils ne peuvent pas non plus garantir que chaque observateur comprend les éléments d'une excellente mise en œuvre ou apprendre aux observateurs comment rédiger des résumés d'observations descriptifs et fondés sur des preuves par opposition à des déductions et des jugements.
Des protocoles : quelle procédures respecter
Le deuxième élément et sens du protocole est la procédure ou le système de règles qui régissent toutes les activités liées à l'observation. Cela peut inclure des étapes dans le processus d'observation (avant et après les échanges) ; des scénarios et des canevas pour guider les échanges entre les observateurs et les enseignants ; et l'observation en situation de classe (où s'asseyent les observateurs ? pendant combien de temps observent-ils ? quel est le système de collecte, d'analyse et de communication des données issues de l'observation ? les enseignants savent-ils comment les données seront utilisées ?).
De manière générale, toutes les parties savent-elles exactement quoi faire et comment le faire ? Tous les éléments du processus d'observation sont-ils alignés ? Le problème est que, dans de nombreux cas, il n'y a aucun protocole ; les observateurs doivent donc dire et faire ce qu'ils pensent être le mieux.
Ainsi, les données recueillies et les conclusions tirées peuvent résulter davantage d'une instrumentation défectueuse et de procédures ad hoc que de la performance réelle de l’enseignant.
Processus d'observation
Le processus chevauche les protocoles mais décrit essentiellement le déroulement et le séquencement des activités d'observation. C'est ainsi que les observations se produisent : Que se passe-t-il ? Comment ? À quel moment précis de l'année scolaire se déroulent-elles ? Que se passe-t-il avant, pendant et après une observation ?
Le processus d'évaluation requiert une attention particulière pour deux raisons.
Premièrement, parce que l'observation est empirique, l'observateur peut croire que ce qu'il voit est la stricte vérité. Pourtant, les observations représentent juste un moment et un enseignant peut avoir une mauvaise ou une bonne journée – tout comme un observateur peut avoir une bonne ou une mauvaise journée - et cela peut affecter l'observation.
Le plus délicat ce sont les biais inhérents au processus d'observation lui-même. Biais de confirmation (interpréter les preuves comme une confirmation de son système de croyances ou de valeurs) ; l'effet de halo (nos impressions positives d’une personne affectent la façon dont nous évaluons sa performance) ; l'effet observateur (la possibilité que l'acte d'observation affecte ce qui est observé) ; l’aveuglement (l'incapacité à détecter les changements visuels) ; l’aveuglement dû au manque d’attention (le fait de ne pas détecter un comportement parce qu'on ne s'attend pas à le voir ou qu'on n'y prête pas attention) déforme ce que l'on croit être la réalité.
Ensuite, après l’observation, intervient la retour d’information (feedback) sur la performance de l’enseignant observé. Et les remarques, bien que considérées comme importantes par nous tous, sont loin d'être sans faille. Elles sont très peu liées à la performance et souvent considérées comme inutiles par la personne qui les reçoit.
De nombreux programmes se concentrent tellement sur la façon de faire un feedback plutôt que sur ce qu'il faut dire, à tel point que cela peut parfois susciter du sarcasme chez les enseignants :« D'abord, ils vous disent les bonnes choses ; puis ils enchainent avec les mauvaises. Quelque part entre les deux se trouve la réalité », m'a dit en riant un groupe d'enseignants lors d'une interview il y a quelques mois.
Les retours d’observation tendent à être axés sur les comportements passés plutôt que sur l'avenir. Pourtant, pour qu'ils soient utiles, ils doivent s’inscrire dans une logique développementale (se concentrer sur les mesures concrètes et tournées vers l'avenir que les enseignants peuvent prendre pour améliorer leurs performances) plutôt qu'évaluative.
Ils doivent émaner d'une source crédible et être basés sur des informations recueillies sur la base d'un processus fiable ; et la personne qui les reçoit doit être véritablement intéressée à l’idée de s’améliorer (par opposition à la seule volonté de se promouvoir et de se conformer).
Ainsi, comme indiqué ci-dessus, de nombreuses observations en situation de classe dans leur forme actuelle annulent ces conditions.
Conclusion
Depuis longtemps, nous considérons les observations en situation de classe comme étant bénéfiques en elles-mêmes, complètement empiriques, techniquement simples et directes, les commentaires étant la clé de toute amélioration.
La réalité est bien plus complexe. Pour faire de l’observation des enseignants en situation de classe un processus apprécié par tous les enseignants et auquel ils ont confiance, nous pouvons commencer à résoudre bon nombre de problèmes évoqués plus haut.
Préférablement à toute autre chose, nous pouvons renverser la dynamique du pouvoir, en en faisant une interaction menée par l'enseignant, formative et basée sur le soutien entre des professionnels avertis dans un processus ouvert et transparent guidé par l'objectif d'amélioration.
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