Un programme bien rempli pour l’Éducation à voix haute

Le principal fonds de soutien au plaidoyer dans le secteur de l’éducation dans le monde s'engage à soutenir 84 organisations de la société civile à l’heure où les fermetures des espaces civiques et les changements de priorités de financement dus à la pandémie de COVID-19 rendent les actions de la société civile dans le domaine de l’éducation plus importante que jamais.

20 avril 2022 par Milagros Concha-Fernández Sánchez, GPE Secretariat
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Une femme s'exprimant lors d’une table ronde sur le pouvoir de la société civile. Crédit : Banque mondiale/Grant Ellis
Une femme s'exprimant lors d’une table ronde sur le pouvoir de la société civile organisée dans le cadre des réunions de printemps 2017 de la Banque mondiale et du FMI à Washington, DC, le 18 avril 2017.
Credit: Banque mondiale/Grant Ellis

La participation de la société civile au dialogue politique est un aspect essentiel du travail du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE).

On ne peut envisager une véritable transformation du système éducatif que lorsque le dialogue sectoriel inclusif devient une réalité aux niveaux national, régional et mondial. C’est pourquoi, depuis 2009, le GPE soutient les organisations de la société civile dans le but de renforcer leurs capacités et mettre en œuvre des activités d’apprentissage et de création de réseaux entre les pays, parallèlement aux activités de plaidoyer.

De 2009 à 2019, le GPE a apporté son soutien à la société civile à travers le Fonds de la société civile pour l’éducation (FSCE) géré par la Campagne mondiale pour l’éducation (CME).

Le FSCE a soutenu des coalitions pour l’éducation dans 62 pays qui, durant cette période, auraient amélioré leurs compétences en matière de plaidoyer, de recherche, de suivi et de concertation politique.

Le cadre de mobilisation et d’allocation des financements 2017 du GPE, qui visait à doubler les financements en faveur des organisations de la société civile et à élargir la diversité et la portée de ses bénéficiaires, témoignait de l’importance cruciale accordée par le partenariat au soutien à la société civile dans son approche de l’éducation. Cet objectif a conduit à la création d’un fonds dénommé l’Éducation à voix haute.

Mis en œuvre par Oxfam IBIS, l'Éducation à voix haute a démarré ses activités en 2019, avec pour ambition de renforcer la transparence, la redevabilité et la participation de la société civile à la prise de décision, afin de transformer les systèmes éducatifs.

Outre le soutien financier et le renforcement des capacités des coalitions nationales pour l’éducation fondés sur les acquis du FSCE, Oxfam IBIS a mis en place l’infrastructure nécessaire pour soutenir les nouvelles organisations de la société civile, et notamment des initiatives nationales en faveur de la transparence et du suivi, ainsi que des alliances transnationales de plaidoyer.

Le portefeuille du fonds a été finalisé début 2022, après que 461 dossiers aient été soumis entre 2019 et 2021 en réponse à quatre séries d’appels à propositions.

L’Éducation à voix haute a octroyé 84 financements à des organisations réparties dans 60 pays pour soutenir le travail des organisations de la société civile à travers trois composantes opérationnelles et un programme d’apprentissage.

Doté de 72,8 millions de dollars, il s’agit du plus important fonds au monde dédié à soutenir le plaidoyer en faveur de l’éducation.

Des investissements sur le long terme qui portent leurs fruits

L’Éducation à voix haute a soutenu 53 coalitions nationales pour l’éducation depuis 2019. Ce nombre devrait passer à 60 coalitions à partir de 2022.

Ces coalitions sont représentatives de la diversité des voix dans leurs pays respectifs : les groupes de femmes et de filles sont représentés dans 100 % des coalitions, les personnes handicapées dans 98 % et les personnes déplacées/réfugiées sont représentées par au moins une personne dans 41 % des coalitions.

Bien que le travail de plaidoyer ait été mis à rude épreuve par les mesures de confinement, les perturbations et les contraintes économiques dues à la pandémie de COVID-19, les coalitions ont réussi à peser sur 22 réformes stratégiques en faveur d’approches plus solides fondées sur les droits humains au cours des deux premières années de l’initiative, dans 18 pays au total.

Ce succès n’a été possible que grâce aux investissements faits par le GPE depuis 2009. Ils ont permis de jeter les bases nécessaires à la mise en place des stratégies à long terme sans lesquelles il ne serait possible de réorienter les politiques publiques, tout en renforçant la résilience des organisations de la société civile pour qu’elles puissent surmonter les crises et continuer à mobiliser la volonté politique pour trouver les solutions nécessaires.

Au Pakistan, par exemple, le plaidoyer mené pendant de longues années par la Coalition pakistanaise pour l’éducation (PCE) et soutenu par l'Association Asie-Pacifique Sud pour l’éducation de base et l’éducation des adultes (ASPBAE) a joué un rôle déterminant dans l’augmentation de 19 % du budget fédéral de l’éducation en 2020.

Au Mozambique, le Movimento de Educação para Todos (MEPT) et l’UNICEF ont participé au renforcement du mécanisme multisectoriel de signalement, d’orientation, de réponse et d’assistance aux victimes de violence à l’école. Ce mécanisme, approuvé en octobre 2020, doit contribuer à lutter contre la violence structurelle à l’encontre des enfants, en particulier des filles, à l’intérieur et à proximité des écoles.

Au Togo, la Coalition Nationale Togolaise pour l’Éducation Pour Tous (CNT/EPT) a participé à la révision du plan sectoriel de l’éducation et plaidé pour que sept cibles du quatrième objectif de développement durable y soient intégrées, ainsi que des politiques favorisant l’éducation inclusive et une plus grande responsabilité des communautés dans la gestion décentralisée de l’éducation.

Le gouvernement togolais a également intégré le droit à l’éducation des enfants handicapés et d’autres groupes cibles précédemment négligés dans le nouveau plan.

L’impact initial des nouveaux partenaires de la société civile

Les nouveaux partenaires de la société civile de l’Éducation à voix haute privilégient deux domaines clés : le renforcement des dispositifs de suivi et la redevabilité des communautés locales et le renforcement du plaidoyer transnational pour l’amélioration de contextes politiques généraux propices à la transformation du système.

L’octroi de 20 financements a permis à nos partenaires de travailler sur diverses questions, notamment le suivi des budgets de l’éducation par les jeunes, le suivi et la transparence de la mise en œuvre de l’éducation des filles et le plaidoyer régional sur la justice fiscale pour le financement de l’éducation entre autres.

En peu de temps, nos partenaires ont déjà signé des accords avec les gouvernements de leur pays pour améliorer la disponibilité et la transparence
des données.

Au Libéria par exemple, l'organisation HOPE Liberia contribue à améliorer l’accès aux données ventilées selon le sexe pour documenter l’éducation des filles dans 15 sous-secteurs de l’éducation.

À Madagascar, MSIS-Tatao a conclu un accord avec le gouvernement pour veiller à la promotion de la transparence et de la redevabilité, lequel a servi de base à 127 organisations communautaires qui se sont engagées à suivre la mise en œuvre de la politique éducative dans leurs localités.

L’organisation Filles Pas Épouses a accompli des progrès sans précédent en instaurant des forums où les ministères chargés de la protection de l’enfance et de l’éducation peuvent discuter des politiques visant à mettre fin au mariage des enfants en Afrique de l’Ouest.

ZINECDA mène des actions de sensibilisation en faveur du développement de la petite enfance en organisant des rencontres avec les médias et des panels de discussion avec les ministères de l’Éducation d’Afrique australe.

Quelles sont les prochaines étapes pour l’Éducation à voix haute ?

Trois ans après sa création, le programme demeure très prometteur. Des partenaires d’apprentissage ont été récemment désignés pour poursuivre la mise en œuvre du programme d’apprentissage du fonds pour le renforcement des capacités, de la plateforme d’échange d’expériences et de la production de connaissances.

Les bénéficiaires des financements, qui ont encore deux ans avant la fin du cycle de financement actuel, s’emploient à poursuivre leurs activités et à mettre en relief leurs premiers résultats. Ces derniers nous laissent entrevoir les changements significatifs que les partenaires de la société civile peuvent produire pour garantir les droits des communautés les plus marginalisées.

Abonnez-vous au bulletin d’information de l’Éducation à voix haute et visitez son site web pour être tenu.e informé.e des résultats obtenus par les bénéficiaires de ces financements.

Lire aussi

Quid d'Haiti dans tou cela?

En réponse à par Jeqn Berthony …

Merci de votre question. L'éducation à voix haute a aussi accordé un financement à la société civile de Haïti pour la période 2022-2023. 

Chantal/ Secrétariat du GPE

Salutations fraternelles à toute l'équipe dirigeante de GPE
Je suis ravi de constater les efforts non de moindres que vous ne cessez de consentir dans la construction du monde entier à travers l'éducation de la jeunesse et des couches des jeunes vulnérables ( Filles-mères).
Mais comment la jeunesse et les filles-mères de la République Démocratique du Congo peuvent-ils bénéficier votre accompagnement?
N'oublier pas que la République Démocratique du Congo un pays à la dimension continentale dispose d'une population estimée à 80 millions d'habitants dont 60% est jeunes. Et beaucoup de ces jeunes sont encore à l'âge scolaire et certains éprouvent tant des difficultés pour leur scolarisation. En plus, on y compte plusieurs fiiles-mères en rupture scolaire qui ont besoin d'encadrement sur l'alphabétisation. Et le taux les plus élevé c'est les milieux ruraux où les écoles sont rares.
Besoin de bénéficier de votre accompagnement.
Trésor Mbuende Masiya
Secrétaire Exécutif

En réponse à par ONG-CRI DES JE…

Merci de votre commentaire. Le GPE soutient la RDC depuis plusieurs années, à travers divers programmes et financements. Vous pouvez en apprendre plus ici: https://www.globalpartnership.org/fr/where-we-work/democratic-republic-of-congo

Chantal / Secrétariat du GPE

Qu'en est-il du Cameroun dans tous cela? Particulièrement le plaidoyer pour la prise en compte des enfants réfugiés urbains dans les politiques gouvernementales sur l'éducation des enfants vulnérables et marginalisés?

En réponse à par MOUNDZEGO Daniel

Merci du commentaire. Le GPE soutient la société civile au Cameroun. Nous avons appuyé le Cameroon Education For All Network depuis plusieurs années, pour soutenir son engagement dans le dialogue politique sur l'éducation et renforcer la prise en compte des voix des citoyens dans les programmes du secteur.

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