En mettant la priorité sur les enfants plus âgés, les modèles de dépenses actuels en Afrique ne permettent pas de tirer parti de cette opportunité, figeant les familles et les pays dans un cycle d’inégalité et d’inefficacité.
Sans investissements adéquats dans le développement global des enfants, ceux-ci sont moins à même de développer les compétences fondamentales et adaptées au 21e siècle nécessaires pour réussir à l'école et s'adapter aux besoins d'une économie mondiale en rapide évolution.
Une ligne de départ peu équitable
Il est également inéquitable d'allouer les dépenses sociales aux enfants essentiellement lorsqu'ils sont plus âgés. Si les enfants sont plus susceptibles que les adultes de vivre dans la pauvreté en Afrique (40 % des enfants vivent dans l'extrême pauvreté contre 29 % des adultes), les plus jeunes d’entre eux sont les plus durement touchés : environ deux tiers des enfants vivant dans l'extrême pauvreté ont moins de 10 ans.
Cette inégalité en matière de bien-être est encore aggravée par l’inégalité dans les dépenses publiques.
Les ressources publiques consacrées à l’éducation en Afrique sont souvent plus susceptibles d'être orientées vers l’enseignement secondaire et tertiaire - des secteurs dont bénéficient généralement un groupe plus restreint d’enfants qui reçoivent déjà davantage de ressources.
Les gouvernements d’Afrique consacrent environ 2 % de leur budget de l’éducation à l’éducation préscolaire, tandis que 20 % en moyenne sont affectés à l’enseignement tertiaire. En outre, 13 des 40 gouvernements pour lesquels des données sont disponibles n’investissent aucune ressource dans l’éducation préscolaire alors que l’enseignement tertiaire continue d'être privilégié.
Pour les enfants plus jeunes laissés de côté jusqu'à leur entrée dans l’enseignement secondaire ou au-delà (à condition de poursuivre leurs études), de tels investissements dans l’éducation arrivent trop tard pour soutenir réellement leur apprentissage et leur développement. En conséquence, le modèle actuel de dépenses sociales en Afrique risque de perpétuer les inégalités systémiques plutôt que de les combattre.
Favoriser un financement équitable en faveur des enfants en Afrique : un appel à l’action pour les décideurs politiques
Le déséquilibre des dépenses publiques en faveur d’enfants plus âgés illustre une inefficacité structurelle que l’Afrique ne peut se permettre. En concentrant les dépenses tard dans la vie d’un enfant, les gouvernements compromettent les bases mêmes sur lesquelles reposent les avenirs.
Mieux équilibrer les dépenses sociales pour les enfants de tous les âges est une démarche judicieuse, représentant une utilisation plus efficiente, efficace et équitable de ressources limitées.
De nombreux pays d’Afrique n’ont pas d’allocation familiale en place ce qui signifie que les nouveaux parents ne disposent pas de ce revenu supplémentaire leur permettant de soutenir leur famille durant cette période délicate.
Par ailleurs, les dépenses consacrées à l'éducation de la petite enfance sont bien inférieures aux 10 % recommandés pour les budgets nationaux de l'éducation dans la plupart des pays d'Afrique.
Près de la moitié des pays partenaires du GPE (44) se situent en Afrique et 45 % d'entre eux ont choisi d’intégrer l'éducation de la petite enfance à leur réforme prioritaire dans le cadre de leur pacte de partenariat pour la transformation de leurs systèmes éducatifs.
En Sierra Leone et au Malawi, encourager un dialogue politique inclusif, promouvoir la coordination entre les ministères et établir des politiques nationales pour le développement de la petite enfance ont été essentiels afin de poser les bases du capital humain dans les premières années de la vie.
Toutefois, un changement ciblé est nécessaire afin de rééquilibrer les dépenses publiques et d’investir plus équitablement dans la petite enfance.
La volonté politique de faire progresser les programmes nationaux en faveur de la petite enfance existe à travers toute l’Afrique comme cela a pu être constaté lors de la Conférence Africa Foundational Learning Exchange (FLEX) qui s’est tenue en novembre 2024 et lors de laquelle les gouvernements ont promis de mettre fin à la pauvreté des apprentissages en Afrique d’ici 2035.