L’inégalité apparaît dès le plus jeune âge
Premiers résultats d’une étude comparative d’enfants de 2 à 5 ans en Amérique latine
20 mai 2015 par Santiago Cueto, Young Lives
|
Lecture : 6 minutes
Filles et garçons au Honduras avec les livres qu'ils lisent (c) GPE/Paul Martinez

Il y a quelques années, dans une série d’études publiées dans The Lancet, Sally Grantham-McGregor et ses collègues estimaient à 200 millions, dans les pays en développement, le nombre d’enfants de n’atteignant pas leur potentiel de développement.

Selon leurs constatations, les enfants de moins de cinq ans souffrant d’un retard de croissance dû à la malnutrition ou grandissant dans la pauvreté totalisaient un nombre d'années d’éducation et une performance moindres dans ce domaine, même à l’âge adulte. Ceci avait des conséquences négatives dans leur vie d'adulte, notamment des revenus moins importants et un plus fort taux de fertilité, éléments qui perpétuent ainsi le cycle intergénérationnel de la pauvreté.

Dans son étude, le Professeur Grantham-McGregor a dû utiliser des données indirectes (retard de croissance et pauvreté) pour estimer le niveau de développement des enfants, ceci afin de pallier le manque d’évaluations nationales dans la plupart des cas.

Une nouvelle étude de l'impact de l’école maternelle sur le développement de l’enfant

Plusieurs études significatives au niveau national ont permis d’évaluer le niveau d’apprentissage d’enfants scolarisés en maternelle. Mais, jusque récemment, aucune étude n’avait évalué le niveau de développement d’enfants issus d’un échantillon de ménages.

En décembre dernier, la Banque interaméricaine de développement (BID) a publié Regional Project on Child Development Indicators: Urgency and Possibility. First Initiative of Comparative Data on Child Development in Latin America (du Programme régional sur les indicateurs de développement de l’enfant - PRIDI). Ce programme a ainsi lancé une étude sur le niveau de développement d’enfants âgés de 2 à 5 ans dans quatre domaines : développement cognitif, moteur, socio-affectif, ainsi que langue et communication.

Des enquêtes associées, des éléments du contexte individuel, familial et communautaire des enfants, la participation à des programmes (éducatifs et autres) font également partie de la conception de ce programme.

Des échantillons représentatifs des ménages ont été constitués dans quatre pays : Costa Rica, Nicaragua, Pérou et Paraguay. Au Nicaragua et au Paraguay, ils comprennent des données relatives aux enfants autochtones.

En matière d’éducation, l’inégalité apparaît dès l’âge de deux ans

Le rapport explore le milieu et le contexte de l’individu et de sa famille, qui sont souvent en corrélation avec le niveau de développement de l’enfant.

Les différences identifiées entre les groupes apparaissent souvent dès l’âge de deux ans et sont liées au niveau d’éducation et à la richesse de la mère. À l’âge de cinq ans, un enfant pauvre et mal nourri accusera un retard de développement d'environ 18 mois par rapport aux enfants plus chanceux.

Ce constat a suscité chez les auteurs le sentiment d'une urgence à agir. Le niveau de développement est cependant étroitement lié à la nature réconfortante et propice du ménage où grandit l’enfant. Au-delà des facteurs structurels tels que la richesse et le niveau d’éducation de la mère, difficiles à modifier, les parents peuvent donc améliorer le niveau de développement de leurs enfants par la façon dont ils interagissent avec ceux-ci à la maison.

Il ne s'agit ici que du premier rapport de résultats, et des études plus approfondies pourraient être menées sur les données recueillies.  

Des données et des outils sont disponibles qui permettraient d'approfondir cette étude

Afin de faciliter la tâche, les outils de recherche utilisés dans le PRIDI, notamment l’échelle d’Engle[1] pour la mesure du développement de l’enfant, ainsi que les manuels, enquêtes et bases de données sont libres d’accès sur le site Web du BID. Il existe par ailleurs un cadre conceptuel et une annexe technique expliquant les objectifs du PRIDI et ses méthodes. Le PRIDI a été mené en association avec l’Association internationale pour l’évaluation du rendement scolaire et des partenaires dans les pays concernés, dont les ministères et institutions locales. Il est donc considéré comme un programme de bien public.

Le PRIDI constitue sûrement la première de nombreuses initiatives de ce type. Grâce aux études longitudinales, notamment Young Lives, nous savions déjà que l’inégalité apparaissait avant l’âge de cinq ans et qu'elle était difficile à surmonter par la suite.

Le PRIDI permet d‘étudier les niveaux de développement spécifiques et l’inégalité dans quatre domaines, et  d’établir leur corrélation avec plusieurs facteurs de risque et de protection. Il est nécessaire d’empêcher l'inégalité dès le plus jeune âge, et le PRIDI présente quelques clés pour y parvenir.

[1] Nommé ainsi en hommage au psychologue du développement Patrice (Pat) Engle, qui a participé aux premières phases du PRIDI avant, hélas, de décéder.

Lire aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas divulguée. Tous les champs sont requis

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

Texte brut

  • Global and entity tokens are replaced with their values. Explorer les jetons disponibles.
  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.