À l'heure où les appels à la relance et à la transformation de l'éducation se font nombreux, le thème de la Journée internationale de la langue maternelle tombe à point cette année : « L’éducation multilingue, un pilier de l’apprentissage intergénérationnel ».
Il est important de rappeler en effet que la réussite future de tout apprenant dépend de son apprentissage fondamental, lequel est à la fois une plateforme et un véritable pilier du parcours scolaire et professionnel de chacun, voire de la vie en général.
Que doivent faire les décideurs politiques de l’éducation, cependant, quand cette fondation, qui repose sur des compétences en lecture, en écriture et en calcul, ainsi que sur des compétences transférables, est grandement fragilisée par le fait que les jeunes élèves ne comprennent pas la langue d'enseignement en classe ?
L’apprentissage fondamental et la langue d'enseignement dans la région Asie-Pacifique
Dans toute la région Asie-Pacifique, qui abrite plus de 60 % de la population mondiale, selon les données de l'UNESCO , tous les élèves n'atteignent pas les niveaux minimaux de maîtrise des compétences. L'atteinte de l'indicateur 4.1.1 des objectifs de développement durable (ODD) d'ici 2030 est grandement compromise.
La Base de données mondiale sur les inégalités dans l'éducation (WIDE) de l'UNESCO révèle des différences notables dans les niveaux minimaux de maîtrise des apprentissages entre les élèves qui parlent la même langue à la maison et en classe, par rapport aux autres (indicateur 4.5.2 des ODD).
Selon WIDE, l'étude du Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS) menée en 2016 à Singapour indique que 98 % des élèves qui parlent la langue d'enseignement à la maison ont réussi les 4 niveaux de difficulté croissante de l'examen de lecture, contre 86 % seulement de ceux qui ne parlent pas la langue d'enseignement à la maison.
Des différences semblables ont été constatées dans d'autres pays de la région Asie-Pacifique, notamment au Kazakhstan (3 points de pourcentage) et en République islamique d'Iran (29 points de pourcentage).
Dans les pays multilingues, les classes des premières années de scolarité comptent souvent un nombre plus restreint d'élèves dont la langue parlée à la maison, langue première ou encore langue maternelle, est aussi la langue d'enseignement. Par exemple, aux Philippines, un pays où sont parlées plus de 170 langues, environ 1 élève sur 4 seulement utilise sa langue maternelle à l'école.
Cette réalité transparaît également dans les résultats d’apprentissage. Selon les résultats 2019 du Système d’évaluation de l'apprentissage primaire en Asie du Sud-Est (SEA PLM), les élèves qui parlent la langue d'enseignement à la maison obtiennent de meilleurs résultats que leurs pairs en lecture, écriture et mathématiques, dans 5 pays.