Plaider
Tandis que les pays s’efforcent de bâtir des systèmes capables de produire un enseignement préscolaire de qualité, les parties prenantes, tels que les Ministères de l’Éducation, sont confrontées à des difficultés non négligeables. Lorsqu’il s’agit de décider où orienter l’investissement et l’attention dans le secteur de l’éducation, le préscolaire est souvent perdant. Pour donner à chaque enfant une meilleure chance de réussite, nous devons nous efforcer ensemble de plaider pour l’enseignement préscolaire dans le cadre des plans et politiques sectoriels de l’éducation.
Nous devons le faire rapidement et accélérer les efforts pour combler les écarts en termes d’accès et d’apprentissage en faisant en sorte qu’au moins une année d’enseignement maternelle fasse normalement partie des systèmes éducatifs.
Accroître l’accès
Actuellement, l’accès à l’éducation de la petite enfance est très inégalitaire dans presque chaque pays, avec des taux de fréquentation des enfants du quintile le plus riche des pays à faible revenu huit fois supérieurs à ceux des pauvres. Lorsque l’objectif d’un pays est de développer rapidement un système d’enseignement préscolaire, il est très tentant de fournir d’abord ces services aux enfants les plus faciles à atteindre, soit généralement ceux qui vivent dans les zones urbaines ou qui sont issus des ménages plus aisés.
Or, cette « approche de statu quo » ne permettra pas de tenir la promesse d’un enseignement préscolaire universel – elle ne fera au contraire que creuser les écarts existant entre les enfants défavorisés et leurs pairs. L’équité et l’expansion doivent donc aller de pair.
Les États doivent dès à présent mettre en place des politiques pour maintenir un engagement en faveur de l’universalisation et faire des enfants les plus pauvres et les plus difficiles d’accès la priorité, marquant ainsi le début de ce processus de généralisation, et non la fin. Dans les pays qui ne sont pas en bonne voie d’atteindre la cible de l’enseignement universel, il est nécessaire de faire de la mise en œuvre d’une seule année d’enseignement maternel une priorité, le but étant de l’étendre à deux années supplémentaires au fur et à mesure du développement des capacités du système.
Améliorer la qualité
Suivre un programme préscolaire a une valeur limitée pour un enfant si ce programme n’est pas conforme à une norme de qualité suffisamment élevée. De nombreux facteurs contribuent à un enseignement préscolaire de qualité : un programme adapté au développement de l’enfant, des familles et des communautés engagées, un système d’assurance qualité efficace, une gestion équitable de la planification et des ressources, et surtout, une main d’œuvre compétente et motivée.
L’offre d’enseignants préscolaires dans le monde devra ainsi doubler d’ici 2030 pour satisfaire la cible d’universalité de l’ODD avec un ratio élève-enseignant idéal de 20 à 1. Priorité plus urgente encore, les pays à faible revenu auront besoin de huit fois plus d’enseignants préscolaires qu’ils n’en ont actuellement.
Nous aurons besoin de nouvelles solutions et plans provisoires pour combler ce manque. Nous devons investir dans la qualité au fur et à mesure de la croissance du système – et non pas attendre de le faire après – pour atteindre un équilibre entre le développement de l’accès et le maintien de la qualité. L’enseignement maternel doit en effet produire de véritables bénéfices pour tous les enfants.
Renforcer les capacités de gouvernance et de mise en œuvre du système préscolaire à tous les niveaux de l’État est essentiel pour garantir les résultats d’apprentissage des enfants.
Investir tôt, équitablement et intelligemment
Si les pays veulent garantir l’accès universel au cycle préscolaire, il est impératif que les États et les bailleurs y dédient un financement accru. Le rapport de l’UNICEF recommande aux États de viser une allocation d’au moins 10 % du budget de l’éducation à l’enseignement maternel.
Et les bailleurs doivent donner l’exemple en dédiant au moins 10 % de leur aide à l’éducation à l’enseignement maternel, pour catalyser et compléter les ressources publiques.
Nous devons convenir d’une vision de l’éducation de la petite enfance commune aux États, bailleurs et partenaires, qui permette l’allocation de financement et la disponibilité d’assistance technique là où et quand cela est nécessaire.