De nouvelles données révèlent une crise qui menace le développement dans le monde
Selon de nouvelles données de l'Institut de statistique de l'UNESCO (ISU), 617 millions d'enfants et d'adolescents dans le monde n'atteignent pas le niveau de compétence minimum en lecture et en mathématiques. Cela annonce une crise de l'apprentissage qui pourrait menacer les progrès vers les objectifs de développement durable.
21 septembre 2017 par Karen Mundy, UNESCO Institute of Educational Planning, et Silvia Montoya, UNESCO Institute for Statistics
|
Lecture : 8 minutes
Des élèves faisant cours en plein air à l'école de Muzu au Malawi. Crédit: GPE/Chantal Rigaud
Des élèves faisant cours en plein air à l'école de Muzu au Malawi.

De nouvelles données publiées aujourd’hui par l’Institut de la Statistique de l’UNESCO (ISU) montrent que 617 millions d’enfants et d’adolescents dans le monde n’atteignent pas les niveaux de compétence minimums en lecture et en mathématiques. Ces données signalent une crise de l'apprentissage qui pourrait menacer les progrès réalisés en vue des Objectifs de développement durable (ODD).

Les chiffres sont énormes : l’équivalent de trois fois la population du Brésil est incapable de maîtriser la lecture ou le calcul. Un tel gâchis de potentiel humain nous indique que la scolarisation des enfants n’est qu’une partie à moitié gagnée. Le défi est désormais de garantir que chaque enfant scolarisé apprend, au minimum, les compétences de base dont il aura besoin en lecture et mathématiques.

Six enfants et adolescents sur dix n’apprennent pas les compétences de base en lecture ou en mathématiques

Dans le monde, six enfants et adolescents sur dix n’apprennent pas les compétences de base en lecture ou en mathématiques, selon un nouveau document de l’ISU. Le total, 617 millions, comprend plus de 387 millions d’enfants en âge de fréquenter le cycle primaire et 230 millions adolescents en âge d’être scolarisés dans le premier cycle du secondaire.

Cela signifie que plus de la moitié, soit 56 %, de tous les enfants n’auront pas atteint le niveau de compétences minimums à la sortie du cycle primaire. La proportion est encore plus grande pour les adolescents, à 61 %.
Dans le monde, 617 millions d'enfants et d'adolescents n’apprennent pas les compétences de base en lecture ou en mathématiques. Crédit: ISU

Le plus grand nombre se situe en Afrique subsaharienne, avec 202 millions d’enfants et d’adolescents dont l'apprentissage est défaillant. Dans l’ensemble de la région, près de neuf enfants sur dix âgés de six à quatorze ans n'auront pas le niveau de compétences minimums en lecture et en mathématiques. L’Asie centrale et du Sud affiche le deuxième taux le plus élevé, avec 81 %, soit 241 millions d’enfants. Ces chiffres sont également élevés en Asie de l’Ouest et en Afrique du Nord (46 millions, soit 57 % des élèves) et en Asie de l’Est et du Sud-Est (78 millions, soit 31 %).

Ces données suggèrent que ces nouveaux chiffres résultent de trois problèmes courants. Premièrement, le manque d’accès, avec des enfants non scolarisés, qui ont peu de chance, voire aucune, d’atteindre un niveau de compétences minimums. Deuxièmement, l'incapacité à retenir chaque enfant à l'école et à le maintenir dans un parcours d'apprentissage adéquat. Et Troisièmement, le problème de la qualité de l’éducation et de ce qui se passe dans la classe.

La plupart des enfants qui n’apprennent pas sont scolarisés

Les nouvelles estimations de l’ISU sur l’apprentissage concernent aussi bien les enfants et les adolescents scolarisés que non scolarisés. Le plus surprenant, voire alarmant, est qu’en fait, les deux tiers des enfants qui n’apprennent pas sont scolarisés.

Sur les 387 millions d’enfants en âge de fréquenter le cycle primaire et incapables de maîtriser la lecture, 262 millions (soit 68 %) sont scolarisés. Il y'a environ 137 millions d’adolescents en âge de fréquenter le premier cycle du secondaire, qui sont incapables de maîtriser la lecture bien qu'ils soient scolarisés.

Ces chiffres, s’ils sont stupéfiants, nous indiquent le chemin à suivre. Nous savons que ces enfants existent et qu’ils vont à l’école. Ils ne sont ni cachés ni isolés des pouvoirs publics et de leur communauté : ils sont sur les bancs de l’école, munis de leurs propres aspirations et de leur potentiel. Nous pouvons atteindre ces enfants, mais pas dans l'unique espoir qu'ils poursuivent leurs études et acquièrent les bases. Nous devons comprendre leurs besoins et palier les manques constatés dans l'enseignement actuel.

Cela nécessite une volonté d’engagement et des ressources, mais également une nouvelle approche pour améliorer la qualité de l’éducation. Celle-ci ne peut se concevoir qu’avec les données, c’est pourquoi l'ISU collabore si étroitement avec les pays et partenaires tels que le Partenariat mondial pour l’éducation pour les aider à explorer différentes options et à progresser.

Les nouvelles données

Ces nouvelles données sont les toutes premières réunies portant sur les progrès dans la réalisation de la cible de l’ODD 4.1, qui exige de l’enseignement primaire et secondaire qu’il débouche sur « un apprentissage vraiment utile ».

Pour élaborer ces estimations, l’ISU a créé une nouvelle base de données sur les acquis scolaires, qui réunit les résultats d’évaluations dans plus de 160 pays / territoires entre 1995 et 2015. La base de données utilise deux bases de référence différentes pour refléter les contextes des pays dont les niveaux de revenu sont variables. Elle s’appuie sur la référence SACMEQ (niveau de compétence de base) pour la lecture et les mathématiques au niveau du cycle primaire.

Par ailleurs, elle intègre des résultats (présentés dans le document) qui s’appuient sur le niveau de compétences minimums défini par l’IEA pour les PIRLS et la TIMSS, évaluations internationales auxquelles participent les pays à revenu intermédiaire et élevé. Pour le cycle secondaire, c’est la référence utilisée par le PISA qui s’applique.

Un instantané de l’apprentissage dans le monde

Ces nouvelles estimations offrent un instantané de la situation mondiale en termes d’apprentissage et des crises qui s’annoncent dans différentes régions. Nous nous trouvons clairement au début d'un processus hautement technique et politique nécessaire pour définir des normes de référence et développer les outils requis pour le suivi et la réalisation de l'ODD 4. Ces questions sont abordées dans le document et seront plus largement étudiées dans de prochains blogs.

Toutefois, sans ces nouvelles estimations de l’ISU, nous ignorerions que tant de millions d’enfants n'apprennent pas les savoirs dont ils ont besoin, même ceux qui ont été scolarisés pendant des années. Il s’agit là, en essence, d’une prise de conscience pour un investissement bien plus conséquent – et urgent – dans la qualité de l’éducation.

Ce blog a été précédemment publié (en anglais uniquement) par l'ISU

Lire aussi

An excellent and sobering blog. I recall reading an article in the Comparative Education Review Vol. 59, No. 1 - February 2015 by Nicholas Spaull and Stephen Taylor in which they found similar findings. The title to their study report "Access to What? Creating a Composite Measure of Educational Quantity and Educational Quality for 11 African Countries" reveals similar findings. Not all those in school are learning and this gets worse as children become young people. We need such valid evidence to guide current practice. Access is essential but not enough to achieve the goals.

Am not shocked by the findings in this article. Recently in Kenya, the Minister of Education went round the country to check on public secondary and primary schools and students ahead of major exams. He was shocked to find in one school he visited, the teachers were not present in class. The students themselves did not have books they needed. With no teacher, no books and parents not demanding for better from the schools why would learning take place? Check it out here:

1. https://youtu.be/ojKzzukCnCw

2. https://youtu.be/qfPNpl1FhTM

The above are snippets from two locations.

Lecturers at public university in Kenya are currently on strike due to unpaid salaries. Some going up to 1 year working with salary not paid. Surely, how is it expected that a university lecturer will sustain himself and family without pay? Will this lecturer be motivated to impart knowledge to deserving students.

1. https://www.kahawatungu.com/2016/01/06/confessions-of-kenyan-part-time-…

2. https://youtu.be/sdn6vGjLRhw

En réponse à par Sharon Gatana

Thank you for sharing these videos, which communicate some of the real challenges for Kenya’s education system and raise important questions about service delivery, financing and accountability. GPE is working with the local education group and the government of Kenya to support the government in addressing some of these challenges in the basic education sector. For example, the GPE supported PRIEDE Project is helping 4000 primary schools in Kenya developing school improvement plans. One of the objectives of the plan is to help teachers teach better in classrooms. Along with new textbooks, teacher books and teacher training, the school improvement plans appear to be having a positive impact on teacher attendance and performance. GPE will continue to support Kenya in addressing key challenges through ongoing dialogue and support through the partnership.

These resources provide additional information about some GPE-financed activities in Kenya:

http://www.globalpartnership.org/blog/transforming-teaching-kenya
http://www.globalpartnership.org/multimedia/slideshow/transforming-educ…
http://www.globalpartnership.org/blog/new-web-based-tool-poised-transfo…
http://www.globalpartnership.org/multimedia/slideshow/bringing-mathemat…

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas divulguée. Tous les champs sont requis

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

Comments

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.