Les bailleurs de fonds doivent penser bien au-delà des approches programmatiques d’aujourd’hui s’ils souhaitent stimuler la collaboration, l’ambition politique et l’action collective à une échelle sans précédent.
Voici 3 stratégies que les organisations philanthropiques peuvent adopter pour transformer les systèmes éducatifs et d’apprentissage :
1. Faire de la coopération dans les situations de crise, la norme
Pendant la pandémie de COVID-19, le secteur de la philanthropie a très rapidement mobilisé des ressources d’une ampleur exceptionnelle en faveur de l’apprentissage des enfants. Portés par un même sentiment d’urgence, les bailleurs et les bénéficiaires de fonds ont uni leurs efforts pour rapidement déployer de l’aide et éliminer les obstacles inutiles pouvant entraver l’accès et l’impact de cette aide.
Grâce à cette coopération renforcée, les communautés ont pu réagir rapidement et de façon innovante aux fermetures d’école et aux conséquences de la situation sur le plan scolaire, émotionnel et social. Et si le type de coopération adopté dans les situations de crise, lequel constitue « l’exception », devenait la norme ?
Pour transformer l’apprentissage sur le long terme, ce type de coopération doit absolument se poursuivre. L’objectif est de gagner un appui généralisé en faveur de changements pouvant mener à des systèmes éducatifs plus résilients, adaptés aux besoins des enfants. Mais en plus de faire de la coopération une condition de leurs accords de financement, les bailleurs doivent également tenir compte de leur rôle dans la facilitation des partenariats.
Les bailleurs de fonds ont la capacité de fédérer des groupes qui travaillent sur une même problématique et de repérer les points de convergence. Mais pour donner corps à une telle coopération, il faut du temps et des financements.
Si les délais d’obtention des résultats ne tiennent pas toujours compte de la complexité que revêt la création de relations, les organisations se précipiteront sur les gains rapides plutôt que prendre le temps de développer leurs réseaux et favoriser l’impact de leur action à long terme dans la coopération. Comme l’affirme la militante et autrice Adrienne Maree Brown pour créer des partenariats durables, il faut « aller aussi loin que la confiance le permet »
2. Investir dans la communication stratégique
En matière d’apprentissage et de développement de l’enfant, la salle de classe n’est qu’une partie de l’équation. Les programmes de réforme de l’apprentissage sous-estiment souvent le rôle que jouent les familles - et les communautés au sens large - dans les résultats éducatifs des enfants.
Pour toucher ces publics cibles, les bailleurs de fonds du secteur de la philanthropie pourraient jouer un rôle en investissant de façon plus active dans des stratégies visant à :
- Comprendre leur mode de consommation de l’information (télévision, radio ou réseaux sociaux) ;
- Mobiliser les parents et les responsables d’enfants par le biais de ces canaux et de ces plateformes ; et
- Susciter un changement de culture au niveau communautaire en faveur de l’apprentissage des enfants.
En 2021, une nouvelle coalition a vu le jour au Rwanda entre des acteurs institutionnels (dont l’UNICEF, Right to Play et VVOB), des responsables communautaires (bibliothèques, musées, établissements d’enseignement et gouvernement local) et la Commission des médias du Rwanda. Sa mission : créer du contenu et des messages pertinents sur l’importance du développement holistique des compétences et de l’implication des parents.