Tadjikistan : une nouvelle école en passe de transformer l’apprentissage
Points clés
- L’École 30, construite par la communauté à Danghara, ne dispose pas des installations appropriées et, les salles de classes y sont trop petites pour accueillir convenablement les élèves.
- De nouvelles écoles équipées de sanitaires modernisés et la mise à disposition de certaines technologies sont en train de transformer l’expérience d’apprentissage des enfants vivant dans les régions reculées du Tadjikistan.
- Ces éléments de base permettent désormais aux enseignants et aux élèves de se concentrer sur l'apprentissage et d'en améliorer l'efficacité en accordant une attention particulière aux compétences – une des réformes prioritaires mises en place par le Tadjikistan.
L'École 30, située dans la ville de Danghara, a été construite en 2004 par les membres de la communauté. Elle accueille actuellement 301 élèves et a mis en place un système de scolarisation à mi-temps, avec environ 32 élèves par classe.
Par rapport à d’autres pays où il est courant de voir plus de 100 élèves par classe, 32 élèves par classe pourrait ne pas paraître problématique. Toutefois, ce nombre élevé d’enfants par classe pose un certain nombre de problèmes, pour les élèves comme pour les enseignants.
Les salles de classe manquant d'espace, trois et parfois quatre élèves doivent partager le même pupitre. Cela signifie que les élèves ne sont pas dans un environnement propice à l’apprentissage et qu’il est difficile pour les enseignants de se déplacer et d’aider les élèves assis au fond de la classe.
L'École 30 manque également de manuels scolaires et d’installations de base telles que les points d’eau et les sanitaires – il n’y a pas de toilettes, pas d’eau, pas de papier hygiénique ni de lavabos pour se laver les mains. Tous ces facteurs affectent l’hygiène des enfants et du personnel scolaire ; et font courir le risque aux filles d’abandonner l’école.
Une étude l'UNICEF (en anglais) a constaté que 18 % des filles qui ont abandonné leurs études ou risquaient de l’abandonner ont cité l’insuffisance de points d’approvisionnement en eau et d’installations sanitaires, comme l’une des raisons de leur absence à l’école. Cela prouve que si l’on veut que les filles restent scolarisées, nous devons pouvoir leur fournir des installations d’eau, d’assainissement et d’hygiène adéquates.
Tous ces obstacles entravent l’expérience d’apprentissage des élèves. Mais la situation va bientôt changer pour l’École 30. En 2023, elle sera dotée d'un nouveau bâtiment qui permettra de faire baisser le nombre d’enfants de 32 à 24 par classe.
L’importance d’un meilleur environnement d’apprentissage
En 1991, le Tadjikistan comptait 5 millions d’habitants. En 2022 ce chiffre avait doublé, atteignant près de 10 millions d’habitants. C’est cette croissance démographique élevée qui a contraint le gouvernement à augmenter le nombre d’effectifs par classe et à recourir aux classes à triple horaire.
Mais les classes à horaire multiple ont un coût : le temps d’apprentissage des enfants est réduit et il y a des problèmes d’accès et de sécurité du fait de l’heure tardive à laquelle se terminent les derniers cours, à la nuit tombée, notamment pendant les mois d’hiver.
Au Tadjikistan, la majorité des écoles ont été construites dans les années soixante, avec le soutien de la communauté, mais sans toujours respecter les règles de construction appropriées. De ce fait, 284 écoles sont aujourd’hui considérées comme étant dans un état de vétusté dangereux.
La plupart des écoles des régions reculées ont été construites en argile et en bois et sont menacées par les secousses sismiques, notamment les tremblements de terre ainsi que certaines conditions climatiques liées aux évènements météorologiques extrêmes.
À l'approche de l’été, les températures dans la région de Danghara, où se situe l’École 30, peuvent dépasser les 35 degrés, empêchant de plus en plus souvent les enseignants et les élèves de se concentrer.
Les classes sont étouffantes de chaleur, entraînant parfois des étourdissements chez les enfants qui doivent alors sortir pour prendre l’air. En cas de chaleur extrême, les élèves sont renvoyés chez eux car, de toute évidence, l’enseignement et donc l’apprentissage sont impossibles dans ces conditions.
« Avoir autant d’enfants par classe est d'autant plus étouffant et c’est très pénible pour les enfants. Lorsqu’il fait trop chaud, les élèves ont du mal à respirer et ont des vertiges. »
Bâtir des écoles sûres, accueillantes pour les élèves et résistantes aux changements climatiques
Grâce à un financement du fonds à effet multiplicateur, en plus d’un co-financement de la Banque islamique de développement et d’une contribution du gouvernement, 68 nouvelles écoles sont en train d’être construites ou réhabilitées dans la province de Khatlon et à Douchanbé, la capitale. Cinq de ces nouvelles écoles prévoient d’éliminer les classes à horaire multiple.
En tant que bénéficiaire de ce programme, l’École 30 entend améliorer l’expérience d’apprentissage des élèves, ainsi que le travail des enseignants et des administrateurs scolaires.
Les classes les plus grandes sont conçues pour permettre une meilleure ventilation, ce qui en plus d’une isolation appropriée, permettra d’éviter qu’il ne fasse trop chaud pendant les mois d’été. Par ailleurs, il n’y aura plus que deux élèves par pupitre, et non trois ou quatre.
En plus de salles de classe plus spacieuses, la nouvelle école aura un bureau pour les enseignants, une bibliothèque et une salle informatique. L’école sera également meublée et recevra des fournitures scolaires. De nouvelles toilettes approvisionnées en eau courante seront installées pour améliorer les conditions sanitaires des élèves - les filles en particulier.
« Les nouvelles salles de classe feront une grande différence. Ce sera le jour et la nuit. »
18 000 élèves de la première année à la onzième année devraient bénéficier de bâtiments pourvus en eau courante et nouvellement équipés de laboratoires de physique, de biologie et de chimie, ainsi que de locaux spécialement adaptés aux enfants en situation de handicap.
Toutes ces améliorations vont permettre au Tadjikistan de développer des écoles qui serviront de modèles pour une nouvelle génération d’installations scolaires, notamment des cadres accueillants pour les élèves et des locaux plus à même de résister aux catastrophes naturelles et aux aléas climatiques.
« L’éducation est la principale priorité du gouvernement du Tadjikistan et son objectif premier est d'améliorer les conditions de travail des enseignants et d’apprentissage des élèves. »
De meilleurs systèmes éducatifs pour un meilleur apprentissage
Le Tadjikistan a choisi l'approche par les compétences comme domaine d’intervention prioritaire pour transformer son système éducatif.
En concentrant ses efforts sur des installations scolaires adéquates, l’accès aux technologies et aux installations d’eau, d’assainissement et d’hygiène, le programme du GPE en cours est en train de créer des conditions d’apprentissage propices à la mise en œuvre réussie de l’enseignement axé sur les compétences.
Les évaluations des acquis scolaires, un système d’information pour la gestion de l’éducation modernisé, des matériels pédagogiques et d’apprentissage actualisés viennent compléter ces efforts.
Toutes ces réformes visent à moderniser le système éducatif du Tadjikistan pour permettre aux élèves d’acquérir les compétences dont ils ont besoin pour être compétitifs et évoluer dans le milieu du travail au 21è siècle.
Les élèves, les enseignants et la communauté sont optimistes quant à une meilleure expérience d’apprentissage une fois que leur nouvelle école sera prête. Les réactions ont été extrêmement positives – les élèves, les enseignants et la communauté dans son ensemble se réjouissent de cette nouvelle école. Certains élèves ont parlé de leurs attentes vis-à-vis de la nouvelle école :
« Nous espérons avoir accès à de nouveaux équipements dans les nouveaux locaux, ainsi qu’un enseignant ou une enseignante hautement qualifié(e) qui enseignera bien et nous permettra d’améliorer nos connaissances pour l’avenir. »