Ukraine : assurer l'accès à l'éducation lorsque les écoles sont fermées

Points clés
- Plus de 1 880 écoles primaires et secondaires ont été endommagées ou détruites et 1,2 million d'élèves ukrainiens n'ont pas accès à l'enseignement en présentiel.
- Là où les enfants ne peuvent pas aller à l'école, l'Ukraine et ses partenaires veillent à assurer des possibilités d'apprentissage en présentiel et de socialisation entre pairs.
- Grâce aux fonds du GPE, l'UNICEF a ouvert 39 centres d'apprentissage numérique, offrant aux élèves un endroit où ils peuvent suivre des cours en ligne et rattraper leur retard avec des enseignants.

« Il est important pour moi de venir au centre d'apprentissage numérique afin d'acquérir les connaissances nécessaires pour réussir l'examen national. Ensuite, je pourrai aller à l'université, contribuer à la reconstruction de l'Ukraine et vivre bien. »
Ivan vit dans la région de Mykolaïv, touchée par la guerre. Sa ville natale, Snihurivka, a connu des combats actifs de mars à novembre 2022. Pendant cette période, trois des quatre écoles locales, dont celle d'Ivan, le lycée de Snihurivka, ont été endommagées par des frappes de missiles.
Depuis 2022, des milliers d'établissements scolaires ont subi des attaques. Certains ont pu rouvrir et accueillir à nouveau les élèves en toute sécurité, mais en janvier 2025, 1 882 écoles (soit 15 % de toutes les écoles primaires et secondaires d'Ukraine) étaient toujours endommagées ou détruites.
Environ 1,2 million d'élèves continuent de suivre des cours en ligne ou dans le cadre d'un apprentissage mixte en ligne et présentiel.
Les fermetures d'écoles, les attaques contre les écoles, le manque d’équipements et de connectivité, les déplacements et le stress constant ont entraîné des pertes d’apprentissage profondes pour les enfants ukrainiens, les privant également d’occasions de socialiser avec leurs pairs.
Le GPE et ses partenaires travaillent avec le ministère ukrainien de l'Éducation et des Sciences pour permettre à davantage d'élèves d'apprendre en présentiel et de tisser des liens avec leurs camarades.

« Pour moi, l'enseignement à distance, c'est étudier tout seul. Quand vous allez à l'école, le professeur vous explique quelque chose et il peut voir si vous ne comprenez pas. Ensuite, il peut vous l'expliquer encore plus. »
Rétablir l'accès à l'éducation
Grâce à la combinaison du soutien financier du GPE, de l'aide à la mise en œuvre de l'UNICEF et du soutien financier et en nature de Microsoft et Google, l'Ukraine ouvre des centres d'apprentissage numérique équipés d'ordinateurs et d'une connexion Internet dans les endroits où les écoles ne peuvent pas rouvrir.
Les élèves se rendent dans les centres d'apprentissage numérique où ils peuvent accéder à des cours en ligne, étudier dans un espace calme ou avec des camarades et participer à des cours de rattrapage avec des enseignants.
Les élèves qui n'ont pas accès à des ordinateurs, des tablettes ou des smartphones peuvent utiliser le matériel d'un centre afin de poursuivre leur apprentissage en ligne, et tous les enfants peuvent recharger leurs appareils, télécharger du matériel d'apprentissage et bénéficier de tutoriels.
Les centres disposent de leur propre alimentation électrique, de sorte qu'ils ne sont pas affectés par les coupures de courant des zones environnantes.

« Nous aidons à la création de centres d'apprentissage numérique, soutenus par le GPE et d'autres parties prenantes, y compris le secteur privé comme Microsoft et Google. Nous organisons des cours de rattrapage et apportons un soutien en matière d’équipements numériques et de connectivité. L’éducation ne se limite pas aux performances scolaires ; elle permet aussi aux enfants d’interagir avec leurs pairs. Nous sommes convaincus que, grâce à l’éducation, nous pouvons contribuer de manière significative à la reconstruction de l’Ukraine. »
Répondre aux besoins des élèves
Dans ces centres, les élèves peuvent suivre des cours de rattrapage pour combler les lacunes dues aux interruptions de leur scolarité.
Le ministère de l'Éducation, en collaboration avec l'UNICEF à élaborer des lignes directrices pour les interventions de remise à niveau, assurant ainsi une reprise coordonnée de l'apprentissage à l’échelle nationale.
Les enseignants ont été formés pour évaluer les connaissances, identifier et combler les pertes d'apprentissage. En outre, des tutoriels de remise à niveau sont mis à disposition des élèves, tant en ligne et que hors ligne.

« Nous avons environ 500 enfants qui suivent des cours de rattrapage en mathématiques, en histoire de l'Ukraine, en physique, en chimie, en biologie, en mathématiques et en anglais. Nos cours utilisent des technologies interactives : les enfants peuvent passer des tests sur ordinateur, et s'ils rencontrent des difficultés ou ont des questions, ils se tournent vers l'enseignant, qui leur explique. »
Si les centres aident les élèves dans leurs études, ils constituent également un lieu où ces enfants peuvent se retrouver, jouer à des jeux et discuter entre eux, ce qui leur permet de nouer des liens sociaux.

« Nos élèves ont commencé à se voir après deux ans et demi de communication exclusivement en ligne. Lors des activités extrascolaires, il n'y a plus de distinction d'âge ou de niveau. Avant, ils avaient tendance à se séparer, mais maintenant, ils cherchent simplement à interagir. Lorsque nous nous sommes réunis pour la première fois en classe, les enfants étaient absorbés par leur smartphone. Désormais, ils communiquent entre eux par le jeu. »
Pour éviter des pertes d'apprentissage supplémentaires, les centres d'apprentissage numérique resteront ouverts jusqu'à ce que les enfants puissent retourner en toute sécurité à l'école pour y suivre des cours en présentiel.
La sécurité et le bien-être avant tout
Tout comme à l'école, le personnel et les élèves des centres d'apprentissage numériques doivent être préparés aux situations d'urgence. Par exemple, au centre du lycée de Snihurivka, tout le monde s'entraîne à évacuer les salles de classe pour se rendre dans un abri souterrain.
Les enseignants et les administrateurs scolaires doivent également être formés pour répondre aux besoins émotionnels des élèves.
Les exercices d'évacuation peuvent déclencher de l'anxiété, ou certains élève peuvent se replier sur eux-mêmes les empêchant de participer en classe ou d’interagir avec leurs pairs.
Pour de nombreux enfants, la guerre a créé un stress aigu et chronique, de l'anxiété, de la tristesse, du désespoir, des troubles du sommeil, de la fatigue, de l'irritabilité ou de la colère.
Pour protéger la communauté éducative, le gouvernement a mis en place le Safe Educational Environment System (Système pour un environnement éducatif sûr), qui traite à la fois de la sécurité physique et psychologique.
Le ministère de l'Éducation, en collaboration avec des partenaires, a élaboré des politiques, des protocoles et des outils afin de fournir aux élèves le soutien dont ils ont besoin.
Les professionnels de l'éducation dans les régions touchées par la guerre ont été formés à la sécurité dans les écoles, à la santé mentale, au soutien psychosocial et à l'apprentissage socio-émotionnel. La formation a été étendue à toutes les écoles d'Ukraine.
Les centres d'apprentissage numériques veillent à ce que leurs élèves bénéficient des mêmes interventions en matière de sécurité et de bien-être que les enfants qui fréquentent des écoles ordinaires.

« Grâce aux dons considérables de Google et de Microsoft en 2022, nous avons pu débloquer un fonds important, le Fonds à effet multiplicateur du GPE, qui nous a permis de disposer de plusieurs composantes de soutien à la transformation numérique, mais aussi de soutien à la santé mentale, de rattrapage scolaire et d'autres activités mises en œuvre par l'UNESCO et l'UNICEF. »
L'approche de partenariat du GPE a permis de mobiliser des ressources supplémentaires pour l'Ukraine, indispensables pour relever un ensemble complexe de défis éducatifs.
Les acteurs de l'éducation s'efforcent, malgré les obstacles, de garantir aux enfants touchés par les conflits l’accès à des environnements d'apprentissage sûrs, à des possibilités d'interactions sociales, à un soutien en matière de santé mentale et à un sentiment de normalité.

« Je m'amuse beaucoup ici, j'ai des amis. J'ai réussi à améliorer mon niveau dans certaines matières et, en général, j'aime bien ce centre. Aujourd'hui, j'ai joué au badminton et j'ai appris des choses sur les cosaques en cours d'histoire. J'apprends tellement de choses ici ! »