Kenya : comment le secteur privé soutient l’éducation des filles
Points clés
- Les filles font face à de nombreux défis pour accéder à l’éducation, dont les mariages précoces. Au Kenya, 23 % des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans et 4 % avant l'âge de 15 ans.
- Le GPE a réuni des partenaires du secteur privé - dont la Fondation Ecobank, Avanti Communications et les clubs Rotary du Kenya - et le gouvernement, pour initier ensemble des stratégies en vue de relever certains des défis qui entravent l'accès des filles à l'éducation.
- Le résultat est un partenariat dynamique qui donne aux filles la chance d'un avenir meilleur.
Ce récit a été rédigé en collaboration avec Avanti Communications, la Fondation Ecobank, les clubs Rotary et le ministère de l'Éducation du Kenya.
Surmonter les principaux obstacles à l'égalité des genres
En dépit des progrès enregistrés ces dernières années, 129 millions de filles dans le monde sont toujours privées d'éducation. Cela est dû en grande partie aux nombreux obstacles auxquels elles sont confrontées pour accéder à l'éducation tels que la distance de leur domicile jusqu'à l'école, certaines normes et pratiques culturelles, les violences sexistes en milieu scolaire et les mariages précoces ou forcés.
Au cours de la dernière décennie, le Kenya a fait d’énormes progrès pour élargir l'accès des filles à l'enseignement primaire, secondaire et supérieur, mais les taux d'abandon restent élevés dans les zones rurales, surtout depuis les fermetures d'écoles dues à la pandémie de COVID-19.
Selon l'UNICEF, plus de 17 millions d'enfants au Kenya ont perdu jusqu'à 9 mois d'apprentissage à cause de la COVID-19. De plus, les dernières recherches de l'organisation Girls Not Brides montrent que 23 % des filles y sont mariées avant leur 18e anniversaire et 4 % avant l'âge de 15 ans.
Pour avancer sur ces questions importantes, le GPE s'est associé à des partenaires du secteur privé, dont la Fondation Ecobank, Avanti Communications et des clubs Rotary au Kenya pour trouver des solutions nouvelles et innovantes à ce défi.
Ensemble, ils aident le gouvernement du Kenya à surmonter les principaux obstacles à l'égalité des genres dans l'éducation, afin que davantage de filles aient une chance d'avoir un avenir meilleur et puissent avoir un impact sur la vie de leurs familles et de leurs communautés.
« Le secteur privé dispose d'une grande expertise, de ressources et de réseaux qui peuvent être exploités pour résoudre certains des problèmes les plus urgents auxquels sont confrontés les systèmes éducatifs des pays à faible revenu. Il est donc important de travailler avec eux en tant que partenaires. »
Pourquoi l'éducation des filles est importante
L'éducation des filles contribue énormément à la prospérité économique, l'égalité des genres, la résilience climatique, l’amélioration de la santé publique. Elle est aussi le gage d’une paix et d’une stabilité durables.
Imaginez un instant que chaque fille bénéficie de 12 années de scolarité : les mariages précoces chuteraient de deux tiers et l'augmentation de leurs revenus ferait croître les économies de jusqu'à 30 000 milliards de dollars !
« Il est important qu'une fille reçoive une éducation. Certaines personnes créent des limites pour les filles et disent qu’elles n'ont pas besoin d'aller à l'école parce qu'elles pensent qu'elles vont juste se marier. Mais, ces personnes oublient que des filles éduquées peuvent devenir des personnes importantes dans la société. »
Investir dans l'éducation des filles peut aider à briser le cycle de la pauvreté, à reconstruire les communautés et à apporter des changements durables. C'était le cas pour Selina Nkoile, jeune leader du GPE originaire du Kenya, qui estime que l'éducation a été la clé pour libérer son potentiel.
« Enfant, j'ai échappé au mariage à plusieurs reprises. J'ai vraiment travaillé dur à l'école et à la fin je suis devenue une femme autonome. »
Le programme de sensibilisation à l'éducation des filles
« Des filles éduquées deviennent des femmes autonomes. Des femmes autonomes sont la clé de sociétés plus inclusives, pacifiques et saines. Le Rotary s'engage à transmettre ce message aux communautés et aux familles et à prendre des mesures pour renforcer leurs capacités à soutenir une éducation de qualité pour toutes les filles. »
Pour assurer à davantage de filles une chance d'accéder à l'éducation et à une vie meilleure, le GPE a créé le Programme de sensibilisation à l'éducation des filles.
Le programme s'appuie sur des études qui montrent que le partage d'informations et la diffusion de messages adaptés au contexte peuvent être efficaces pour améliorer les résultats d'apprentissage. Il se base également sur l'expertise des entreprises et des fondations spécialisées en marketing, communication, plaidoyer et dans des domaines connexes pour transmettre des messages contextuels aux leaders communautaires, aux filles et à leurs familles.
Pour relever certains des défis qui affectent l'accès des filles à l'éducation et forger de nouveaux domaines de collaboration, le GPE a réuni des partenaires des secteurs public et privé - la Fondation Ecobank, Avanti Communications, les clubs Rotary du Kenya et le gouvernement - ce qui s'est avéré être un partenariat efficace.
« Le GPE a réuni les partenaires et le gouvernement du Kenya afin qu’ensemble nous puissions relever certains des défis qui limitent l'accès des filles à l'éducation. Notre engagement avec le secteur privé a été très fructueux. »
Cette initiative innovante inclut une série d'événements, des campagnes ciblées et des campagnes de marketing social qui visent à accroître la sensibilisation et à contribuer au changement des normes et des comportements qui empêchent les filles d'aller à l'école.
Briser les barrières à l’accès des filles à l’éducation
« Il y a un avenir dans la technologie et je crois que les filles peuvent en tirer parti. »
Dans le cadre de ce programme, la Fondation Ecobank a organisé un webinaire à l'occasion de la Journée internationale des jeunes filles dans le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC).
Le webinaire s’inscrivait dans le cadre de sa série « Break the Bias », visant à autonomiser les jeunes femmes et les filles et à les encourager à suivre leur éducation et des carrières dans les domaines des TIC, des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques (STEM).
Les participants qui ont assisté à la projection en direct, à l’instar du développeur de logiciels Bratipah Kioko, ont été inspirés et encouragés à faire plus pour leur communauté.
« Grâce à des initiatives comme celle-ci, nous verrons certainement que le problème de la sous-représentation des femmes dans les TIC et les STEM sera résolu. »
L'objectif était d'aider à sensibiliser à l'incroyable potentiel des filles à mener le changement et à briser les stéréotypes.
« Je peux être un agent de changement », a déclaré Sharon Wawira, qui s'est portée volontaire pour participer au programme. « Je peux encourager d'autres filles à suivre ces cours, à acquérir des compétences en technologie sans se décourager. »
L'événement s'inscrivait dans la volonté d'Ecobank de jouer un rôle actif dans l'autonomisation des filles et des jeunes femmes. En plus des plus de 100 participants via Zoom, un groupe de jeunes filles leaders et de membres de la communauté ont suivi la diffusion en direct depuis les bureaux d'Ecobank au Kenya.
« Nous voulons sensibiliser la société dans son ensemble et augmenter le nombre de défenseurs de la cause vitale de l'éducation des filles. Ecobank est fière de s'être associée au GPE dans le cadre du programme de sensibilisation à l'éducation des filles et nous voulons continuer à utiliser leur plateforme pour plaider en faveur de l'éducation des filles. »
Communiquer pour encourager le changement
Avanti Communications, partenaire du GPE, défend aussi l'éducation des filles en soutenant des écoles primaires et secondaires au Kenya.
Dans le cadre de ce programme, Avanti publie une série de vidéos et d'articles (en anglais) sur l'éducation mettant en valeur le personnel d'Avanti, les jeunes leaders du GPE et diverses organisations partenaires.
La vidéo a été partagée sur les médias sociaux et les comptes de l'entreprise ; et a été diffusée dans les écoles soutenues par Avanti via des tablettes et des groupes WhatsApp. Plus de 125 000 utilisateurs sur plusieurs plateformes ont été touchés.
Les résultats des recherches d'Avanti (en anglais) montrent que la plupart des filles souhaitent poursuivre leurs études dans le secondaire, en particulier lorsqu'elles bénéficient du soutien de leurs parents.
La campagne les encouragera à trouver du soutien, à continuer à étudier et à savoir qu'elles ne sont pas seules.
« L'éducation peut avoir un impact transformateur sur les individus et les communautés, c'est pourquoi Avanti s'engage à fournir une connexion qui améliorera l'accès à une éducation de qualité à travers l'Afrique. »
La phase initiale du programme se concentre sur le Kenya et s'étendra ensuite à d'autres pays africains tels que le Ghana et le Zimbabwe.
De l’importance des modèles pour les enfants
Le programme de sensibilisation à l'éducation des filles rassemble également des leaders et des acteurs du changement pour encourager davantage de filles au Kenya à rester à l'école. Dans le cadre du programme, Collins Injera, légende du rugby kenyan, est allé visiter l'école primaire de Marble Quarry avec un message clair en faveur de l'éducation des filles.
La superstar est catégorique sur l'importance de l'éducation des filles pour la société.
« Lorsque vous éduquez une fille, vous lui donnez les mêmes chances et l’aidez à faire des choix plus judicieux pour son avenir. La société devient plus saine. Cela aide à réduire les mariages précoces et à éradiquer les pratiques culturelles néfastes telles que les mutilations génitales féminines. »
Le partenariat avec Injera est un autre exemple de l'impact impressionnant que le secteur privé peut avoir sur l'éducation des filles.
« Le secteur privé peut jouer un rôle important pour relever les défis de l'éducation. Il soutient vraiment le gouvernement, comble un vide et aide à communiquer avec les personnes difficiles à atteindre. »
Le pouvoir des communautés
L'action communautaire est essentielle pour créer un mouvement concret contre les normes sociales et culturelles néfastes. C'est là qu'un partenaire comme le Rotary joue un rôle important. Les membres du Rotary sont des leaders communautaires, qui ont su instaurer la confiance, la compréhension et la crédibilité auprès des membres de leurs communautés.
Grâce à leur vaste réseau de bénévoles, les membres du Rotary mènent des campagnes de sensibilisation, parlent aux filles et à leurs parents de la valeur de l'éducation dans leur vie et sensibilisent les jeunes filles à l'hygiène menstruelle et à l'assainissement pour assurer leur participation sûre et saine à l'école.
La sécurité est une responsabilité commune. C'est pourquoi les campagnes de sensibilisation incluent également des éléments de communications sur ces sujets avec les garçons et leurs communautés.
Rapprocher les partenaires
Le programme est une démonstration claire de ce qui est possible lorsque les parties prenantes du secteur public, du privé, de la société civile et de la jeunesse travaillent ensemble, a déclaré le Dr Julius Jwan, Secrétaire principal du ministère de l'Éducation du Kenya.
« Nous nous engageons à travailler activement avec nos partenaires du monde des affaires et d'autres parties prenantes pour sensibiliser et changer les perceptions [sociales], afin que les filles puissent avoir des chances égales d’accès à l'éducation. »
Grâce à la Fondation Ecobank, à Avanti et aux clubs Rotary du Kenya, le programme joue un rôle actif dans la volonté du ministère de l'Éducation d'aider davantage de filles à accéder à l'éducation.
C'est une approche gagnante pour toutes les parties prenantes. En donnant aux filles les moyens de prendre des décisions éclairées en matière d'éducation, le secteur privé les prépare à avoir un impact économique dans leurs communautés à l'avenir et promeut ainsi une société plus juste.
« Ma vie aurait été différente si je n'avais pas été éduquée. Je me prends en charge et suis capable de prendre des décisions pour moi-même et par extension, je suis capable d'inspirer d'autres jeunes filles… À toute jeune fille qui pense à abandonner et qui doute des fruits de ses efforts à s’éduquer, je voudrais lui dire que l’éducation lui assurera un avenir meilleur. »