Améliorer l’enseignement et l’apprentissage en Guinée-Bissau

Teacher Maria Isabel Nhoque and grade 4 students at 1º de Maio Primary School in Bissau use new textbooks, Guinea-Bissau.  Credit: Joana Rodrigues/World Bank
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POINTS CLÉS

  • Le développement durable en Guinée-Bissau repose sur la qualité de l’éducation mais les défis à relever sont nombreux.
  • Avec le soutien du GPE et de la Banque mondiale, le projet « Une éducation de qualité pour tous » vise à répondre aux défis critiques qui touchent l’enseignement primaire et la gestion des enseignants.
  • Dans le cadre de ce projet, un nouveau programme et de nouveaux manuels scolaires ont été testés avant d'être déployés dans 560 écoles à travers cinq régions de Guinée-Bissau.
Carte de la Guinée-Bissau

Une version de cet article a été publiée par la Banque mondiale (en anglais et portugais).

Après plusieurs décennies d’instabilité politique, la Guinée-Bissau demeure un pays fragile et l’un des plus pauvres.

Ce contexte a des répercussions sur le secteur de l’éducation à plusieurs niveaux : faible financement, instabilité institutionnelle, scolarisation tardive ayant une incidence sur la rétention scolaire, manque de ressources dans les écoles, taux élevé de rotation des responsables d’établissements scolaires et qualité médiocre de la formation des enseignants. Jusqu'à récemment, le système éducatif était paralysé par des grèves d’enseignants fréquentes et généralisées.

La Guinée-Bissau enregistre l’un des taux d'achèvement du primaire les plus faibles au monde : seuls 27 % des enfants terminent l’école primaire. Le plan sectoriel de l’éducation du ministère de l’Éducation nationale pour la période 2017-2025 vise donc à améliorer la qualité et la pertinence de l’enseignement et de l’apprentissage.

Plus de 90 % des ressources du ministère de l’Éducation sont allouées aux salaires des enseignants, laissant les écoles avec des ressources de base insuffisantes. Les contributions des partenaires, dont le GPE et la Banque mondiale, fournissent un soutien financier et un appui technique essentiels alignés sur les priorités du secteur.

Un financement de 4,7 millions de dollars américains du GPE, et un autre de 10,7 millions de dollars de l’Association internationale de développement, gérés par la Banque mondiale dans les deux cas pour la période 2018-2024, soutiennent le projet « Une éducation de qualité pour tous » qui permet au gouvernement d’assurer des services d’éducation de base de manière fiable et efficace.

  • Des élèves entrent dans leur salle de classe à l’école primaire Seco Wally, à Bula en Guinée-Bissau, l’une des 10 écoles à avoir testé les nouveaux manuels scolaires.
    Crédit : Joana Rodrigues/Banque mondiale

  • Elisabete Alves, enseignante à l’école primaire Seco Wally, observe ses élèves en train de se servir des nouveaux manuels scolaires, à Bula, Guinée-Bissau.
    Crédit : Joana Rodrigues/Banque mondiale

De nouveaux manuels pédagogiques et d’apprentissage

Grâce au projet « Une éducation de qualité pour tous », la Guinée-Bissau et ses partenaires sont en train d’améliorer l'environnement d’enseignement et d’apprentissage dans 560 écoles primaires publiques, à travers cinq régions ciblées. En s’appuyant sur les résultats de ces écoles, le ministère de l’Éducation vise à étendre ces améliorations à toutes les autres écoles et régions.

Le projet soutient le déploiement de la récente réforme du programme scolaire de Guinée-Bissau en développant de nouveaux guides pédagogiques et manuels scolaires pour les classes allant de la 1ère à la 4e année du primaire. Ces guides et manuels ont été testés dans 10 écoles pilotes en vue de les finaliser, d’en assurer la distribution et leur mise en œuvre réussie dans toutes les écoles primaires publiques ciblées par le projet.

  • Un nouveau manuel scolaire de 1ère année, Guinée-Bissau.
    Crédit : Joana Rodrigues/Banque mondiale

  • De nouveaux manuels scolaires ont été testés dans 10 écoles-pilotes en Guinée-Bissau.
    Crédit : Joana Rodrigues/Banque mondiale

  • Rabiato Djaló, enseignante à l’école primaire Seco Wally à Bula, Guinée-Bissau.
    Crédit : Joana Rodrigues/Banque mondiale

Rabiato Djaló, multi-grade primary school teacher, Seco Wally Primary School, Bula, Guinea-Bissau
« Avant, on se servait de manuels obsolètes et les élèves n’avaient aucun matériel scolaire. Grâce à ces nouveaux manuels, c’est beaucoup plus facile pour nous, enseignants, de préparer nos leçons, et c’est aussi beaucoup plus facile pour les élèves d’apprendre. »
Rabiato Djaló
enseignante à plusieurs niveaux de primaire, école primaire Seco Wally, Bula, Guinée-Bissau

L’école primaire Seco Wally à Bula, un village situé au centre de la Guinée-Bissau, est l’une des 10 écoles à avoir testé les nouveaux manuels scolaires. Rabiato Djaló, enseignante à l’école primaire Seco Wally, souligne que les manuels sont particulièrement efficaces pour l’enseignement du portugais, langue officielle du pays.

En Guinée-Bissau, la langue d’enseignement dès le primaire est le portugais, une langue que les enfants ne parlent pas à la maison, le créole de Guinée-Bissau et d’autres dialectes locaux étant plus largement parlés, ce qui compromet inévitablement leur apprentissage.

« Auparavant, nous n’avions aucun manuel didactique. Lorsqu’un enseignant n’a pas de matériel pédagogique à sa disposition, cela devient très difficile d’enseigner. Nous constatons déjà une amélioration des notes des élèves et de leur participation en classe. »
Aladje Fati
directeur adjoint de l’école primaire 1º de Maio à Bissau, Guinée-Bissau
  • Un élève se sert d’un nouveau manuel scolaire à l’école primaire 1º de Maio à Bissau, Guinée-Bissau.
    Crédit : Joana Rodrigues/Banque mondiale

  • Une élève de l’école primaire 1º de Maio lit un passage du manuel de 4e année à Bissau, Guinée-Bissau.
    Crédit : Joana Rodrigues/Banque mondiale

  • Maria Isabel Nhoque, une enseignante de l’école primaire 1º de Maio, se réfère au nouveau manuel lors d’une leçon à Bissau, Guinée-Bissau.
    Crédit : Joana Rodrigues/Banque mondiale

La dernière fois qu’un nouveau programme scolaire a été déployé en Guinée-Bissau était dans les années 1980. La récente réforme, lancée en 2015, va au-delà d’un nouveau programme et de nouveaux manuels scolaires et vise à renforcer la gestion des écoles et à soutenir les ressources humaines dans les écoles et au niveau central.

Moins de grèves des enseignants

Les grèves paralysaient le secteur de l’éducation de Guinée-Bissau, alors que les enseignants protestaient contre les retards dans les paiements de salaires et l’échec de la mise en œuvre de la loi intitulée Teacher Career Law (loi sur la carrière des enseignants) qui comprend une série de mesures en faveur des enseignants.

Ces grèves fréquentes ont entraîné des conséquences néfastes sur l’apprentissage et les taux d'achèvement des élèves, puisque des années scolaires presque entières ont été perdues en raison de la fermeture des écoles.

Conscients de ces défis, le GPE et la Banque mondiale soutiennent la mise en œuvre des réformes du gouvernement et veillent à ce qu’il y ait une communication adéquate entre ministères pour garantir que les enseignants sont payés à temps.

Pour accompagner la mise en œuvre de la Teacher Career Law, le projet a facilité la création d’une Direction des ressources humaines et la nomination de 48 responsables des ressources humaines. L’instauration d’un tel service pour mener les efforts d’amélioration de la gestion des enseignants et gérer une base de données solide sur tout le personnel du ministère de l’Éducation ainsi qu’au niveau local dans chaque région, a permis de renforcer la communication entre les ministères et au sein même du ministère de l’Éducation.

Ce contrôle renforcé ainsi qu’une gestion plus efficace ont conduit à des améliorations majeures, notamment le paiement ponctuel des salaires et la garantie que les enseignants ne sont pas rémunérés pour des absences non-justifiées.

Grâce aux technologies fournies aux écoles et à un sondage auprès du personnel, les services des ressources humaines des établissements scolaires peuvent mieux gérer le corps enseignant, ce qui a renforcé la responsabilité et considérablement réduit le taux d’absentéisme.

En outre, les inspecteurs des écoles ont eux aussi été soutenus, par le biais de formations, de motos fournies pour faciliter les déplacements entre les écoles, et de tablettes avec questionnaires électroniques intégrés pour améliorer les rapports d’inspection et mieux évaluer la performance des établissements scolaires.

Plus de 77 000 élèves d’écoles primaires ont bénéficié de ces interventions et 3 015 enseignants d’écoles primaires ont pu être formés.
Le projet « Une éducation de qualité pour tous » répond à des défis cruciaux auxquels fait face l’enseignement primaire et renforce l’ensemble du secteur de l’éducation, mettant ainsi la Guinée-Bissau sur la voie d’un développement durable et inclusif.

Juin 2024