Ouganda : mieux former les enseignants pour améliorer la qualité de l’éducation
Points clés
- En Ouganda, de nombreux enseignants, notamment ceux intervenant dans l’éducation de base, ne maitrisaient pas toujours les contenus éducatifs.
- Le programme soutenu par le GPE visait à améliorer l'efficacité des enseignants des écoles primaires publiques.
- Désormais, des enseignants mieux formés et un meilleur leadership scolaire ouvrent la voie à un meilleur apprentissage.
Les enseignants constituent l'épine dorsale d'un système éducatif. Ce n’est un secret pour personne que des enseignants qualifiés sont capables de libérer le potentiel de leurs élèves, leur garantissant ainsi un meilleur apprentissage et de meilleures opportunités dans l’avenir.
En Ouganda, de nombreux enseignants ne maitrisaient pas les contenus éducatifs ou ne disposaient pas des compétences pédagogiques adaptées, notamment les enseignants de l’éducation de base. En 2013, une enquête menée par la Banque mondiale a révélé que 4 enseignants du primaire sur 5 ne disposaient pas des connaissances de base en anglais, en mathématiques et en pédagogie dans le pays.
De plus, le taux d'absentéisme des enseignants était élevé, la perte du temps d'enseignement étant estimée entre 30 % et 40 %. Sans enseignants qualifiés et motivés, les enfants risquaient d'être privés d'une éducation de qualité.
Le soutien du GPE à la qualification des enseignants
Pour surmonter ces défis, le GPE a alloué un financement de 100 millions de dollars au gouvernement ougandais pour l’aider à renforcer les compétences du personnel enseignant et, par ricochet, améliorer les résultats d'apprentissage.
Le programme soutenu par le GPE, qui s'est déroulé entre 2014 et 2020, visait à améliorer l'efficacité des enseignants du primaire dans les établissements d’enseignement public. Le programme comportait trois volets, à savoir :
- la formation des enseignants aux approches pédagogiques efficaces
- la mise à disposition de matériel d'enseignement et d'apprentissage
- le développement d’un système d'inspection scolaire pour mieux encadrer les enseignants.
Le programme visait également à améliorer l'efficacité des écoles en formant les chefs d'établissements et les membres des comités de gestion dans les districts cibles à la supervision efficace de leurs écoles, tout en améliorant le fonctionnement des infrastructures scolaires, en vue de transformer l'environnement d'apprentissage.
Améliorer les compétences en lecture grâce à de meilleures méthodes d'enseignement
À la fin du programme, 14 500 enseignants et 2 500 directeurs d'école dans 29 des districts enregistrant de faibles taux de réussite aux évaluations des compétences en lecture avaient été formés aux méthodes d’enseignement de la lecture pour la maternelle. Le but ici était de leur apprendre à enseigner des compétences fondamentales en lecture dans les langues locales à partir de méthodes pédagogiques simplifiées.
Plus de 1 500 tuteurs de 46 écoles normales d’instituteurs, qui forment les futurs enseignants, ont également été formés à cette méthodologie pour s'assurer qu'ils peuvent appliquer de bonnes méthodes pédagogiques dès leur entrée dans la profession.
Des enseignants mieux qualifiés ont eu un impact positif sur la capacité de lecture des élèves. Une évaluation des aptitudes à la lecture dans les petites classes réalisée sur une cohorte d'élèves inscrits au niveau 1 en 2016, au niveau 2 en 2017 et au niveau 3 en 2018, et tenus à chaque niveau par des enseignants ayant reçu la formation soutenue par le GPE, l’a bien démontré.
En 2016, seulement 1 % des élèves du niveau 1 pouvaient lire 20 mots ou plus par minute ; en 2017, 8 % des élèves du niveau 2 ont pu le faire. L'évaluation de 2018 a montré que 27,5 % des élèves du niveau 3 lisaient 20 mots ou plus par minute dans leur langue locale, prouvant que les interventions du programme ont fait une différence.
On a également observé des améliorations en matière de compréhension de textes chez ces mêmes élèves, les taux de compréhension passant de 11,7 % en 2016 à 24,8 % en 2017 et à 55,7 % en 2018.
Ces améliorations dans la maîtrise de la lecture et la compréhension des textes lus signifient que les élèves ont acquis une base solide qui leur permet de lire dans leur langue locale.
De nouveaux supports d'apprentissage conformes au programme officiel
Selon le Bureau ougandais des statistiques, en 2013, 14 élèves du primaire en moyenne devaient partager le même manuel d'anglais et de mathématiques.
Grâce au programme financé par le GPE, près de 12 200 écoles primaires ont reçu de nouveaux matériels d'apprentissage conformes au programme officiel, réduisant ainsi le ratio élèves/manuel scolaire à 2:1 et facilitant ainsi le travail des enseignants.
Désormais en Ouganda, les élèves disposent de plus de manuels scolaires, ce qui facilite la mise en œuvre efficace du programme d'enseignement du primaire.
Grâce à la formation des enseignants à l’enseignement de la lecture dans les premières années et aux nouveaux manuels scolaires, le taux d'assiduité des enseignants est passé de 73 % en 2013 à 91 % en 2019, selon une étude menée dans le cadre du programme.
Pour assurer à tous les enfants une éducation de qualité, inclusive et équitable, le programme a également fourni des appareils auditifs à un peu plus de 1 500 élèves.
217 enseignants ont par ailleurs été formés à une méthodologie d'enseignement des enfants malentendants qui combine l'expression orale et la langue des signes, tandis que les familles ont reçu une formation pour accompagner les enfants dans l'utilisation et l'entretien de leurs appareils auditifs.
Un nouveau système électronique améliore la supervision du travail des enseignants
En Ouganda, les inspections scolaires ont toujours été confrontées à divers problèmes, le processus de collecte des informations étant manuel et réalisé par un nombre limité de personnel du ministère de l'Éducation.
C’est la raison pour laquelle le pays ne disposait pas d’une base de données complète d’informations sur les inspections scolaires, ce qui entravait les efforts du ministère à identifier et combler les lacunes. Comme pour aggraver le problème, les délais de livraison des résultats d'inspections au niveau des districts étaient souvent si longs que les données collectées devenaient obsolètes avant d’avoir pu être utilisées.
Le GPE a soutenu le lancement d'un système informatique utilisant la technologie mobile et doté de fonctionnalités GPS pour améliorer la qualité des inspections scolaires dans 46 des districts enregistrant de faibles performances.
Le nouveau système utilise des formulaires préremplis pour collecter les données sur les inspections scolaires qui transmettent des informations en temps réel à des serveurs alimentés à l'énergie solaire. Ces serveurs sont hébergés à la Direction des normes au ministère de l'Éducation, où les données sont rapidement traitées et les rapports envoyés aux districts.
Les rapports sont ainsi accessibles via une plateforme numérique sécurisée qui filtre les informations par école, district, région et niveau. Le système permet également aux écoles de télécharger des plans d'action et de fournir des informations en temps réel sur l'assiduité des enseignants.
Améliorer l'efficacité des écoles
Les limites des pratiques en matière de leadership et de gestion dans les écoles ont également miné la qualité de l'enseignement primaire en Ouganda. Pour y remédier, le programme du GPE a financé la formation de 1 200 directeurs d'écoles et de 1 200 directeurs adjoints dans 26 districts.
Pendant trois mois, ils ont suivi une formation en présentiel sur l'encadrement scolaire, la mise en œuvre d’évaluation, la planification, la gestion des ressources humaines et les questions liées aux décaissements de fonds.
En parallèle, plus de 5 500 membres des comités de gestion des écoles ont suivi une formation sur la planification du développement des écoles, la gestion des budgets et le suivi des performances des enseignants et des élèves, et ont également suivi, le cas échéant, une formation technique pour superviser les activités de construction des écoles.
Ces formations en leadership ont amélioré la gestion des écoles et continueront d'améliorer leur efficacité.
Le financement du GPE a permis de construire de nouvelles salles de classe et de nouveaux blocs administratifs, des latrines séparées pour les filles, les garçons et les enseignants, des logements près des écoles pour les enseignants et des réservoirs d'eau dans 145 écoles primaires. Ces écoles ont également été dotées de nouveaux meubles.
Avec des enseignants mieux qualifiés ouvrant la voie à un meilleur apprentissage, l'Ouganda est en passe de transformer son système éducatif et assurer la scolarisation de tous ses enfants.