Nigéria : maintenir les garçons et les filles scolarisés et en apprentissage réel
Points clés
- Le Nigéria compte un nombre important d'enfants non scolarisés et d'enfants ne fréquentant que des écoles coraniques, notamment dans les États du nord-ouest du pays.
- À travers un financement de 100 millions de dollars, le GPE a soutenu des écoles religieuses intégrées et formé des enseignants dans cinq États, afin de permettre à davantage d'enfants d’aller à l’école et d’y rester le plus longtemps possible. Une attention particulière a été accordée aux filles car, elles sont plus à risque de ne pas être scolarisées.
- L'approche de partenariat du GPE a aidé toutes les parties prenantes du secteur de l'éducation dans le pays à contribuer de manière significative au cycle de planification et de mise en œuvre du programme.
Le Nigéria est la première puissance économique d'Afrique et, avec près de 200 millions d'habitants, le pays le plus peuplé du continent. Il est constitué de 36 États et du territoire de la capitale fédérale.
Au cours des cinq dernières années, le GPE a soutenu l'éducation dans cinq États de la région du nord-ouest du Nigéria, notamment : Jigawa, Kaduna, Kano, Katsina et Sokoto. Ces États figuraient parmi ceux affichant les taux d'enfants non scolarisés les plus élevés du pays (65 % des enfants ne sont pas scolarisés dans l’ État de Sokoto et 61 % dans l’État de Jigawa, par exemple).
L’un des plus grands groupes d’enfants non scolarisés dans cette région est constitué d’enfants qui fréquentent les écoles coraniques (écoles religieuses qui se concentrent sur l’étude du Coran et n’enseignent pas les matières de base formelles).
Ce groupe d'enfants représente environ 18 % des garçons et 27 % des filles non scolarisés au Nigéria.
Le soutien du GPE aux écoles cofessionnelles intégrées
Un des points communs aux cinq États qui ont reçu des financements du GPE est l'importance accordée à l'éducation islamique.
Si certains établissements scolaires sont des écoles coraniques au sens strict (écoles qui n'enseignent que l’islam et ses principes), d’autres, en revanche, sont des écoles coraniques intégrées, c’est-à-dire, des écoles communautaires financées par le gouvernement qui offrent une éducation islamique plus large, parallèlement à un programme gouvernemental d'éducation de base qui inclut l’enseignement de matières [de base] telles que la lecture, la numératie, l’anglais, les mathématiques et les sciences.
Depuis 2015, le Nigeria Partnership for Education Project (NIPEP) - programme soutenu par le GPE à travers un financement de 100 millions de dollars US - vise à améliorer l'accès à l'éducation de base, les taux de rétention des élèves et l'apprentissage dans les écoles publiques et les écoles coraniques intégrées supervisées par le Conseil national pour l'éducation de base universelle.
Le programme cible comme bénéficiaires directs les enfants, notamment les filles, qui fréquentaient les écoles confessionnelles intégrées dans les cinq États.
Contrairement aux financements ordinaires du GPE, dans ce cas précis, les fonds ont été directement virés sur les comptes bancaires des écoles - gérés conjointement par le directeur et les représentants de la communauté par le biais des comités de gestion des écoles - pour l'achat de matériel destiné à améliorer la rétention et l'apprentissage des élèves.
Au total, 46 366 écoles maternelles et primaires ont reçu les bourses d'études du NIPEP, dont plus de 35 % sont des écoles coraniques intégrées. 150 autres écoles nomades ont également reçu des financements dans l’État de Sokoto.
« Nous apprécions vraiment ce soutien du GPE. Contrairement à ce qu’on observait avant, les enfants viennent désormais à l'école tous les jours. On ne note plus d'absentéisme ! »
Les écoles bénéficiaires ont décidé de l’usage qu’ils feraient des financements, sous la direction des comités de gestion des écoles. Les plans de développement des établissements scolaires ont été conçus en tenant compte du fait que les communautés sont les mieux placées pour comprendre les besoins de leurs écoles.
Les communautés ont ainsi utilisé les fonds pour mener divers travaux, de la réparation du mobilier scolaire à la réparation des clôtures scolaires, en passant par la construction de latrines par exemple. Dans la plupart des cas, les communautés elles-mêmes ont fourni une main-d'œuvre gratuite pour la mise en œuvre des projets.
Augmenter les taux de scolarisation et de rétention des filles à l'école
Mariam Isah est une fillette âgée de 8 ans. Elle vit dans l'État de Jigawa et est élève en classe de CP.
Son grand-père, qui est le chef du village, veut que sa petite-fille termine ses études et devienne médecin ou infirmière, afin qu’elle puisse aider à améliorer les conditions de santé de sa communauté. Cependant, Mariam a d’autres ambitions pour elle-même : « Je voudrais être enseignante pour pouvoir aider d'autres enfants à apprendre », dit-elle.
Contrairement à Mariam, la majorité des enfants non scolarisés au Nigéria sont des filles : 65,3 % des filles dans les États soutenus par le GPE ne sont jamais allées à l'école ou sont plutôt inscrites dans des écoles coraniques non intégrées.
Certes, la pauvreté augmente les risques de non-scolarisation des filles, mais ces dernières sont également confrontées à de nombreux autres obstacles qui les empêchent d’accéder à l’éducation tels que les mariages et les grossesses précoces, le travail, les normes sociales et l’insécurité grandissante.
Selon l'enquête par grappes à indicateurs multiples menée au Nigéria en 2011, 30 à 40 % des filles des régions du nord-est et du nord-ouest sont mariées avant l'âge de 15 ans.
Ces facteurs, combinés au fait que de nombreux élèves débutent leur scolarité dans le primaire plus tard que l’âge officiel de 6 ans, augmentent la probabilité que les filles quittent l’école pour se marier avant de terminer leur scolarité dans le primaire.
Le NIPEP visait à accroître l’accès des filles à l’enseignement primaire en octroyant des bourses aux familles à faible revenu des communautés pauvres.
Des allocations ont été versées aux parents ou aux tuteurs pour encourager l'inscription des filles dans le premier cycle du primaire, car ces fonds aident la famille à compenser les pertes de revenus potentielles des filles pendant qu'elles sont en classe.
417 302 filles ont reçu des bourses du programme qui ont été utilisées pour acheter des fournitures scolaires telles que des manuels, des uniformes et même des chaussures. Le programme a également soutenu des campagnes de sensibilisation à l'importance de l'éducation des filles dans les communautés.
« Ce soutien a encouragé la plupart d’entre nous à envoyer nos filles à l’école. Et d’autres vont suivre. »
Étant donné que peu d'enseignantes disposent des qualifications requises, le programme leur a également offert des bourses pour mettre à jour leurs compétences en matière d'éducation et d'enseignement. Ceci leur a permis de servir de modèles pour les filles, en plus.
« Dans la plupart des écoles, le nombre de filles inscrites est désormais plus élevé que celui des garçons. »
S'assurer que les enseignants sont bien préparés à faire leur travail
La mauvaise qualité de l'enseignement, dans les États du nord du pays en particulier, se justifie par une formation initiale des enseignants obsolète et essentiellement théorique, une formation continue inadéquate, un manque de formateurs d'enseignants qualifiés et expérimentés et une inadéquation entre la formation des enseignants et les programmes enseignés dans les salles de classe.
De plus, pendant leur formation continue, les enseignants ne sont pas suffisamment instruits sur les méthodes d'enseignement centrées sur l'enfant et sensibles au genre, et n’apprennent pas non plus les techniques spécifiques pour améliorer l'apprentissage des élèves (telles que les techniques d’apprentissage de la lecture adaptées aux classes à effectif pléthorique).
Les écoles des zones rurales et éloignées ont généralement plus de difficultés à attirer et à retenir des enseignants qualifiés. La région du nord-ouest enregistre le pourcentage d'enseignants du primaire non qualifiés le plus élevé du pays.
Pour améliorer la qualité de l'enseignement dans les cinq États de Jigawa, Kaduna, Kano, Katsina et Sokoto, le GPE a soutenu la formation continue de 132 477 enseignants de la petite enfance et a octroyé des bourses à 15 514 enseignantes pour qu'elles puissent se perfectionner et obtenir le certificat national d'éducation.
Travailler en partenariat pour plus d'impact
Conformément à son approche de partenariat, le GPE rassemble tous les partenaires de l'éducation au sein du groupe local des partenaires de l'éducation (GLPE), leur permettant ainsi de contribuer à toutes les étapes du cycle de planification, de l'analyse à l'évaluation du secteur de l’éducation.
Le GPE a soutenu la création du Groupe national de l'éducation à Abuja, dirigé par le gouvernement et composé de partenaires de développement, d'organisations de la société civile, de donateurs et du secteur privé.
Le groupe a démarré ses activités avec une connaissance limitée de son rôle, en se concentrant principalement sur les questions liées au financement du GPE. Mais, il est devenu un organe national impliqué dans toutes les questions liées au secteur de l'éducation.
Le groupe fait désormais partie du paysage du secteur de l’éducation dans le pays. C’est un forum qui permet à tous ceux qui travaillent dans le domaine de l’éducation de se réunir. La voix de chaque partenaire y est entendue et a son importance dans les processus du GPE.
Depuis la clôture du NIPEP en 2020, le GPE continue de soutenir le Nigéria. Ainsi, en juin 2020, le GPE a approuvé un financement d'urgence COVID-19 de 15 millions de dollars pour soutenir la riposte du pays à la pandémie dans 16 États.
De même, en août 2020, le GPE a approuvé un financement accéléré de 20 millions de dollars pour soutenir l’éducation des filles et des enfants déplacés à l'intérieur du pays, ainsi que les communautés hôtes et marginalisées qui souffrent d'un manque d'accès à l'éducation, dans les États de l’Adamawa, de Borno et de Yobe.