Népal : transformer l’éducation commence dans les communautés défavorisées

<p>Le Népal s’engage à améliorer la qualité de l’apprentissage et de l’enseignement et à lutter contre les inégalités persistantes dans le domaine de l’éducation. La décentralisation de la gestion de l’éducation du niveau national au niveau des gouvernements locaux, permet de faciliter une résolution plus rapide des problèmes et de mettre en place des stratégies éducatives plus adaptées à chaque contexte. Cette évolution est venue avec des défis, notamment la nécessité d’améliorer la formation des enseignants ainsi que les infrastructures scolaires. Le GPE apporte un soutien au Népal en lui octroyant un financement de 20 millions de dollars pour le renforcement des capacités des gouvernements locaux, ainsi que l’amélioration de la formation des enseignants et de la qualité de l’éducation. Cette approche exhaustive vise à garantir que tous les enfants népalais reçoivent une éducation qui les prépare pour l’avenir.</p>

Népal : transformer l’éducation commence dans les communautés défavorisées

students being taught by a teacher at the Shree Janata Rashtriya Primary School in Bode Barsain Municipality in Saptari District in Nepal's southern plain. Credit: UNICEF/UNI448516/Laxmi-Prasad-Ngakhusi
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Points clés

  • Le passage d’une gouvernance centrale à une gouvernance locale au Népal améliore la gestion de l’éducation, la rendant plus réactive et efficace pour répondre aux besoin locaux.
  • Les écoles au sein des communautés les plus défavorisées du Népal se concentrent sur la création d’environnements d’apprentissage stimulants et sur le renforcement de l’implication de la communauté afin que tous les enfants, en particulier les filles, puissent bénéficier d’une éducation de qualité.
  • Le financement du GPE pour la transformation du système, d’un montant de 20 millions de dollars, a pour objectif de donner les moyens d’agir aux gouvernements locaux et régionaux pour améliorer les installations scolaires et répondre aux besoins considérables d’enseignants bien formés et motivés.
Carte du Népal
Jameela Khatun

« Lorsque des enfants issus de contextes différents se retrouvent dans une école comme ils le font, cela crée un sentiment d’appartenance et de complicité. Lorsque des enfants de groupes et de castes différents sont ensemble à l’école, ils partagent leurs religions et leurs cultures les uns avec les autres, et apprennent à se respecter et à s’entendre. L’école est le premier endroit où de tels réflexes se forment. »

Jameela Khatun
Directrice de l’école primaire Shree Janata Rashtriya, municipalité de Bode Barsain, district de Saptari

Jameela Khatun est la seule femme musulmane à diriger une école dans la municipalité où elle vit au Népal, et la première à avoir réussi le concours pour devenir enseignante. Elle a lutté toute sa vie en faveur de l’éducation, d’abord la sienne, et aujourd'hui celle de ses élèves, en particulier les filles.

Elle vit dans le district de Saptari au sud-est du Népal, à la frontière avec l’Inde. La région est l’une des plus pauvres du Népal, rurale et présente une grande diversité culturelle et économique. Elle représente un microcosme des enjeux du pays en matière d’éducation et de développement.

  • La directrice Jameela Khatun avec des élèves de l'école primaire Shree Janata Rashtriya, dans la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal.
    Crédit : UNICEF/UNI448503/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

  • La directrice Jameela Khatun avec des élèves de l'école primaire Shree Janata Rashtriya, dans la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal.
    Crédit : UNICEF/UNI448447/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

La décentralisation rapproche la gestion de l’éducation des communautés scolaires

Néanmoins, l’école primaire Shree Janata Rahstriya, est le lieu où Jameela Khatun et les autorités locales font face à ces défis de front, pour garantir que les enfants reçoivent l’éducation de qualité dont ils ont besoin pour s’épanouir.

Depuis qu’elle a été promue directrice d’école, Jameela Khatun travaille avec l’association des parents d'élèves et les gouvernements locaux pour apporter des améliorations à l’école, notamment en construisant de nouvelles salles de classe et en veillant à ce que les enseignants soient bien formés.

En 2015, le Népal a entamé un processus monumental de fédéralisation, en décentralisant sa gestion de l’éducation de 75 bureaux d’éducation de districts à 753 gouvernements locaux repartis dans sept provinces. Cette décentralisation visait à améliorer la gouvernance de l’éducation en donnant plus d’autonomie aux administrateurs locaux afin qu’ils puissent eux-mêmes déterminer ce qui convient le mieux à leurs communautés.

Atesh Kumar Singh, le maire de la municipalité de Bodebarsaien, fait part de son point de vue sur les avantages de la décentralisation, et a notamment souligné la rapidité et l’efficacité qui en résultent.

Atesh Kumar Singh

« Auparavant, le district et le gouvernement central étaient chargés de l’éducation. Donc même un problème mineur, le temps qu’il soit porté à la connaissance du gouvernement central, pouvait facilement s'être aggravé ou avoir pris plus d’ampleur. Mais maintenant, grâce à la proximité du gouvernement local, les questions simples peuvent être plus facilement et plus rapidement résolues au sein de nos propres communautés, et une marche à suivre peut être identifiée. »

Atesh Kumar Singh
Maire de la municipalité de Bodebarsaien

Toutefois, la transition ne s’est pas faite sans difficultés. En effet, cela demande que les municipalités mettent en place les processus et structures nécessaires à l’amélioration de l’éducation, notamment en matière d’approvisionnement, ainsi que de formation et de déploiement des enseignants.

  • Jameela Khatun, directrice, interagit avec les parents membres du comité de gestion de l'école primaire Shree Janata Rashtriya de la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal.
    Credit: UNICEF/UNI448451/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

  • Jameela Khatun, directrice, interagit avec les parents membres dans le comité de gestion de l'école primaire Shree Janata Rashtriya de la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal.
    Crédit : UNICEF/UNI448454/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

Soutenir les priorités du gouvernement afin de débloquer la transformation de l’éducation à grande échelle

Face à ces défis, le financement de 20 millions de dollars du GPE pour la transformation du système se révèle être un soutien essentiel au Népal. Comme indiqué dans son Pacte de partenariat - l’un des premiers à avoir été élaboré - le Népal s’engage à améliorer la qualité de l’apprentissage et de l’enseignement et à lutter contre les inégalités persistantes résultant souvent de facteurs tels que le revenu, le lieu de résidence, les compétences et le genre.

Le soutien du GPE au Népal vise aussi le renforcement des capacités des gouvernements locaux et provinciaux à garantir la disponibilité d’enseignants formés, compétents et motivés. Il a pour objectif d’améliorer les centres d’éducation de la petite enfance pour qu’ils répondent aux normes de qualité afin de préparer les enfants à leur entrée à l’école et d’assurer le développement de leurs compétences de base.

Cette initiative a également pour objectif que les écoles deviennent plus sensibles au genre et propices à l’inclusion sociale. Elle veut garantir l’installation d’équipements d’assainissement et de points d’eau adéquats, ainsi qu’un nombre suffisant d’enseignantes formées et motivées, et en impliquant les parents et la communauté pour s’assurer que les filles soient scolarisées et puissent apprendre.

Bibha Kumari Yadav, enseignante de première année à l'école primaire Shree Janata Rashtriya, dans la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal. Crédit : UNICEF/UNI448369/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

Bibha Kumari Yadav, enseignante de première année à l'école primaire Shree Janata Rashtriya, dans la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal.

Credit: UNICEF/UNI448369/Laxmi-Prasad-Ngakhusi
Des élèves de l'école primaire Shree Janata Rashtriya dans la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal. Crédit : UNICEF/UNI448503/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

Des élèves de l'école primaire Shree Janata Rashtriya dans la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal.

Credit: UNICEF/UNI448503/Laxmi-Prasad-Ngakhusi
Bibha Kumari Yadav, enseignante de première année à l'école primaire Shree Janata Rashtriya, dans la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal. Crédit : UNICEF/UNI448479/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

Bibha Kumari Yadav, enseignante de première année à l'école primaire Shree Janata Rashtriya, dans la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal.

Credit: UNICEF/UNI448479/Laxmi-Prasad-Ngakhusi
Kriti Pandit, élève de sixième année à l'école primaire Shree Janata Rashtriya de la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal. Crédit : UNICEF/UNI448464/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

Kriti Pandit, élève de sixième année à l'école primaire Shree Janata Rashtriya de la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal.

Credit: UNICEF/UNI448464/Laxmi-Prasad-Ngakhusi
Jameela Khatun, directrice d'école, interagit avec les parents impliqués dans le comité de gestion de l'école primaire Shree Janata Rashtriya de la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal. Crédit : UNICEF/UNI448474/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

Jameela Khatun, directrice d'école, interagit avec les parents impliqués dans le comité de gestion de l'école primaire Shree Janata Rashtriya de la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal.

Credit: UNICEF/UNI448474/Laxmi-Prasad-Ngakhusi
01 05

Répondre aux défis de l’éducation des jeunes enfants et de la formation des enseignants

Des obstacles majeurs entravent la voie vers l’amélioration des centres d’éducation des jeunes enfants à Saptari. En juin 2023, aucune salle de classe d’enseignement préscolaire ne répondait à tous les critères d’un centre de qualité, mettant en évidence le besoin urgent de d’améliorer les infrastructures et la pédagogie.

En outre, peu d’enseignants de la région avaient reçu la formation adéquate pour dispenser une éducation de la petite enfance de qualité, une lacune compromettant gravement l’efficacité des initiatives en matière d’éducation des jeunes enfants.

Samjhana Chaudhary

« Actuellement, notre objectif principal dans le domaine du développement de la petite enfance consiste à favoriser un environnement propice à l’épanouissement plutôt que de se concentrer uniquement sur un enseignement académique. En intégrant des jeux et un apprentissage interactif, nous nous efforçons de créer une atmosphère chaleureuse. »

Samjhana Chaudhary
Enseignante dans les petites classe à Saptari

Cette approche innovante est entravée par le manque d’enseignants correctement formés et de ressources nécessaires à la mise en œuvre efficace de telles méthodes pédagogiques.

Relever le besoin critique de bien former les enseignants, a permis à Bibha Kumari Yadav, enseignante à l’école primaire Shree Janata à Saptari, où la méthode de l’apprentissage par cœur reste très répandue, de réfléchir à l’évolution des méthodes pédagogiques. « Malgré de nombreuses séances de formation, appliquer les nouvelles méthodes d’enseignement en classe reste un défi. Néanmoins, l’évolution vers l’utilisation de matériel éducatif plus stimulant et démonstratif a considérablement renforcé l’enthousiasme des enfants pour l’apprentissage », explique-t-elle, ce qui illustre l’évolution progressive des pratiques pédagogiques.

  • Samjhana Chaudhary - enseignante à l'école modèle Shree Chandra dans la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal - interagissant avec de jeunes élèves.
    Crédit : UNICEF/UNI448613/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

  • Samjhana Chaudhary - enseignante à l'école modèle Shree Chandra dans la municipalité de Bode Barsain, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal - interagissant avec de jeunes élèves.
    Crédit : UNICEF/UNI448617/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

  • Des élèves de l'école Shree Kankalini, dans la municipalité de Hanumannagar Kankalini, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal.
    Crédit : UNICEF/UNI448565/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

Engagement de la communauté et reconnaissance de la valeur de l’éducation

Malgré ces défis, l’engagement de la communauté de Saptari en faveur de l’éducation est profondément ancré, à l’image de celui de l’ensemble du Népal.

Ratan Kumar Yadav, head teacher at Shree Basantapur Secondary School

« L’éducation est aussi vitale que la nourriture pour vivre. Elle est indispensable pour qu’un individu puisse mener une vie épanouie. »

Ratan Kumar Yadav
Directeur de l’école secondaire Shree Basantapur

Évoquant les avantages de la décentralisation, Ram Sagar Yadav, responsable de l’éducation auprès de la municipalité de Bodebarsaien à Saptari, explique : « L’autonomisation de la gouvernance locale nous a permis de maximiser les opportunités qui s’offrent à nous et de travailler conjointement afin d’opérer un changement. »

Ce sentiment est partagé au sein de toute la communauté et met l’accent sur l’effort collectif déployé pour améliorer les résultats d’apprentissage et former une génération capable de mener le Népal vers un avenir meilleur et plus inclusif.

Yadav décrit de manière touchante le pouvoir transformateur de l’éducation, et les espoirs générés par le GPE pour les enfants de tous les pays partenaires : « Les écoles sont un microcosme de notre société. Les enfants issus de diverses communautés, religions, cultures et familles, et dotés de différentes compétences, se retrouvent et se rencontrent dans les écoles les plus proches de chez eux. Si nous pouvons leur offrir une meilleure éducation et de qualité, alors nous contribuons au développement de bons citoyens et des futurs dirigeants de notre pays. Cela permettrait au Népal d’avoir un capital humain capable de s’adapter au changement, en phase avec le monde moderne et en mesure de hisser le pays vers de nouveaux sommets en vue d’un développement et d’une prospérité durables. Cela ne peut s’amorcer qu’au niveau des communautés et des écoles. »

La voie à suivre pour le district de Saptari, et le Népal dans son ensemble, s’inscrit à la fois dans une vie pleine de promesses et empreinte de persévérance.

Alors que le pays doit faire face aux complexités de la décentralisation, les efforts concertés des gouvernements locaux, des éducateurs, des partenaires internationaux du GPE et des communautés, sont essentiels.

Ensemble, ils façonnent un paysage éducatif où la qualité, l’inclusion et l’accessibilité ne sont pas de simples idéaux, mais des réalités pour chaque enfant au Népal.

Octobre 2024