Népal : transformer l’éducation commence dans les communautés défavorisées
Points clés
- Le passage d’une gouvernance centrale à une gouvernance locale au Népal améliore la gestion de l’éducation, la rendant plus réactive et efficace pour répondre aux besoin locaux.
- Les écoles au sein des communautés les plus défavorisées du Népal se concentrent sur la création d’environnements d’apprentissage stimulants et sur le renforcement de l’implication de la communauté afin que tous les enfants, en particulier les filles, puissent bénéficier d’une éducation de qualité.
- Le financement du GPE pour la transformation du système, d’un montant de 20 millions de dollars, a pour objectif de donner les moyens d’agir aux gouvernements locaux et régionaux pour améliorer les installations scolaires et répondre aux besoins considérables d’enseignants bien formés et motivés.
Jameela Khatun est la seule femme musulmane à diriger une école dans la municipalité où elle vit au Népal, et la première à avoir réussi le concours pour devenir enseignante. Elle a lutté toute sa vie en faveur de l’éducation, d’abord la sienne, et aujourd'hui celle de ses élèves, en particulier les filles.
Elle vit dans le district de Saptari au sud-est du Népal, à la frontière avec l’Inde. La région est l’une des plus pauvres du Népal, rurale et présente une grande diversité culturelle et économique. Elle représente un microcosme des enjeux du pays en matière d’éducation et de développement.
La décentralisation rapproche la gestion de l’éducation des communautés scolaires
Néanmoins, l’école primaire Shree Janata Rahstriya, est le lieu où Jameela Khatun et les autorités locales font face à ces défis de front, pour garantir que les enfants reçoivent l’éducation de qualité dont ils ont besoin pour s’épanouir.
Depuis qu’elle a été promue directrice d’école, Jameela Khatun travaille avec l’association des parents d'élèves et les gouvernements locaux pour apporter des améliorations à l’école, notamment en construisant de nouvelles salles de classe et en veillant à ce que les enseignants soient bien formés.
En 2015, le Népal a entamé un processus monumental de fédéralisation, en décentralisant sa gestion de l’éducation de 75 bureaux d’éducation de districts à 753 gouvernements locaux repartis dans sept provinces. Cette décentralisation visait à améliorer la gouvernance de l’éducation en donnant plus d’autonomie aux administrateurs locaux afin qu’ils puissent eux-mêmes déterminer ce qui convient le mieux à leurs communautés.
Atesh Kumar Singh, le maire de la municipalité de Bodebarsaien, fait part de son point de vue sur les avantages de la décentralisation, et a notamment souligné la rapidité et l’efficacité qui en résultent.
Toutefois, la transition ne s’est pas faite sans difficultés. En effet, cela demande que les municipalités mettent en place les processus et structures nécessaires à l’amélioration de l’éducation, notamment en matière d’approvisionnement, ainsi que de formation et de déploiement des enseignants.
Soutenir les priorités du gouvernement afin de débloquer la transformation de l’éducation à grande échelle
Face à ces défis, le financement de 20 millions de dollars du GPE pour la transformation du système se révèle être un soutien essentiel au Népal. Comme indiqué dans son Pacte de partenariat - l’un des premiers à avoir été élaboré - le Népal s’engage à améliorer la qualité de l’apprentissage et de l’enseignement et à lutter contre les inégalités persistantes résultant souvent de facteurs tels que le revenu, le lieu de résidence, les compétences et le genre.
Le soutien du GPE au Népal vise aussi le renforcement des capacités des gouvernements locaux et provinciaux à garantir la disponibilité d’enseignants formés, compétents et motivés. Il a pour objectif d’améliorer les centres d’éducation de la petite enfance pour qu’ils répondent aux normes de qualité afin de préparer les enfants à leur entrée à l’école et d’assurer le développement de leurs compétences de base.
Cette initiative a également pour objectif que les écoles deviennent plus sensibles au genre et propices à l’inclusion sociale. Elle veut garantir l’installation d’équipements d’assainissement et de points d’eau adéquats, ainsi qu’un nombre suffisant d’enseignantes formées et motivées, et en impliquant les parents et la communauté pour s’assurer que les filles soient scolarisées et puissent apprendre.
Répondre aux défis de l’éducation des jeunes enfants et de la formation des enseignants
Des obstacles majeurs entravent la voie vers l’amélioration des centres d’éducation des jeunes enfants à Saptari. En juin 2023, aucune salle de classe d’enseignement préscolaire ne répondait à tous les critères d’un centre de qualité, mettant en évidence le besoin urgent de d’améliorer les infrastructures et la pédagogie.
En outre, peu d’enseignants de la région avaient reçu la formation adéquate pour dispenser une éducation de la petite enfance de qualité, une lacune compromettant gravement l’efficacité des initiatives en matière d’éducation des jeunes enfants.
Cette approche innovante est entravée par le manque d’enseignants correctement formés et de ressources nécessaires à la mise en œuvre efficace de telles méthodes pédagogiques.
Relever le besoin critique de bien former les enseignants, a permis à Bibha Kumari Yadav, enseignante à l’école primaire Shree Janata à Saptari, où la méthode de l’apprentissage par cœur reste très répandue, de réfléchir à l’évolution des méthodes pédagogiques. « Malgré de nombreuses séances de formation, appliquer les nouvelles méthodes d’enseignement en classe reste un défi. Néanmoins, l’évolution vers l’utilisation de matériel éducatif plus stimulant et démonstratif a considérablement renforcé l’enthousiasme des enfants pour l’apprentissage », explique-t-elle, ce qui illustre l’évolution progressive des pratiques pédagogiques.
Engagement de la communauté et reconnaissance de la valeur de l’éducation
Malgré ces défis, l’engagement de la communauté de Saptari en faveur de l’éducation est profondément ancré, à l’image de celui de l’ensemble du Népal.
Évoquant les avantages de la décentralisation, Ram Sagar Yadav, responsable de l’éducation auprès de la municipalité de Bodebarsaien à Saptari, explique : « L’autonomisation de la gouvernance locale nous a permis de maximiser les opportunités qui s’offrent à nous et de travailler conjointement afin d’opérer un changement. »
Ce sentiment est partagé au sein de toute la communauté et met l’accent sur l’effort collectif déployé pour améliorer les résultats d’apprentissage et former une génération capable de mener le Népal vers un avenir meilleur et plus inclusif.
Yadav décrit de manière touchante le pouvoir transformateur de l’éducation, et les espoirs générés par le GPE pour les enfants de tous les pays partenaires : « Les écoles sont un microcosme de notre société. Les enfants issus de diverses communautés, religions, cultures et familles, et dotés de différentes compétences, se retrouvent et se rencontrent dans les écoles les plus proches de chez eux. Si nous pouvons leur offrir une meilleure éducation et de qualité, alors nous contribuons au développement de bons citoyens et des futurs dirigeants de notre pays. Cela permettrait au Népal d’avoir un capital humain capable de s’adapter au changement, en phase avec le monde moderne et en mesure de hisser le pays vers de nouveaux sommets en vue d’un développement et d’une prospérité durables. Cela ne peut s’amorcer qu’au niveau des communautés et des écoles. »
La voie à suivre pour le district de Saptari, et le Népal dans son ensemble, s’inscrit à la fois dans une vie pleine de promesses et empreinte de persévérance.
Alors que le pays doit faire face aux complexités de la décentralisation, les efforts concertés des gouvernements locaux, des éducateurs, des partenaires internationaux du GPE et des communautés, sont essentiels.
Ensemble, ils façonnent un paysage éducatif où la qualité, l’inclusion et l’accessibilité ne sont pas de simples idéaux, mais des réalités pour chaque enfant au Népal.