Au Mozambique, Candida retourne enfin à l'école après les ravages de deux cyclones

<p>Candida Inácio faisait partie des centaines de milliers d'élèves touchés par les cyclones qu'a connu le Mozambique. Aujourd'hui, elle est heureuse de pouvoir fréquenter une nouvelle école construite avec le soutien du GPE.</p>

Au Mozambique, Candida retourne enfin à l'école après les ravages de deux cyclones

Candida in a renovated classroom. The new classroom was built thanks to GPE’s support. Credit: GPE/Carine Durand
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Points clés

  • Deux cyclones consécutifs - Idai et Kenneth - ont frappé le centre et le nord du Mozambique en 2019, perturbant l'apprentissage des élèves.
  • Ces catastrophes naturelles ont fortement endommagé les infrastructures éducatives et causé la perte de matériel pédagogique et l'interruption du cycle scolaire.
  • Avec le soutien du GPE, le gouvernement du Mozambique veille à ce que les enfants poursuivent leur apprentissage même en cas de catastrophe naturelle.
Carte du Mozambique

Ce récit a été rédigé en collaboration avec le bureau de l’UNICEF au Mozambique.

Candida Alberto Inácio, 12 ans, fait partie des centaines de milliers d'élèves touchés par les deux cyclones de catégorie 5 survenus au Mozambique en 2019. Candida vit avec sa tante, son oncle, ses frères et sœurs dans la province de Sofala. Le cyclone Idai a détruit leur maison, obligeant la famille à séjourner dans l'orphelinat local pendant la période de réparation de leur maison.

Candida Inácio was among the hundreds of thousands of students who were affected by the cyclones which made landfall in Mozambique. Credit: GPE/Carine Durand

« [Le cyclone] a démoli des maisons - même notre vaisselle a été cassée. Notre hôpital et notre école ont subi des dégâts. Notre salle de classe a été détruite. Et à l'endroit où j'avais l'habitude d'étudier sous les manguiers, les livres, les images et les cahiers se mouillaient quand il pleuvait. »

Candida
Élève de 12 ans, Escola Primária Completa de Galinha
  • Candida et sa tante devant leur maison à Sofala, au Mozambique.
    Crédit : GPE/Carine Durand

Les catastrophes naturelles ont causé des dégâts considérables

Le 14 mars 2019, le cyclone Idai a frappé le Mozambique, affectant les provinces d'Inhambane, Manica, Sofala, Tete et Zambezia. Six semaines plus tard, le cyclone Kenneth a suivi, touchant cette fois les provinces de Cabo Delgado et de Nampula.

Les catastrophes météorologiques ne sont pas rares au Mozambique ; toutefois, c'était la première fois dans l'histoire que deux cyclones tropicaux violents frappaient le pays en si peu de temps. Au total, le pays a perdu (totalement ou partiellement) 4 222 salles de classe.

Celeste José Mucaisse, Candida’s teacher, Escola Primária Completa de Galinha. Credit: GPE/Carine Durand

« Je n'ai qu'une seule chose à dire à propos du cyclone Idai : nous nous sommes retrouvés sans rien. Nos maisons ont toutes été détruites, l'école aussi. Nous n'avons pas eu cours car les salles de classe étaient pleines d'eau et les murs étaient endommagés. Plus tard, quand les pluies ont cessé, nous avons continué à enseigner, mais sous les arbres. »

Celeste José Mucaisse
Enseignante à l’Escola Primária Completa de Galinha

De plus, une saison des pluies plus forte que la normale fin 2019 et début 2020 a entraîné la perte totale ou partielle de 1 168 salles de classe supplémentaires, ce qui a finalement eu un impact sur 100 000 élèves et 2 000 enseignants.

Ces catastrophes naturelles ont eu un effet dévastateur sur les élèves, ainsi que sur les infrastructures éducatives qui ont été fortement endommagées. Elles ont également causé la perte de matériel pédagogique et interrompu la scolarité de milliers d’élèves.

Une interruption prolongée de l'éducation peut avoir de graves conséquences pour les enfants - en particulier les plus vulnérables, qui risquent davantage d’être exploités, d’être victimes de mariage précoce et de violence sexiste. Garantir l'accès des enfants à l'éducation après une catastrophe naturelle protège leurs droits, leur apporte un sentiment de normalité après un événement traumatisant et favorise la résilience.

Elidja Elavo, School Director, Escola Primária Completa de Galinha. Credit: GPE/Carine Durand

« Après le passage du cyclone, il nous a fallu une semaine, un mois en fait, pour préparer des salles de classe temporaires et aménager des zones où nous pouvions faire cours en plein air. À l'endroit où se trouve actuellement le nouveau bâtiment, nous avions utilisé des bâches pour installer des tentes qui accueillaient les élèves. »

Elidja Elavo
Directeur de l’Escola Primária Completa de Galinha
  • Candida écrivant dans son cahier pendant un cours sous la tente qui sert de salle de classe temporaire.
    Crédit : GPE/Carine Durand

  • Pendant la reconstruction de l'Escola Primária Completa de Galinha, les élèves suivaient des cours sous des tentes temporaires.
    Crédit : GPE/Carine Durand

Des interventions qui permettent de poursuivre l'apprentissage

Grâce à un financement accéléré de 20 millions de dollars US géré par l'UNICEF, le GPE a aidé le gouvernement du Mozambique à continuer à fournir un accès à l'éducation à tous les enfants, tout en mettant en place des mesures pour « reconstruire en mieux » (BBB, du sigle de l’appellation anglaise Build Back Better), une approche qui intègre la réduction des risques de catastrophe dans la restauration des infrastructures.

L'appui du GPE s'est concentrée sur la reconstruction de salles de classe pour offrir aux enfants des environnements d'apprentissage sûrs et inclusifs, et sur le renforcement de la résilience des infrastructures éducatives pour, qu’à l'avenir, elles puissent résister aux catastrophes naturelles, notamment aux cyclones et aux inondations.

  • Candida voyant pour la première fois les salles de classe récemment rénovées. Les nouvelles salles de classe ont été construites avec le soutien du GPE.
    Crédit : GPE/Carine Durand

Pour atteindre cet objectif, le GPE a soutenu une évaluation des dégâts et une étude de faisabilité, qui ont servi de base à la reconstruction de 600 salles de classe équipées de fournitures de base comme des tableaux noirs, des craies et des pupitres.

En outre, le personnel du ministère, les entreprises de construction et les auditeurs ont reçu une formation technique sur les normes BBB.

  • Derniers travaux avant la réouverture de l'Escola Primária Completa de Galinha.
    Crédit : GPE/Carine Durand

  • Début de construction du nouveau bâtiment scolaire.
    Crédit : GPE/Carine Durand

  • Celeste José Mucaisse, enseignante (et prof de Candida) pendant une leçon.
    Crédit : GPE/Carine Durand

Celeste José Mucaisse, Candida’s teacher, Escola Primária Completa de Galinha. Credit: GPE/Carine Durand

« Après le cyclone, il y avait des trous dans les murs et les salles de classe étaient humides ; les élèves ne pouvaient pas étudier. L'école a beaucoup changé grâce à cette rénovation. Rien que son apparence motive les enfants à y aller. C'est propre et bien protégé. Nous avons maintenant une entrée accessible aux personnes handicapées, ce qui n'était pas le cas avant. »

Celeste José Mucaisse
Celeste José Mucaisse, Enseignante à l’Escola Primária Completa de Galinha

En parallèle, le programme du GPE a financé la construction d'infrastructures d'eau, d'assainissement et d'hygiène (WASH) adaptées aux besoins des filles, afin de les inciter à aller à l'école.

Reconnaissant le rôle primordial de l'hygiène menstruelle dans la promotion des performances académiques et de la rétention scolaire des filles, le GPE a soutenu la distribution de 13 500 kits d'hygiène, contenant des masques et des savons. Près de 33 000 filles ont également reçu des kits de dignité comprenant des sous-vêtements, du savon et un produit sanitaire féminin.

Des repas scolaires qui favorisent l'assiduité

Pour motiver les enfants à retourner à l'école, tout en augmentant l'accès à la nourriture dans les provinces touchées par les cyclones, des repas scolaires ont été fournis aux élèves grâce au GPE et au Programme alimentaire mondial.

De mai à novembre 2021, 91 000 enfants de 167 écoles ont reçu chaque mois du riz, des petits pois, du sel et de l'huile végétale à emporter chez eux. Plus de 43 400 élèves ont reçu des repas chauds dans les écoles, préparés par des cuisiniers bénévoles.

Elidja Elavo, School Director, Escola Primária Completa de Galinha. Credit: GPE/Carine Durand

« Le programme de repas scolaires a vraiment aidé les enfants à se rétablir après le cyclone, et après la pandémie de COVID-19, et ils sont venus à l'école en masse. La nourriture était préparée ici même à l'école, et par conséquent les élèves étaient impatients d'assister aux cours. »

Elidja Elavo
Directeur de l'Escola Primária Completa de Galinha

Renforcer la résilience

La formation des enseignants et des élèves touchés par les catastrophes naturelles à la préparation et à la réponse aux situations d'urgence est essentielle pour renforcer la résilience.

Le programme du GPE a donc soutenu des activités dans les écoles pour améliorer les capacités des enseignants et des élèves à répondre aux catastrophes et à s'en remettre. En parallèle, le manuel des enseignants sur la manière d’apporter un soutien psychosocial aux apprenants a été révisé pour inclure deux modules sur la violence sexiste et la violence contre les enfants.

Quatre-vingt-dix formateurs nationaux, provinciaux et de district - dont 40 comités de gestion des catastrophes dans les écoles - ont bénéficié d’une formation sur la réduction des risques de catastrophe et la gestion des urgences dans les écoles. L'objectif de cette formation est de renforcer les capacités techniques et les compétences des groupes de réflexion sur les situations d'urgence existants.

Ces formateurs sont également chargés de poursuivre la diffusion des informations et des compétences afin que le plus grand nombre soit bien préparé en cas de futures catastrophes naturelles.

L'indice de risque REFORM, qui mesure les pays exposés à des risques extrêmes en raison des conflits et du changement climatique, classe le Mozambique au 11ème rang sur 191 pays. L'exposition constante à ces dangers accroît la vulnérabilité des enfants et limite l'accès aux services essentiels, notamment l'éducation.

Avec le soutien du GPE, le gouvernement du Mozambique continuera à mettre en place une planification de la préparation et de la réponse aux situations d'urgence afin de garantir une meilleure résistance aux chocs du système éducatif.

  • Les élèves de l'Escola Primária Completa de Galinha célèbrant la réouverture de leur bâtiment scolaire.
    Crédit : GPE/Carine Durand

Le 1er juin est la journée des enfants au Mozambique. C'est généralement une journée spéciale. Mais, après avoir subi deux catastrophes naturelles majeures et la pandémie de COVID-19, Candida et ses camarades de classe étaient particulièrement heureux de la célébrer cette année. De plus, cette journée coïncidait avec la réouverture de leur école reconstruite.

Candida, 12-year-old student. Credit: GPE/Carine Durand

« Demain, je vais aller à l'école. Je vais manger, jouer et ensuite étudier dans une jolie salle de classe. Elle est plus belle parce qu'elle a été rénovée. »

Candida
Élève de 12 ans

Août 2022