Madagascar : des efforts considérables pour construire des salles de classe dans des régions isolées
Points clés
- Les salles de classe demeurent insuffisantes à Madagascar pour accueillir tous les enfants en âge d'aller à l'école, en particulier dans les zones difficiles d'accès où la construction est un défi difficile à relever.
- Avec le soutien du GPE et de la Banque mondiale, le gouvernement a construit 800 salles de classe dans des zones reculées où les infrastructures scolaires sont insuffisantes, desservant ainsi 400 communautés.
- La construction a été rendue possible grâce au soutien de membres de la communauté qui ont transporté des matériaux sur de longues distances en terrain accidenté.
Cet article a été rédigé en collaboration avec le ministère de l'Éducation nationale de Madagascar et la Banque mondiale.
La lumière du soleil entre par les fenêtres de l’École publique primaire de Fiadanana, dans une ville isolée de l'Est de Madagascar, à 370 kilomètres de la capitale Antananarivo. Avant que la journée d'école ne commence, un groupe d'enfants entre dans une salle de classe pour admirer les pupitres, les bancs et les tableaux noirs, tandis que d'autres jouent à l'extérieur. Ils sourient presque tous et on comprend facilement pourquoi.
Avant la construction de la nouvelle école, les élèves étudiaient dans des salles de classe de fortune peu sûres ou à l'extérieur, sous les arbres, ce qui rendait l'apprentissage presque impossible pendant la saison des pluies. Certains enfants ne fréquentent jamais l’école ou l’abandonnent en raison de ces conditions inadéquates.
Le manque d’infrastructures scolaires est un défi majeur à Madagascar, en particulier dans les zones difficiles d'accès où les projets de construction sont des entreprises colossales. Le ministère de l'Éducation nationale estime qu’il faudrait 87 000 nouvelles salles de classe pour accueillir tous les élèves.
« J’ai donné les cours aux enfants sous des arbres. On n’avait ni table bancs, ni salle de classe. Actuellement, on a 2 nouvelles salles de classe, ce qui a allégé une grande partie de nos problèmes. »
Un financement du GPE de 66,4 millions de dollars, mis en œuvre par la Banque mondiale, et un crédit de l'International Development Association de 55 millions de dollars a permis à Madagascar de construire 800 salles de classe dans des zones reculées où les infrastructures scolaires sont insuffisantes, bénéficiant ainsi à 400 communautés.
Pour améliorer l'environnement scolaire, la dotation de 40 000 pupitres avec bancs, ainsi que l’installation de 400 points d'eau et 400 latrines ont également été financées.
La construction de salles de classe est l'une des nombreuses activités conçues pour accroître l'accès à l'éducation et améliorer les taux de rétention et d'achèvement dans l'enseignement primaire. Seuls 30 % environ des élèves commençant la première année d'études poursuivent leur scolarité jusqu'à la fin de l'école primaire (5e année).
À Madagascar, la majorité des enfants vivent dans des zones rurales. La plupart des nouvelles salles de classe réduisent la distance que les élèves doivent parcourir pour se rendre à l'école, ce qui facilite leur scolarisation. L’existence de salles de classe contribue également à améliorer le temps d'enseignement et d'apprentissage en limitant les interruptions liées au climat.
En outre, en 2021, seules 50 % des écoles disposaient d'eau potable et 8 % de toilettes fonctionnelles. La construction de nouveaux points d'eau et de latrines est essentielle pour améliorer l'accès et la rétention, en particulier pour les filles.
« Dernièrement le nombre total des élèves au sein de cette école était de 350. Cela a augmenté de 414 à l’heure actuelle. C’est ce qui prouve l’assiduité des élèves et la diminution de l’abandon scolaire. »
La construction des salles de classe : un effort communautaire
Bien que la construction ait été réalisée par des entreprises de construction locales, les nouvelles salles de classe n'auraient pas vu le jour sans l'aide de membres de la communauté.
Le ministère de l'Éducation nationale a délégué une grande partie de la responsabilité du projet au FEFFI (Farimbon'Ezaka ho an'ny Fampandrosoana ny Fanabeazana Ifotony) un comité de gestion scolaire participatif composé de parents et d'autres personnes représentant l'ensemble de la communauté scolaire.
Le FEFFI a été impliqué dès la phase de planification de la construction. Plus de 5 000 membres du FEFFI ont été formés à la gestion de projets au niveau local, à la gestion des finances, à l'obtention et à la gestion de contrats de travail et de supervision technique, au suivi de l'avancement des travaux, ainsi qu’à l'organisation des membres de la communauté pour le transport des matériaux de construction.
« Sur le chantier, on collabore avec la communauté, surtout les parents d’élèves (FEFFI). Ils sont nos partenaires de travaux. On a fortement besoin d’eux, d’où notre demande de collaboration dans toutes les étapes de travaux. »
Le transport de matériaux de construction
Le district d'Antanambao Manampotsy compte 20 sites où ont été construites des salles de classe, dont trois sont présentées dans ce reportage : Ambalanirana, Ambatsy et Fiadanana.
La ville facilement accessible et la plus proche est Fokotoany Ilaka Est. Certains matériaux de construction étaient disponibles localement, tandis que d'autres ont dû être transportés depuis Antananarivo ou la ville côtière de Toamasina, située à plus de 200 kilomètres.
Tous les matériaux nécessaires à la construction sur les trois sites ont été chargés dans une camionnette, et une équipe de trois hommes a effectué la livraison à Antanambao Manampotsy.
« Je suis un des utilisateurs de cette désastreuse route. Ce n’est vraiment pas facile de traverser ici. C'est un trajet de seulement 50 km, mais il faut au moins 8 heures de temps pour le faire. Les simples 4x4 ne peuvent pas prétendre de parcourir ce chemin. Il faut les modifier, les rehausser, avoir des pneus spéciaux et renforcer les ressorts. »
Même en conduisant très prudemment, ils se sont enlisés dans la boue et ont dû faire des réparations lorsque le véhicule est tombé en panne.
Mais cette partie du voyage était facile par rapport à la suite. Arrivés dans la ville principale du district d'Antanambao Manampotsy, les matériaux ont dû être transportés plus loin à pied vers trois sites de construction, dont l'un se trouve à 90 kilomètres de là.
Un périple long et difficile
Les membres du FEFFI se sont rendus de près ou de loin sur le site de livraison des matériaux et ont assisté à une réunion logistique dirigée par le président du FEFFI.
Le responsable de la construction a ensuite distribué tous les matériaux aux membres du FEFFI. Certains articles trop lourds pour être transportés individuellement, comme les sacs de ciment sec, ont été répartis en charges plus légères.
Une fois les matériaux chargés sur leur dos, les membres du FEFFI ont entamé leur long périple vers les sites de construction. Chemins accidentés, montées, descentes, ponts de fortune, eau jusqu'aux genoux... les conditions sont difficilement imaginables.
« Au retour, on doit passer la nuit en chemin, car on n’a pas de lampe pour poursuivre la route sans abri, nous sommes obligés de dormir sur place. Mais nous faisons tout notre possible pour que les salles de classe en dur soient construites. »
Le ministère de l'Éducation nationale a demandé aux entreprises de construction de conclure des contrats avec les membres participants du FEFFI afin de les rémunérer pour leur travail.
La rémunération a été calculée en fonction du poids du matériel transporté, de la distance parcourue et du temps nécessaire pour effectuer le trajet.
« On est généralement des cultivateurs, donc on s’organise pour pouvoir aider l’entreprise. Il faut fixer une ou plusieurs journées selon l’obligation. On prend par exemple un jeudi de la semaine pour ramasser le sable. On se réunit pour toutes les préparations et on fonce à assurer que ça soit suffisant jusqu’au prochain jeudi. »
Il est important pour les parents de participer à la construction des salles de classe, car ils collaborent à l'avenir de leurs enfants.
« Aussi difficile que la route soit, malgré la pluie et le mauvais temps, malgré la misère, la famine et les coups durs de la vie, on est là à apporter notre soutien car une chose de grande valeur est en train de se réaliser chez nous. »