Érythrée. Construire des écoles, c’est construire des vies : rencontre avec Rekia
Points clés
- Depuis 2013, le GPE soutient le ministère érythréen de l'Éducation et l'UNICEF pour améliorer l'accès à une éducation de qualité.
- Désormais, les enfants vivant dans des communautés rurales et nomades, comme Rekia âgée de 10 ans, ont de meilleures chances d'apprendre dans un environnement qui répond à leurs besoins éducatifs.
- Grâce à ces efforts, l'avenir semble plus prometteur pour un plus grand nombre d'enfants.
« Je suis très heureuse de pouvoir enfin apprendre. Je sais que je suis jeune, mais si j'en ai la possibilité, j'aimerais être enseignante ou infirmière pour aider ma communauté. »
Cet article a été écrit en collaboration avec le bureau de l’UNICEF en Erythrée.
Rekia est une élève intelligente qui nourrit de grands espoirs pour son avenir. Obtenir une éducation de qualité est la première étape pour réaliser son rêve.
Jusqu'à récemment, elle fréquentait une école primaire qui fonctionnait sous une tente, ce qui laissait les élèves à la merci des caprices du temps et n'était pas toujours propice à l'apprentissage.
Chaque jour Rekia devait parcourir 5 kilomètres à pied pour se rendre dans une école installée sous un abri de fortune fourni par la communauté.
Depuis 2013, le GPE soutient le ministère érythréen de l'Éducation et l'UNICEF pour améliorer l'accès à une éducation de qualité. Grâce à ce soutien, Rekia et d'autres élèves vivant comme elle dans des communautés rurales et nomades, ont désormais de meilleures opportunités pour apprendre dans un environnement qui soutient leurs besoins éducatifs.
Les nouvelles écoles incitent à l'assiduité
En 2014, le GPE a alloué un financement de 25,3 millions de dollars au ministère de l'Éducation destiné à soutenir une éducation de qualité pour les enfants les plus défavorisés vivant dans les communautés des régions d'Anseba, de Gash-Barka et du nord et du sud de la mer Rouge.
L'UNICEF a été choisi comme agent partenaire pour assurer la mise en œuvre du programme soutenu par ce financement.
Le programme financé par le GPE - qui a pris fin en 2019 - s'est concentré sur la construction de nouvelles infrastructures dans le but d'augmenter le nombre d'enfants scolarisés dans les communautés difficiles à atteindre.
Durant le programme, 345 salles de classes du niveau élémentaire, 40 salles de classes pour le préscolaire et huit salles de classes pour l’enseignement spécialisé ont été construites et équipées de manière appropriée. Ces écoles accueillent désormais 39 000 élèves, dont plus de 16 000 filles.
La construction de nouvelles salles de classe dans les régions incite les enfants à aller à l'école et a permis de réduire la distance à parcourir pour s’y rendre et, par conséquent, le temps passé pour y aller et en revenir. Désormais, Rekia ne parcourt plus que 2,5 kilomètres à pied pour se rendre à son école.
« Avant, nous n'avions pas d'école correctement construite à Asheti. Nos enfants apprenaient dans des abris de fortune ou à l’ombre des arbres. La nouvelle école donne de l'espoir aux villages d'Asheti et des environs. »
Les nouvelles salles de classe, associées à un effort concerté de mobilisation communautaire, ont également incité les parents à envoyer leurs enfants à l'école, réduisant ainsi la proportion d'enfants non scolarisés.
Dans certaines écoles, comme celle de Filfele dans la région d’Anseba, les nouvelles salles de classe ont permis de proposer un enseignement du niveau du secondaire, donnant ainsi à ceux qui avaient été contraints d'abandonner l'école - en raison de l'absence d’établissements d'enseignement secondaire situé à une distance raisonnable - la possibilité d’être à nouveau scolarisé.
Améliorer l'environnement d'apprentissage
3,5 millions de manuels de mathématiques, de sciences, d'anglais et d’apprentissage de neuf langues érythréennes pour les petites classes ont été imprimés et distribués, dans le but de maintenir le ratio élève-manuel de 1 pour 1.
Considérant que la qualité de l'enseignement est un facteur essentiel à l’amélioration des résultats d'apprentissage des élèves, le programme financé par le GPE a également soutenu la formation d'enseignants, de facilitateurs de l'éducation non formelle et d'enseignants du préscolaire issus de groupes minoritaires sélectionnés.
Vu qu'il est largement prouvé que les enfants apprennent mieux lorsque l’enseignement est donné dans leur langue maternelle, des cassettes de formation en langues érythréennes ont été fournies aux enseignants, et des formations en présentiel ont été organisées pour leur apprendre à enseigner en langue locale.
Bien que beaucoup reste encore à faire pour que tous les enfants acquièrent les compétences essentielles, ces efforts ont contribué à une légère amélioration des résultats d'apprentissage.
Selon le suivi des évaluations des acquis scolaires, le niveau minimal de maîtrise des compétences des élèves est passé de 37,6 % en 2015 à 46,1 % en 2018 pour les élèves de 3ème année du primaire (et au moins 80 % des apprenants obtiennent un score de 50 % ou plus dans chacun des domaines testés). Il est également passé de 19,9 à 30,2 % pour les élèves de 5ème année sur la même période.
Promouvoir une culture de l'éducation fondée sur des éléments concrets
Le programme financé par le GPE visait également à renforcer les capacités humaines et institutionnelles en vue d’assurer une offre et un suivi efficaces des services éducatifs, ainsi que la production et l'utilisation de recherches fondées sur des données probantes en Érythrée.
Désormais, les responsables de l'éducation sont formés à la planification, à la gestion et au leadership en matière d'éducation, ainsi qu'à la recherche-action. En outre, le ministère de l'Éducation dispose d'un système d'information pour la gestion de l'éducation (SIGE) renforcé pour éclairer les décisions politiques et utiliser les données pour la planification et le suivi de l'éducation.
Le programme a également soutenu des études, notamment une étude sur les enfants non scolarisés qui a joué un rôle déterminant dans la définition des priorités du gouvernement en matière d'accès à l'école et d'éducation préscolaire.
Tous ces efforts portent leurs fruits. Le taux d'enfants non scolarisés dans l'enseignement primaire a diminué, passant de 23,2 % en 2011-12 à 16,4 % en 2018-19. Le taux d'achèvement du primaire est passé de 58,9 à 81,1 % au cours de la même période.
Un meilleur avenir en vue
Samku, la mère de Rekia, est convaincue que l'éducation est un puissant facteur de changement, et veut que tous ses enfants aillent à l'école.
« Je suis ravie de voir ma fille aller à l'école. C'est un privilège qui ne m'a pas été accordé. Chaque mère devrait être encouragée à envoyer ses enfants à l'école. »
Grâce aux efforts du ministère érythréen de l'Éducation, du GPE et de l'UNICEF et à leur bonne collaboration, l'avenir s'annonce meilleur pour davantage d'enfants en Érythrée, en particulier pour ceux qui vivent dans les régions les plus reculées du pays.
Aujourd'hui, davantage d'élèves comme Rekia bénéficient d'une éducation de qualité.