Comment le Bangladesh a renforcé son système éducatif pendant la pandémie de COVID-19

<p>Le projet de riposte du secteur de l’éducation à la COVID-19, soutenu par un financement du GPE de 15 millions de dollars, a aidé le gouvernement du Bangladesh à assurer la continuité de l'apprentissage, à rattraper les pertes d'apprentissage, à réinscrire les enfants ayant abandonné l'école et permettre la réouverture en toute sécurité des écoles.</p>

Comment le Bangladesh a renforcé son système éducatif pendant la pandémie de COVID-19

Children in Sylhet on their way to school. Credit: World Bank/Salman Saeed
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Points clés

  • Le financement du GPE a permis au gouvernement du Bangladesh de répondre à l’urgente nécessité de développer l’apprentissage à distance pendant la pandémie de COVID-19.
  • Près de 3 000 enseignants ont été formés à l'enseignement correctif, aux méthodes d'apprentissage à distance, ainsi qu’aux pratiques d'évaluation formative et sommative.
  • Grâce au programme financé par le GPE, près de 20 000 écoles primaires situées dans les zones les plus reculées et défavorisées du pays ont été équipées des ressources nécessaires à une réouverture sécurisée.
Carte du Bangladesh

« Durant la pandémie, j'étudiais à la maison pendant que mes parents étaient au travail. Parfois, ma sœur étudiait avec moi. Je copiais les chiffres d'un exercice en ligne, puis je résolvais [le problème] dans mon cahier », se souvient Tabassum, 8 ans, élève de l’école publique de Cantonment à Dhaka.

Du moment où le premier cas de COVID-19 a été détecté au Bangladesh, près de 37 millions d'enfants n'ont plus eu accès à l'école.

Les interruptions prolongées de l'enseignement affectent l’acquisition de connaissances, en particulier chez les plus jeunes élèves. Les enfants manquent les cours et oublient ce qu'ils ont déjà appris, ce qui rend leur rattrapage beaucoup plus difficile.

  • Après 18 mois de fermeture des écoles, Tabassum, 8 ans, peut à nouveau apprendre en classe. Elle adore jouer et réciter des poèmes en bengali.


    Crédit : GPE/Salman Saeed

  • Tabassum en classe. Ses matières préférées sont les jeux éducatifs et réciter de la poésie en bengali.


    Crédit : GPE/Salman Saeed

« Le Bangladesh a connu l'une des plus longues fermetures d'écoles au monde, soit environ 18 mois », explique Tashmina Rahman, spécialiste de l'éducation au bureau-pays de la Banque mondiale au Bangladesh.

Les fermetures d’écoles dans le pays n’étaient pas quelque chose d’inédit. Le Bangladesh est vulnérable aux effets du changement climatique et est le septième pays le plus exposé aux risques de catastrophes climatiques extrêmes au monde, d’après l'indice mondial des risques climatiques le plus récent (2021).

Les précipitations, les inondations et les cyclones imprévisibles entrainent chaque année des fermetures d'écoles, perturbant ainsi la continuité de l'apprentissage pour les enfants. Mais l'ampleur de l’interruption due à la pandémie de COVID-19 a été sans précédent.

Garantir la continuité de l'apprentissage pendant les fermetures d'écoles

En 2020, le GPE a lancé le projet intitulé « COVID-19 School Sector Response » (Projet de riposte du secteur de l’éducation à la COVID-19), en allouant 14,8 millions de dollars à la Banque mondiale pour aider le gouvernement du Bangladesh à mettre en œuvre son plan de riposte à la COVID-19.

Le plan visait à assurer la continuité de l'apprentissage, à rattraper les pertes d'apprentissage, à réinscrire les enfants ayant abandonné l'école et à garantir la réouverture sécurisée des écoles.

Pour faire face aux fermetures d'écoles dues à la pandémie, le Bangladesh adopte pour la première fois une approche structurée à l'échelle nationale pour établir un système d’apprentissage à distance.

Le système en question a été conçu pour fonctionner à la fois avec du matériel d’apprentissage basé sur la technologie et du matériel imprimé, afin d’atteindre même les enfants les plus marginalisés,.

  • Des enfants suivant un programme d’apprentissage à distance à la télévision.


    Crédit : Banque mondiale/Salman Saeed

  • Des enfants suivant un programme d’apprentissage à distance à la télévision.


    Crédit : Banque mondiale/Salman Saeed

Pour créer le matériel d'apprentissage à distance, 246 enseignants du primaire et du secondaire ont été recrutés pour élaborer des scénarios et présenter des contenus numériques.

« L'une des plus importantes réalisations du programme du GPE a été de développer le système d'apprentissage à distance en ajoutant plus de 5 000 éléments de contenu numérique », déclare Tashmina Rahman.

Pour garantir une expérience d'apprentissage de qualité aux élèves, le programme financé par le GPE a organisé 30 ateliers pour développer et valider le contenu d'apprentissage à distance.

Par ailleurs, pour s'assurer que les enseignants étaient bien préparés, étant donné que la plupart d'entre eux n'avaient jamais enseigné devant une caméra auparavant, 957 enseignants ont été formés à l'apprentissage à distance, à l'utilisation des différentes plateformes de conférence virtuelle et à la manière d'inciter les élèves à participer dans un environnement d'apprentissage à distance.

Ishrat Jahan
« Lorsque nous avons commencé à donner des cours en ligne aux enfants pendant la pandémie de COVID-19, nous avons eu un cours d'orientation pour apprendre à utiliser Zoom et Google Nest. Grâce à ce cours d’orientation, nous avons été formés à l'utilisation de ces applications pour dialoguer avec les élèves depuis leur domicile et les faire participer à des activités d'apprentissage. »
Ishrat Jahan
Enseignante à l’école primaire publique de Cantonment à Dhaka

Cependant, la connexion à internet n'était pas une évidence pour tous les enfants, en raison du manque d'accès à l'internet ou d'appareils disponibles.

« Le plus grand obstacle résidait dans le fait que certains enfants n’ont pas pu participer aux cours en ligne », explique Ishrat Jahan, professeure d'anglais en deuxième année à l'école publique de Cantonment.

Sur la cinquantaine d’élèves qui se rendaient en classe avant la COVID-19, seulement 25 à 30 ont réussi à se connecter aux cours en ligne lorsque leur école était fermée en raison de la pandémie de COVID-19.

  • Ishrat Jahan enseigne l'anglais en deuxième année à l'école publique de Cantonment à Dhaka. Lorsque l'école a fermé pendant la pandémie de COVID-19, ses collègues et elle ont dû passer à l'enseignement à distance.


    Crédit : GPE/Salman Saeed

Pour permettre à un maximum d’enfants d'accéder au matériel d'apprentissage à distance, le bureau de l’UNICEF au Bangladesh, avec le soutien du GPE et de la Banque mondiale, a conçu 2 683 cours diffusés à la télévision, 1 558 cours en ligne et 1 056 cours radiodiffusés, ainsi que des modules didactiques imprimés.

Ces contenus couvrent l'ensemble du programme national pour 35 matières principales, du préscolaire à la dixième année, ce qui a permis d’accompagner plus de 1,5 million d'enfants dans leur apprentissage.

Les fonds du GPE ont permis au Bangladesh de répondre à l’urgente nécessité de développer l'apprentissage à distance pendant la pandémie, de soutenir la reprise de l'apprentissage après la pandémie et d'assurer la continuité de l’enseignement dans les situations d'urgence, notamment en cas d’inondations ou de cyclones.

Grâce aux 5 297 éléments de contenus numériques couvrant l'ensemble du programme scolaire du préscolaire à la dixième année dont elles disposent, les écoles sont désormais en mesure de dispenser des cours à distance pendant toute une année scolaire.

Aider les plus jeunes élèves à rattraper leur retard

L'une des principales conséquences de la pandémie de COVID-19 sur le plan éducatif est que les élèves continuent de prendre du retard dans leur niveau d’instruction. Les plus jeunes élèves ne disposent pas des compétences de base en lecture et en mathématiques et ont un besoin urgent de cours de se rattraper.

Remettre les élèves à niveau était un autre objectif fondamental du programme de riposte à la COVID-19 dans le secteur de l’éducation financé par le GPE.

Pour permettre aux jeunes élèves d’acquérir à nouveau les compétences qu’ils ont perdues durant la fermeture des écoles, le programme a aidé le gouvernement à concevoir des kits de rattrapage scolaire supplémentaires pour les élèves du préscolaire à la cinquième année.

Les kits contiennent du matériel d'apprentissage ludique sous forme de cahiers d'exercices, de jeux et de cartes d'apprentissage.

Ces kits ont été distribués à plus de 150 000 enfants vivant dans des zones rurales et reculées et difficiles à atteindre.

Ces supports supplémentaires portaient sur les bases essentielles du programme scolaire et ont été conçus de manière colorée et interactive pour que les jeunes élèves soient motivés à revoir et à approfondir leurs leçons, leur permettant ainsi de récupérer les compétences qu'ils n'auraient pas pu acquérir autrement.

Préparer les enseignants à une reprise de l'apprentissage holistique

La pandémie a également posé des défis considérables aux enseignants et leur participation a été essentielle au rétablissement du système éducatif.

Ishrat Jahan
« Nous avons reçu de nombreuses ressources utiles dans le cadre du programme. Par exemple, des produits de nettoyage, des consignes pour se laver soigneusement les mains et des directives sur la manière de se protéger et rester prudent. »
Ishrat Jahan
Enseignante à l’école primaire de Cantonment à Dhaka
  • Des enfants de l'école primaire de Shimulia à Dhaka reçoivent une formation sur le lavage des mains en classe.


    Crédit : Banque mondiale/Salman Saeed

  • Des enseignants participent à un cours de formation sur l'évaluation sommative et formative de l'apprentissage, l'enseignement correctif et la santé mentale.


    Crédit : Banque mondiale/Salman Saeed

  • Un formateur d’enseignants donne des instructions sur l'évaluation sommative et formative de l'apprentissage, l'enseignement correctif et la santé mentale.


    Crédit : Banque mondiale/Salman Saeed

Après près de deux ans de pandémie, les niveaux d’instruction au sein d’une même classe variaient et les élèves se heurtaient à des problèmes d'anxiété et, dans certains cas, de dépression.

Pour remédier à cette situation, 2 950 enseignants ont été formés à l'enseignement correctif, aux méthodes d'apprentissage à distance et aux pratiques d'évaluation de l'apprentissage dans le cadre du financement du GPE.

Cette formation leur permet de classer les élèves par niveau d’instruction dans chaque salle de classe, de mieux identifier les pertes d'apprentissage et mettre en place des stratégies correctives destinées à aider les élèves à rattraper leur retard.

Les enseignants ont également appris des techniques qu'ils peuvent appliquer en classe pour aider les élèves qui souffrent de troubles mentaux. Ces techniques comprennent des exercices de respiration, des conversations qu'ils peuvent entretenir avec les enfants sur des événements traumatisants et des stratégies pour identifier ceux qui ont besoin d'aide.

Les enseignants disposent désormais d’un plus grand nombre de ressources et savent orienter les élèves vers les personnes appropriées pour qu’elles interviennent en cas de besoin.

Grâce au financement du GPE, près de 3 000 enseignants ont été formés à l'enseignement correctif, aux évaluations formatives et sommatives, ainsi qu’à l'apprentissage à distance et aux interventions dans le domaine de la santé mentale. C'est la première fois qu'une formation en santé mentale de cette ampleur a été dispensée au Bangladesh

Inciter les enfants à revenir à l’école

Les élèves, en particulier ceux vivant dans des zones reculées, risquaient davantage d'abandonner l'école durant la pandémie, ce qui a davantage aggravé leur retard d’apprentissage.

De nombreuses familles étaient également préoccupées par les risques que leurs enfants encouraient en retournant à l'école.

Ishrat Jahan
« Lorsque l'école a réouvert ses portes pour la première fois après la pandémie de COVID-19, nous avons fait très attention aux mesures de sécurité, notamment en ce qui concerne l'utilisation de masques et le lavage régulier des mains... Le directeur de notre école nous a beaucoup soutenus et aidé à mettre ces mesures de sécurité en place. »
Ishrat Jahan
Enseignante à l'école publique de Cantonment à Dhaka

Afin de soutenir la réouverture sécurisée des écoles, le programme financé par le GPE a attribué des financements à 19 965 écoles primaires situées dans les zones les plus reculées du pays pour qu’elles acquièrent du matériel d’hygiène et de sécurité.

De plus, les financements ont permis de former 500 administrateurs scolaires issus de différents districts aux protocoles de sécurité sanitaire face à l’épidémie de COVID-19, ainsi qu’aux mesures à adopter en cas d'urgence.

Parmi les ressources et les pratiques figuraient des produits de nettoyage, des consignes pour se laver soigneusement les mains, ainsi que des directives sur la manière de porter efficacement des masques et garder une distance de sécurité en classe.

  • Des enfants de l'école primaire Zulenka Nagar à Sylhet recevant une formation sur le lavage des mains pour une réouverture en toute sécurité.


    Crédit : Banque mondiale/Salman Saeed

  • Des enfants de Sylhet sur le chemin de l'école.


    Crédit : Banque mondiale/Salman Saeed

Les administrateurs scolaires ont partagé cette formation avec les enseignants et les écoles de leurs districts respectifs, instaurant ainsi un environnement scolaire plus sûr et plus propre, ce qui a incité les élèves à revenir dans les écoles et à y rester.

La pandémie de COVID-19 a gravement perturbé l'enseignement au Bangladesh, mais elle a également permis de mieux reconstruire le système éducatif.

Le programme financé par le GPE a aidé le Bangladesh à répondre aux besoins d'apprentissage les plus urgents face aux fermetures d'écoles dans l’ensemble du pays.

Le programme est également orienté vers l'avenir, dès lors qu’il contribue à renforcer la résilience à long terme en dotant les enseignants et les écoles des ressources nécessaires pour faire face aux futures situations d'urgence.

Mai 2023