Zimbabwe : des filles qui aident d’autres à poursuivre leur scolarité
07 mars 2025 par CAMFED (Campaign for Female Education), et Secrétariat du GPE |
Lecture : 4 minutes

Au Zimbabwe, les filles marginalisées trouvent le soutien et acquièrent les compétences dont elles ont besoin pour poursuivre leur scolarité et bâtir un avenir meilleur.

Tanyaradzwa, Peer Educator, Bindura District, Mashonaland Central Province

« Je me suis portée bénévole pour être éducatrice pour mes paires parce que je suis convaincue qu’il est de ma responsabilité de créer le changement dans ma communauté. Ce rôle va contribuer au bien-être de mes paires mais aussi au mien. »

Tanyaradzwa
Éducatrice pour ses paires, district de Bindura, province du Mashonaland Central

En 2024, Tanyaradzwa âgée de 21 ans, s’est inscrite à une formation destinée aux filles diplômées du secondaire qui souhaitent accompagner bénévolement les élèves du primaire et du secondaire dans le cadre d’un programme axé sur les aptitudes à la vie quotidienne et le bien-être, en complément du programme scolaire.

Cette formation, proposée par le ministère de l’Enseignement primaire et secondaire (MoPSE) du Zimbabwe et dirigée par la CAMFED, Campaign for Female Education, s’inscrit dans le cadre des efforts nationaux visant à garantir que les filles restent à l’école et obtiennent leur diplôme.

Au Zimbabwe, les filles sont plus susceptibles que les garçons d’abandonner l’école secondaire en raison de difficultés transversales, notamment les pressions financières, l’insécurité alimentaire, l’inégalité entre les genres et la menace inhérente de mariages et de grossesses précoces.

S’étant elle-même battue pour pouvoir bénéficier d’une éducation, Tanyaradzwa est déterminée à aider les autres. Sa mère est décédée quand elle avait 2 ans et elle a été élevée par ses grands-parents.

C’est grâce au Basic Education Assistance Module (BEAM), un mécanisme gouvernemental de protection sociale qui supprime les frais de scolarité, que Tanyaradzwa a pu aller à l’école.

Pour apporter un revenu supplémentaire à sa famille, Tanyaradzwa cherchait de l’or après l’école et le week-end. Après avoir terminé ses études secondaires, elle a créé une entreprise d’élevage de volailles. Elle souhaite aujourd’hui l’agrandir et a déposé une demande de prêt.

Tanyaradzwa travaillant dans son entreprise de volaille qui lui permet de répondre à ses besoins immédiats tout en soutenant des élèves du secondaire grâce à son rôle d'éducatrice bénévole pour ses paires, à Bindura, au Zimbabwe. Crédit : Tanyaradzwa

Tanyaradzwa travaillant dans son entreprise de volaille qui lui permet de répondre à ses besoins immédiats tout en soutenant des élèves du secondaire grâce à son rôle d'éducatrice bénévole pour ses paires, à Bindura, au Zimbabwe.

Credit:
Tanyaradzwa

Tanyaradzwa veut devenir travailleuse sociale et son rôle d’éducatrice pour ses paires est une expérience qui lui sera utile pour réaliser son but.

Dans l’école où elle fait du bénévolat, elle travaille en étroite collaboration avec les enseignants spécialisés dans l’orientation scolaire et l’assistance psychologique.

Elle surveille l’assiduité des élèves, les changements de comportement et les fluctuations dans les notes, afin de repérer les premiers signes d’abandon potentiel et d’aider les élèves à relever les défis auxquels elles sont confrontées.

L’une des élèves qu’elle accompagne vient d’accoucher et Tanyaradzwa l’encourage à retourner à l’école.

Elle anime des séances avec les élèves sur les aptitudes à la vie quotidienne, en utilisant des pédagogies interactives et en encourageant l’apprentissage entre pairs.

En plus de renforcer la confiance en soi, ces séances aident les élèves à rattraper leur retard d’apprentissage, à mieux comprendre les contenus pédagogiques difficiles et à acquérir des techniques d’étude.

Renverser les obstacles : pourquoi mettre l’accent sur l’éducation des filles

Au Zimbabwe, le taux d’abandon des filles est de plus en plus élevé par rapport à celui des garçons : 8 000 filles de plus que de garçons ont quitté l’école secondaire en 2021, soit deux fois plus que l’écart enregistré en 2019.

Les filles du quintile de revenu le plus bas sont les plus touchées, avec un taux de fréquentation net d’à peine 31 %.

Pour beaucoup, achever leurs études secondaires reste un objectif hors d’atteinte, une réalité qui se joue à chaque étape de leur vie et un véritable facteur de pauvreté et d’injustice.

Pour améliorer l’éducation au Zimbabwe, il faut apporter une aide ciblée aux filles. C’est ce que permet l’Accélérateur de l’éducation des filles du GPE.

Grâce à un financement de 12,4 millions de dollars (2023-2026) géré par la CAMFED, le programme fournit des ressources essentielles pour aider les filles à rester à l’école et à surmonter les obstacles systémiques à l’éducation.

Le programme soutenu par le GPE se concentre sur les écoles primaires et secondaires qui présentent les plus grandes disparités entre les genres en termes d’apprentissage et de taux d’abandon scolaire les plus élevés. Plus de 8 300 filles pourront ainsi achever leur premier cycle du secondaire, tout en bénéficiant de conseils pour les prochaines étapes.

Les filles soutenues par le programme ont également accès à une aide financière qui couvre les frais de scolarité et le matériel comme les fournitures scolaires et les uniformes.

Les bénévoles comme Tanyaradzwa jouent un rôle crucial dans la réussite du programme : elles comprennent non seulement les obstacles rencontrés par les filles marginalisées pour accéder à l’éducation, mais elles sont aussi déterminées à les aider pour surmonter ces obstacles.

Confiance lors d'une séance avec ses élèves. Crédit : CAMFED

Confiance lors d'une séance avec ses élèves.

Credit:
CAMFED

Grâce au financement du GPE, 1 090 jeunes femmes ont été formées en tant que éducatrices pour leurs paires, faisant du bénévolat au sein de leur école secondaire locale pendant une durée de 18 à 24 mois.

Les bénévoles ont la possibilité d’obtenir un diplôme du Business and Technology Education Council, une qualification professionnelle reconnue par les employeurs et les établissements d’enseignement supérieur, afin d’encourager l’implication des bénévoles dans le programme.

Confidence, 24 ans, est une jeune éducatrice dans le district d’Insiza, dans le Matabeleland, s’assure du bien-être des élèves, en vérifiant qu’elles ont bien dormi et bien mangé.

Elle les aide également à exprimer les difficultés qu’elles rencontrent à l’internat lorsqu’elles sont loin de chez elles.

On estime à 194 000 le nombre de filles qui auront accès au programme financé par le GPE.

Une approche holistique pour libérer le potentiel inné des filles

Le Zimbabwe s’attaque à la question de l’égalité entre les genres en suivant une approche holistique qui combine un soutien financier, matériel, d’apprentissage et d’aptitudes à la vie quotidienne dans le but de remédier aux difficultés spécifiques que connaissent les filles.

Ces mesures les aideront à rester à l’école et à accéder à des possibilités postscolaires.

En plus d’investir dans les éducatrices pour les paires qui aident les filles à rester scolarisées, l’Accélérateur de l’éducation des filles du GPE a permis à 1 090 jeunes femmes de devenir des mentores pour leurs paires, chacune offrant une session hebdomadaire de mentorat et de formation professionnelle aux filles une fois qu’elles ont obtenu leur diplôme du secondaire.

Les mentores pour leurs paires dispensent une formation de 6 mois qui couvre des éléments tels que les compétences entrepreneuriales de base, l’éducation financière, la santé sexuelle et reproductive, les compétences nécessaires lors d’entretiens et la rédaction de CV.

Elles aident les diplômées à choisir leur voie après leurs études, en leur faisant connaître des formations sur l’entrepreneuriat du ministère de la Condition féminine, de la Communauté et du Développement des petites et moyennes entreprises.

L’engagement du Zimbabwe en faveur de l’éducation des filles ne consiste pas seulement à ce que les filles restent à l’école, mais aussi à transformer leur avenir.

Avec le soutien adéquat, des jeunes femmes comme Tanyaradzwa peuvent devenir de véritables catalyseurs du changement dans leurs communautés.

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As a proud peer educator I love what my fellow cama sisters are doing to bring change in our country and worldwide together we can this is like calling to us we are blessed to be part of CAMA our pride

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