N’emportant avec eux que quelques effets personnels, dont des vêtements mouillés qu'ils venaient de laver, la famille a entamé son périple vers l'inconnu.
Aya était terrifiée par la vue des combattants, le bruit des tirs et les nombreux postes de contrôle traversés. La saison des pluies a rendu le voyage encore plus dangereux, avec le tonnerre, les éclairs et la mauvaise visibilité sur la route, mais après plusieurs heures, ils sont enfin parvenus à Kassala.
Aya est triste en pensant à ses souvenirs d'enfance qu’elle a dû abandonner, dont ses précieux albums de photos de famille : « J'ai toujours eu l'intention de partager un jour mes photos d'enfance avec mes enfants. J'aurais aimé emporter ces albums avec moi. »
Un nouveau chapitre à Kassala
La famille a entamé une nouvelle vie à Kassala. Avec ses frères et sœurs, Aya va de l'avant et s'est rapidement fait des amis.
Cependant, la guerre a privé son père, ancien chauffeur de taxi, de son gagne-pain, compromettant considérablement le bien-être de la famille.
« La nourriture était rare. Lorsque ma mère servait le petit-déjeuner, elle en gardait toujours un peu pour le dîner », se souvient Aya en évoquant ces premiers jours difficiles.
L'accès à une nourriture variée était un luxe qu'ils ne pouvaient pas se permettre. L'eau était également un problème. À Khartoum, il suffisait de tourner un robinet pour avoir de l'eau potable, mais à Kassala, Aya et ses frères et sœurs devaient parcourir les rues à la recherche de charrettes tirées par des ânes pour acheter de l'eau.
« La vie était très dure », dit-elle. « D'autant plus que nous n'allions pas à l'école. »
La peur de ne jamais retrouver les bancs de l'école
Les écoles restant fermées, Aya s'inquiétait souvent de ne jamais retourner en classe.
N'ayant pas grand-chose à faire à la maison, ses pensées dérivaient souvent vers les combats incessants, et vers les conséquences graves pour sa famille. « La guerre occupait complètement mes pensées », raconte-t-elle. « Les journées étaient longues et j'étais constamment anxieuse. »
« Est-ce que je vais pouvoir retourner à l'école ? », avait-elle demandé à son père.
Ne sachant pas très bien lui-même, il lui avait répondu : « Nous resterons ici 15 jours, puis nous rentrerons à la maison et tu retourneras à l'école. »
Mais 15 jours se sont transformés en un an et demi sans école. Comme 17 millions d'autres enfants au Soudan, Aya est restée chez elle, victime de l'une des plus graves crises de l'éducation au monde.
Plus tard, un enseignant du quartier s'est porté volontaire pour aider les enfants, dont Aya et ses frères et sœurs, à suivre des cours de rattrapage, mais c'était insuffisant.
« Nous n'avions pas de manuels scolaires. Mon père n'avait pas les moyens de nous acheter plus d'un cahier d'exercices chacun », se souvient-elle.
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