L’ONG World Vision est membre de la Coalition mondiale pour l'éducation face à la COVID-19 (en anglais) de l'UNESCO (mise sur pied pour protéger le droit à l'éducation durant la pandémie de COVID-19). Son programme phare sur le genre (en anglais), a récemment étudié la question des grossesses précoces et publié un nouveau rapport (en anglais) attirant l’attention sur le fait que les fermetures des écoles dans les pays d'Afrique subsaharienne pourrait entraîner une augmentation de jusqu'à 65 % les taux de grossesses chez les adolescentes, en plus des taux de grossesses précoces déjà élevés : en Afrique subsaharienne, une fille sur quatre (en anglais) tombe enceinte avant son 18e anniversaire.
Face aux politiques et pratiques leur interdisant d’aller à l'école, on estime qu'un million de filles, rien qu'en Afrique subsaharienne, pourraient ne pas retourner à l'école lors de leur réouverture à cause de leurs grossesses.
Lever l'interdiction de scolarisation des filles enceintes
Si quelques pays d'Afrique (le Togo, la Guinée équatoriale et la Tanzanie) ont des lois et des politiques qui excluent les filles enceintes des écoles et leur interdisent d'y retourner, dans de nombreux autres pays à travers le continent, elles ne peuvent y retourner en raison de certaines pratiques sociales, de l'absence de politiques claires ou de politiques de réintégration présentant en elles-mêmes diverses barrières ou obstacles.
Cependant, les choses commencent à changer. En Sierra Leone, 11 000 adolescentes sont tombées enceintes pendant la période de fermeture des écoles dues à l'épidémie d'Ebola de 2014. Elles ont également dû faire face à l'interdiction d’y retourner après leur réouverture. Cette interdiction a été levée en mars dernier après que le tribunal de la CEDEAO l'ait jugée discriminatoire.
Le gouvernement se félicite désormais de ce revirement car, il anticipe des effets similaires en ce qui concerne cette pandémie de COVID-19. Il a par ailleurs mené une campagne nationale pour protéger les filles et prévenir les grossesses d'adolescentes pendant la période de fermeture des écoles.
En août, le Zimbabwe a modifié sa loi sur l'éducation (en anglais) qui rendait illégal l'expulsion d'élèves pour cause de grossesse. Un changement que World Vision et les éducateurs préconisaient depuis des années. Ailleurs, dans des pays comme l'Ouganda et le Kenya par exemple, la réouverture des écoles mettra à l'épreuve l'efficacité de leurs politiques de réintégration.
Une nouvelle initiative pour aider les filles à rester à l'école au Zimbabwe
La levée des interdictions et la mise en place de politiques de soutien sont essentielles pour la poursuite de l'éducation des filles enceintes et des mères adolescentes. Les solutions nécessaires pour assurer la poursuite de leur éducation sont cependant aussi multidimensionnelles que le problème lui-même.
Au Zimbabwe, World Vision met en œuvre le programme baptisé : « Améliorer les comportements par rapports aux questions de genre, la transition, et les résultats en matière d’éducation (IGATE) » (en anglais). Il s’agit d’une initiative du « Girl Education Challenge » particulièrement bien notée, lancée par le Royaume-Uni et mise en œuvre dans 318 écoles rurales du Zimbabwe.
L'IGATE travaille avec des réseaux d’ambassadeurs de l'apprentissage communautaire, d'enseignants résidents et de pairs leaders de clubs scolaires pour aider les filles à aller et à rester à l'école ou à accéder à des perspectives d'éducation à base communautaire comme la lecture, l’écriture et le calcul, les compétences de la vie courante, l'éducation financière et la formation professionnelle.
Pendant la période de fermeture des écoles en raison de la COVID-19, l'IGATE a continué à fournir des guides d'apprentissage, des exercices quotidiens de lecture, d’écriture et de calcul, et des réseaux de soutien pour combler le fossé en matière d'apprentissage à distance pour les filles et les garçons des zones rurales.
Alors que les écoles rouvrent progressivement au Zimbabwe, l'impact du confinement et de leur fermeture sur les adolescentes est de plus en plus évident. Les premiers rapports sur certaines régions reculées montrent que jusqu'à la moitié des filles en classe d'examen sont enceintes, mariées ou ne retournent pas à l’école pour d'autres raisons, comme le fait d’avoir un travail.
Si l'absentéisme des filles est supérieur d'un tiers dans les données préliminaires, les garçons décrochent également car, ils ont parfois dû déménager pour se lancer dans des activités comme l'orpaillage, l'élevage ou le commerce afin de subvenir à leurs besoins ou à ceux de leur famille.