Le Viet Nam enregistre des taux élevés d'achèvement des études primaires, présente une forte parité entre les sexes, de faibles ratios élèves-enseignants et un faible taux d’enfant non-scolarisés.

Cependant, des défis subsistent. Les enfants en situation de handicap sont souvent laissés pour compte en classe, et seulement 1 enseignant sur 7 a une formation spécialisée pour leur enseigner.

Par ailleurs, trop d'enfants issus de minorités ethniques n'acquièrent pas les compétences essentielles. Selon les données, les enfants issus de groupes ethniques minoritaires obtiennent des scores de compréhension faibles et leur maîtrise de la lecture est à la traîne.

Au Viet Nam, 90 langues sont parlées, et l'utilisation généralisée du vietnamien courant entraîne la diminution de l'utilisation de plusieurs langues et dialectes minoritaires.

Les recherches menées dans des contextes multilingues à travers le monde ont montré que le développement global du langage et la capacité à apprendre dans d'autres langues sont souvent liés à la maîtrise d'une langue maternelle, en particulier dans les premières années.

Les partenaires au Viet Nam ont convenu de la nécessité de concentrer les efforts sur le soutien à l'apprentissage pour ceux qui sont en marge de la réussite éducative du pays, notamment les enfants issus de minorités ethniques et les enfants en situation de handicap.

Ayant cet objectif à l'esprit, le ministère de l'Éducation et de la Formation a officiellement lancé le programme « Accélérer l'éducation pour tous » en 2024. Ce programme a été conçu par Save the Children en étroite collaboration avec les partenaires du groupe sectoriel de l'éducation et est cofinancé par le GPE et la Nippon Foundation.

Pour appuyer le Viet Nam dans l’amélioration de l'éducation inclusive, le GPE s'associe à la Nippon Foundation par le biais du fonds à effet multiplicateur du GPE. Un cofinancement total de 2,6 millions de dollars américains de la Nippon Foundation a permis au Viet Nam de débloquer un financement de 2,6 millions de dollars provenant du fonds à effet multiplicateur du GPE.

Ces financements ont permis au Viet Nam de bénéficier d'un total de 5,2 millions de dollars pour soutenir les enfants issus de minorités ethniques et les enfants en situation de handicap.

J'ai échangé avec Masako Matsuo (Numata) et Sosuke Katsumata de la Nippon Foundation à propos de leurs réflexions sur le partenariat entrepris avec le GPE par le biais du fonds à effet multiplicateur.

Pouvez-vous me parler brièvement de ce programme au Viet Nam ?

Le programme soutient l'éducation inclusive pour les enfants issus de minorités ethniques et les enfants en situation de handicap.

D'ici 2026, le programme vise à atteindre les résultats suivants :

• Le ministère de l'Éducation et de la Formation aura publié des normes d'apprentissage et de développement des jeunes enfants pour les enfants âgés de 5 ans ;
• 20 écoles dans les provinces défavorisées seront sélectionnées pour une formation à l'utilisation de ces normes ; dans ces écoles, 75 % des enseignants auront reçu une formation à l'éducation inclusive ;
• 8 matériels de formation pour l'enseignement innovant des méthodes d'enseignement et d'évaluation des langues des minorités ethniques auront été élaborés et fournis aux enseignants responsables.

Dans la première étape de notre programme, nous nous sommes concentrés sur les minorités ethniques dans une région montagneuse du nord-est et du nord-ouest du Viet Nam.

Les partenaires locaux, et Save the Children en particulier, ont développé le matériel pour les enfants ainsi que le matériel et la formation pour les enseignants.

Comment le projet a-t-il commencé ?

Avant la pandémie de COVID-19, le personnel de la Nippon Foundation et le personnel du GPE parlaient d’une possible collaboration. En 2023, la possibilité de soutenir un nouveau programme au Viet Nam, élaboré par Save the Children, s’est présentée.

L'idée de cofinancement a été soutenue par des discussions entre notre président et la directrice générale du GPE. Et c’est de cette manière notre collaboration avec le GPE a commencé. De là, nous nous sommes rendus au Viet Nam pour une mission exploratoire conjointe aux côtés de Save the Children et de l'UNICEF et nous avons travaillé à aligner nos processus de financement.

Pouvez-vous nous parler des avantages du cofinancement avec une organisation internationale ?

Habituellement, la Nippon Foundation octroie elle-même les financements ; cette collaboration avec le GPE était une première, car le cofinancement est nouveau pour nous.

Si nous concevions uniquement par nous-mêmes un projet de cette taille, il nous faudrait plus de 6 mois pour le mettre sur pied, mais cette collaboration avec le GPE en partenariat avec Save the Children et le ministère de l'Éducation et de la Formation a permis de le concevoir plus rapidement.

Outre la rapidité de mise en œuvre du projet pour améliorer l'éducation inclusive en faveur des minorités ethniques et des enfants en situation de handicap, l'approche du GPE sur les données basées sur les résultats, en concentrant les investissements là où ils sont le plus nécessaires dans un pays donné et à l'intérieur de celui-ci, et en examinant attentivement les besoins des enfants marginalisés, pourrait être une grande valeur ajoutée pour la Nippon Foundation.

Nous considérons également cette collaboration comme une opportunité pour apprendre du GPE en tant que principal bailleur de fonds mondial de l'éducation. Par exemple, en matière de collecte et d'analyse des données et de compréhension des impacts avant et après la mise en œuvre du projet, de sorte que l'analyse des résultats est basée sur des points de données mesurables.

Dans quel type de projets éducatifs la Nippon Foundation a-t-elle été impliquée au Viet Nam ?

Nous avons de l'expérience dans les projets de construction d'écoles pour lesquels nous avons travaillé dans les régions montagneuses du Viet Nam. Entre 2005 et 2014, nous nous sommes associés à une organisation non gouvernementale japonaise appelée Asian Education and Friendship Association pour soutenir la construction de 88 écoles dans les zones montagneuses.

En plus de construction d’écoles, nous avons mené des activités d'échange culturel entre les enfants vietnamiens scolarisés dans les écoles et les élèves japonais du primaire et du premier cycle du secondaire.

La Nippon Foundation a également apporté un soutien aux malvoyants dans 7 pays asiatiques. Au Viet Nam, depuis environ 2006, par le biais du Sao Mai Center (une organisation appuyant les déficients visuels), la Nippon Foundation soutient les universités vietnamiennes, en fournissant du matériel pédagogique en braille, en formant des enseignants universitaires lorsqu'ils enseignent aux étudiants déficients visuels et en formant les étudiants aux technologies de l'information.

Quels sont vos espoirs pour vos activités au Viet Nam ?

À la suite de notre visite conjointe avec le GPE et Save the Children au Viet Nam l'année dernière, nous avons compris qu'il était absolument nécessaire que les enfants issus de minorités ethniques reçoivent une éducation dans leur langue maternelle, car c'est un moyen plus efficace d'impliquer les jeunes apprenants dans la lecture et l'apprentissage. La pénurie d'enseignants en langues minoritaires rend cette tâche difficile.

Nous espérons qu'après la mise en œuvre du projet commun, la situation s'améliorera afin que les enfants issus de minorités ethniques puissent commencer leur éducation de base sur un pied d'égalité avec les enfants qui parlent le vietnamien traditionnel.

Cette barrière de la langue pour les minorités ethniques existe dans plusieurs autres pays, et nous espérons que ce projet au Viet Nam sera également un exemple pour ces pays.

Comment voyez-vous le développement de la collaboration avec le GPE et dans quelle mesure est-il important pour la Nippon Foundation d'investir dans la coopération en matière d'éducation ?

Sans éducation, les enfants issus de milieux pauvres ne peuvent pas échapper au cycle de la pauvreté. Ils travaillent souvent dès leur plus jeune âge pour de bas salaires, avec peu de chances d'augmenter leurs revenus au niveau de leurs pairs plus instruits.

En ce qui concerne la coopération, puisque nous sommes dans le département des relations internationales, nous sommes actifs non seulement au Viet Nam, mais aussi en Asie du Sud-Est et en Asie centrale. Nous espérons pouvoir travailler avec le GPE si des opportunités se présentent dans d'autres pays également.