Batmunkh Nyamsuren, enseignante à Oulan-Bator, en Mongolie, se souvient de l'instant précis où elle a décidé de se consacrer à l'éducation spécialisée.
Dans des écoles pilotes à Oulan-Bator, en Mongolie, des enseignants d'éducation spécialisée participent à un projet du gouvernement soutenu par le GPE qui vise à mettre en œuvre l'éducation inclusive dans les écoles ordinaires.
« En 2016, après avoir passé cinq ans dans une école d'enseignement général, j'ai commencé à travailler comme enseignante de mathématiques à l'école d'éducation spécialisée no 25. Dans ma première classe, il y avait 10 élèves, 9 étaient paraplégiques ou en fauteuil roulant, et 1 avait une déficience intellectuelle. Après mon cours, j'ai aperçu une élève ayant une déficience mentale aider un camarade de classe à pousser son fauteuil roulant dans la salle du cours de musique. J'ai été touchée de voir un tel amour inconditionnel. Cette élève manifestait une belle attitude. Elle avait pour habitude d'aider les autres, bien que personne ne lui ait jamais appris à le faire. À partir de ce moment-là, j'ai commencé à travailler pour le bien-être des enfants, en particulier ceux en situation de handicap. »
En 2018, Mme Nyamsuren a suivi le programme d'un an de formation en éducation spécialisée à la Mongolian University of Education.
« Mon intention est d'encourager l'espoir et la motivation chez les enfants. Eux aussi ont des rêves, et nous devons les aider à atteindre leurs objectifs. La classe que j'ai supervisée a remporté plusieurs prix, notamment dans les catégories de meilleure classe, meilleure classe de lecteurs, meilleur élève de l'école et du district, et meilleurs élèves de l'année. »
Participation au projet d'éducation inclusive
La Mongolie a fait des efforts considérables pour renforcer ses politiques d'éducation inclusive afin que tous les enfants, quelles que soient leurs handicaps, bénéficient d'un accès équitable à une éducation de qualité.
L'éducation inclusive consiste à offrir l'égalité des chances d'apprentissage à tous les élèves, quelles que soit leurs capacités ou leurs handicaps, dans les établissements ordinaires plutôt que les séparer dans des écoles d'éducation spécialisée.
À cette fin, le ministère de l’Éducation, avec le soutien du GPE, travaille activement sur des initiatives visant à améliorer les infrastructures scolaires physiques afin de mieux accueillir les élèves présentant un handicap.
Au nombre de ces initiatives, citons la création de Student Development and Support Classrooms ou SDSC (salles de développement et de soutien aux élèves) dans les écoles ordinaires à l'appui de l'éducation inclusive ; le déploiement d'enseignants d'éducation spécialisée dans les écoles ordinaires et la création d'un réseau d'enseignants ayant pour mission de mettre en œuvre des pratiques d'éducation inclusive.
Dans le cadre de ce projet, Mme Nyamsuren est intervenue en tant que consultante auprès de l'équipe qui a aidé les enseignants ordinaires d’Erdmiin Khutuch et de l'école secondaire N° 71, à rendre l'éducation plus inclusive pour les enfants en situation de handicap.
L'équipe consultante a organisé des activités de formation et de sensibilisation à l'intention de la direction de l'école, de l'équipe de soutien, des enseignants, des parents et des pairs. Elle a observé les méthodes pédagogiques des enseignants, la participation des enfants et l'attitude de la classe.
« Les élèves en situation de handicap ont fait état d'une faible estime de soi, d'un auto-isolement de leurs pairs, d'infrastructures scolaires inadéquates et d'un manque de soutien de leurs camarades de classe. »
Les difficultés des enseignants qui encadrent des enfants en situation de handicap dans les milieux ordinaires
Selon Mme Nyamsuren, la majorité des enseignants au primaire dans les deux écoles comprennent bien ce qu’est l'éducation inclusive et ce que sont les plans d'éducation individualisés. C'est la mise en œuvre qui est problématique.
« L'école manque de méthodes pédagogiques pour encadrer les enfants en situation de handicap, de pratiques d'enseignement et d'instruction en collaboration et d'une structure formelle de soutien à l'équipe pédagogique. En plus d'avoir besoin de conseil professionnel, les enseignants expliquent qu'ils n'ont pas les connaissances et les méthodes requises pour bien utiliser l'équipement et le matériel pédagogique adapté. Dans les collèges, les enseignants ne disposent pas des connaissances nécessaires sur l'éducation inclusive, ni des compétences requises pour encadrer et instruire les enfants en situation de handicap. »
Pas à pas vers l'inclusion
À la lumière des résultats tirés de l'observation des classes, l'équipe consultante a donné des conseils personnalisés de méthode aux enseignants et à leurs tuteurs.
L'étape suivante consistait à mener des entretiens individuels et une consultation auprès des enfants en situation de handicap et de leurs parents, ainsi que des évaluations initiales. L'équipe a ensuite aidé les enseignants à élaborer des plans d'éducation individualisés, à créer diverses tâches, à adapter les programmes et à évaluer les progrès des enfants en situation de handicap.
Enfin, les consultants ont suggéré de créer un réseau d'enseignants en fonction des types de handicaps.
De grandes attentes
Grâce à ce travail, Mme Nyamsuren espère que chaque école pourra reconnaître, comprendre et soutenir les caractéristiques et les besoins des élèves à leurs différents stades de développement. Elle espère également voir augmenter la coopération entre les écoles, les enseignants, les parents, les tuteurs et les pairs, et assister à des changements positifs dans les attitudes.
Le projet devrait garantir une participation plus équitable de tous les élèves et fournir des méthodes d'apprentissage adaptées aux aptitudes réelles de chaque enfant.
L'amélioration du cadre juridique a suscité l’intérêt des tuteurs et des parents pour faciliter les interactions entre pairs pour leurs enfants en situation de handicap scolarisés dans une école ordinaire.
Au cours de l'année scolaire 2023-2024, 27 % des enfants en situation de handicap étaient scolarisés dans des écoles spécialisées tandis que les 73 % restants fréquentaient des écoles ordinaires.
On espère que les enseignants seront en mesure de choisir le matériel et les méthodes pédagogiques qui conviennent pour travailler avec chaque enfant, d’assurer un accès égal aux services d'éducation à tous les élèves en fonction de leurs besoins et de leurs centres d'intérêt et d’apprendre les méthodes et de les améliorer par la suite, de sorte que chaque enfant puisse progresser.
Au cours de l'année à venir, ils entendent obtenir des améliorations concrètes pour tous les élèves en situation de handicap. Les progrès des enfants seront suivis par l'Institut national de recherche sur l'éducation.
À propos du projet
En septembre 2022, le ministère mongol de l’Éducation et des Sciences a lancé la mise en œuvre du projet Enabling Equity to Advance Learning (Favoriser l’équité pour faire avancer l’apprentissage), appuyé par un financement du GPE de 5 millions de dollars.
Le programme porte sur trois priorités du secteur éducatif, à savoir l'éducation inclusive, l'alimentation scolaire et l'enseignement mixte, avec le soutien de plusieurs partenaires du fonds à effet multiplicateur, parmi lesquels JICA, KOICA, Save the Children et d'autres partenaires de développement en Mongolie.
Dans le cadre du volet du projet sur l'éducation inclusive, 18 écoles cibles seront dotées de Student Development and Support Classrooms ou SDSC (salles de développement et de soutien aux élèves). Une équipe pilote de six enseignants d'éducation spécialisée a été déployée dans cinq écoles cibles d'Oulan-Bator avec pour mission d'améliorer les activités et les services des SDSC.
Le projet sera par la suite étendu à 13 écoles dans 4 provinces cibles. L'équipe a organisé des séances de soutien psychologique pour aider les enfants, les directions d'école, les enseignants et les parents à résoudre des problèmes liés à l'égalité et à l'inclusion des enfants en situation de handicap dans le système éducatif. Un réseau d'enseignants a également été mis sur pied au niveau de l'école.
Grâce aux réseaux créés dans chaque école, les enseignants peuvent échanger leur expérience, partager des informations, améliorer leurs compétences et leurs méthodes didactiques, pratiquer l'enseignement en collaboration et renforcer leur capacité tout entière.