Réflexion sur les activités de plaidoyer des jeunes en Indonésie pour une éducation inclusive et équitable

Anna Bella Sabilah, jeune leader indonésienne du GPE, nous raconte comment elle a milité ces derniers mois en faveur de politiques éducatives inclusives et équitables.

17 février 2025 par Anna Bella Sabilah, GPE Secretariat
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Des élèves durant une séance de travail en groupe à Mojokerto, en Indonésie. Crédit : Akhmad Dody/Banque mondiale

Des élèves durant une séance de travail en groupe à Mojokerto, en Indonésie.

Credit: Akhmad Dody/Banque mondiale

L'activisme des jeunes semble souvent réaliser beaucoup de progrès, puis des obstacles surviennent. Bien que cela puisse être éprouvant, je peux compter sur une communauté de jeunes soudée pour surmonter ces défis.

L'année dernière, le mois de mai a été particulièrement difficile. J'ai défendu plusieurs causes dans le secteur de l'éducation de mon pays et j’ai dû naviguer sur la vague de protestations étudiantes qui ont eu lieu dans toute l'Indonésie, y compris dans ma région à Tangerang Sud.

Parallèlement, j’ai maintenu des partenariats avec les responsables de l'éducation.

Cela a également été l'occasion de nouer de nouveaux partenariats. En effet, j’ai assisté à un événement organisé par le GPE à Jakarta, où j'ai pu faire la connaissance de Deepali Gupta, spécialiste du plaidoyer et des partenariats du GPE pour la région Asie-Pacifique, ainsi que rencontrer d'autres personnes engagées dans des activités de plaidoyer pour l'éducation.

Quelques jours plus tard, j'ai rencontré des représentants du GPE lors d'une visite au siège du Network for Education Watch Indonesia (NEW Indonesia).

Cela a été une expérience formidable qui m'a permis de discuter du plaidoyer et des programmes que je mène ici en Indonésie. C'est un honneur pour moi d'être une jeune leader du GPE et de bénéficier de telles opportunités.

Photo de groupe d'élèves, de responsables d'établissements scolaires et leaders communautaires avec des représentants du GPE lors d'une visite scolaire au collège SMP Regina Pacis de Jakarta, en Indonésie. Crédit : GPE/Eric Noronha

Photo de groupe d'élèves, de responsables d'établissements scolaires et leaders communautaires avec des représentants du GPE lors d'une visite scolaire au collège SMP Regina Pacis de Jakarta, en Indonésie.

Credit:
GPE/Eric Noronha

J'ai également pris part à un dialogue avec le ministère de l'Éducation à l'occasion de la Journée nationale de l'éducation portant sur la mise en œuvre du programme Merdeka Belajar.

Ce programme met l'accent sur le développement des compétences et la préparation des jeunes à l'avenir du travail. Il vise à relever les défis éducatifs persistants en Indonésie, à savoir l'accès à l'éducation de base pendant 12 années pour tous les niveaux de la société.

Nous avons discuté de la capacité et de la qualité de la formation des éducateurs, ainsi que des stratégies de mise en œuvre du programme Merdeka Belajar avec une approche plus humaniste.

L'objectif consiste à renforcer les compétences des enseignants ainsi que l'ensemble du système éducatif en vue d’améliorer la qualité de l'éducation.

Ce dialogue a réuni des acteurs clés du secteur éducatif, notamment des membres de la société civile engagés au niveau local, des enseignants, des praticiens de l'éducation et le ministère de l'Éducation.

L'impact des campagnes menées par les jeunes en faveur de l'éducation

Je pense qu'en tant que jeunes, nous avons appris à mieux faire entendre nos besoins. Notre coalition de jeunes en Indonésie - composée du Forumpuan, du Student Executive Council of the Faculty of Education of UIN Syarif Hidayatullah Jakarta (Conseil exécutif des étudiants de la Faculté d'éducation de l'UIN Syarif Hidayatullah de Jakarta), de la communauté des humoristes, des amis des anciens élèves des internats islamiques et de NEW Indonesia - a créé un mouvement de solidarité pour mener une campagne en faveur de l’éducation.

Cette campagne s'est déroulée à la fois en ligne et hors ligne sous la forme d'une compétition humoristique pour réunir des jeunes de Jakarta, Bogor, Depok, Tangerang et Bekasi au sein d’un forum informel et instructif.

Les participants ont soulevé de nombreuses questions importantes dans l’éducation, notamment la rémunération des enseignants, les bourses pour les élèves défavorisés, la stigmatisation des élèves en situation de handicap et la nécessité de disposer d'établissements scolaires inclusifs, le harcèlement scolaire, le harcèlement sexuel et l'augmentation des frais universitaires.

La compétition nous a également aidés à obtenir du soutien pour la réforme judiciaire sur l'accès à l'éducation de la maternelle à la terminale dans tout le pays, en particulier de la part des communautés de jeunes et des organisations non gouvernementales.

Nous plaidons pour que chaque enfant puisse bénéficier de 12 années d'éducation, incluant la gratuité de l'enseignement dans les établissements publics et privés, grâce à un financement conjoint des gouvernements locaux, ainsi qu'une éducation inclusive destinée aux plus vulnérables.

Construire des coalitions de jeunes

Après la compétition, nous nous sommes réunis avec d'autres étudiants pour discuter de la suite des événements. Nous avons décidé que le gagnant de la compétition dirigerait et servirait de figure emblématique pour la prochaine campagne : Young People for Education (Les jeunes pour l'éducation) en Indonésie.

Nous avons également abordé l'ouverture d'autres canaux de plaidoyer en impliquant des jeunes issus des milieux artistiques et entrepreneuriaux qui partagent également un intérêt pour l'éducation. J'espère que nous pourrons toucher un éventail plus large de personnes qui se consacrent aux questions éducatives et à la mise en œuvre de leurs politiques.

Fin juin, j'ai créé la Youth Coalition for Education, concrétisant ainsi notre concept initial de Young People for Education, afin de travailler sur le suivi du processus de réglementation des questions de l’enseignement supérieur, de plaider en faveur de 12 années de scolarité gratuite devant la Cour constitutionnelle et de créer des environnements éducatifs sûrs et inclusifs.

Impliquer davantage les jeunes pour faire avancer les engagements de la campagne

Depuis le début de la campagne, je travaille à soutenir le développement de la communauté des jeunes. Nous voulons offrir aux jeunes un espace aussi large que possible au sein duquel ils puissent exprimer leurs préoccupations en matière d'éducation.

Afin de sensibiliser et de populariser l'idée que la gratuité de l'école est un besoin fondamental pour tous les enfants indonésiens, nous avons organisé une série de discussions sur le fonctionnement des politiques éducatives, les mécanismes de plaidoyer, la promotion d'un cadre inclusif tant sur le plan social que sur le plan du genre, ainsi qu'une analyse intersectionnelle des divers enjeux liés à l'éducation.

Les dernières informations sur nos efforts de plaidoyer montrent que nous avons encore un long chemin à parcourir, mais que des progrès ont été réalisés.

Lors de la dernière séance, nous avons présenté des faits et des données sur la politique scolaire en collaboration avec PPN/Bappenas. Depuis lors, le gouvernement a annoncé la mise en place de la gratuité des frais de scolarité pour les écoles privées, permettant ainsi à 238 000 élèves de Jakarta d'accéder à l'éducation.

C’est une première étape importante.

Nous avons également organisé un Instagram Live pour sensibiliser aux cas non signalés d'extorsion et de violence sexuelle dans les écoles, et avons participé à des ateliers sur les évaluations du budget de l'éducation, les normes de service minimum et la planification régionale.

À travers ces initiatives, nous espérons accroître la sensibilisation des jeunes et du grand public aux enjeux de l'éducation, tout en promouvant une éducation accessible à tous.

En octobre dernier, j'ai également été l'une des intervenantes de la revue sectorielle conjointe annuelle organisée par le groupe local des partenaires de l'éducation en Indonésie et le GPE. J'ai pu représenter NEW Indonesia pour parler de la manière dont les données peuvent être utilisées pour améliorer la qualité des pratiques d'apprentissage et le leadership pédagogique.

Les intervenants ont examiné les performances et les réalisations actuelles du système éducatif en évaluant son accès et sa qualité du point de vue de la société civile.

J'ai trouvé qu'il s'agissait d'une stratégie efficace que les jeunes peuvent adopter : présenter des données et des récits à la fois quantitatifs et qualitatifs nous permettant d’étayer nos arguments lorsque nous nous adressons aux décideurs politiques.

J’ai personnellement exhorté le ministère de l’Éducation à faire preuve de davantage de rigueur dans la mise en œuvre de sa politique, en particulier face à la hausse du nombre d’enfants déscolarisés ou en risque de décrochage scolaire en raison de leur manque de moyens.

Parmi les solutions que j'ai proposées figure la gratuité de l'enseignement dans les écoles publiques et privées par le biais des gouvernements locaux.

J'ai également exhorté le groupe de travail du ministère chargé de la prévention et de la gestion des violences sexuelles (Pemberantasan Kekerasan Seksual, PPKS) à s'engager activement dans les cas de violence en milieu scolaire en impliquant des membres de la société civile en tant que partenaires.

En tant que jeunes, nous devons participer plus activement à la transformation du système éducatif.

À l'avenir, j'espère développer une nouvelle approche de la défense de l'éducation en Indonésie en identifiant l’ensemble des besoins, en proposant des solutions efficaces et en continuant à promouvoir un environnement éducatif sûr et inclusif.

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