En 2018, Sierra Leone a entrepris de transformer son système éducatif en améliorant l'accès et la qualité à tous les niveaux de l'enseignement. Les réformes ont conduit à des améliorations significatives.

Cependant, en 2014 et 2021, les évaluations des compétences des élèves en lecture et en calcul dans les petites classes montrent que la plupart d'entre eux n'acquièrent pas ces compétences de base.

Pour y remédier, le pays élargit l'accès à l'enseignement préscolaire, en veillant à ce que davantage d'élèves soient prêts à apprendre lorsqu'ils entrent à l'école primaire.

Définir clairement les résultats d'apprentissage pour les niveaux de la 1^ère à la 4^e année permet de jeter les bases pour la conception de nouveaux matériels d'enseignement et d'apprentissage et d'outils d'évaluation formatifs pour les premières années d’études. L’accent mis sur les enseignants vise à former, recruter, retenir et soutenir d’excellents éducateurs pour les classes de préscolaire et de primaire.

Comme le décrit le Pacte de partenariat de la Sierra Leone, le gouvernement travaille avec le GPE et d'autres partenaires pour assurer les fondements de l’apprentissage pour tous.

L'équipe de communication du GPE s'est entretenue avec Emmanuel Allie, chargé de liaison du GPE au ministère de l'Éducation de base et de l'Enseignement secondaire supérieur (MBSSE), et Mathias Esmann, ancien conseiller en éducation au MBSSE, à propos du chemin parcouru par la Sierra Leone pour réaliser un changement durable et à grande échelle qui profite à chaque enfant.

Que signifie la transformation du système dans le contexte de la Sierra Leone ?

Le processus de transformation de l'éducation a commencé en 2018 lorsque la Sierra Leone a déclaré que l'éducation était la clé du développement national et a introduit le programme d'éducation scolaire gratuite et de qualité (Free Quality School Education).

Le gouvernement a alloué 20 % de son budget à l'éducation, a supprimé les frais de scolarité, a rendu les examens de transition gratuits et a investi massivement dans le matériel pédagogique et d'apprentissage, les salaires des enseignants et de nouveaux équipements pour les écoles.

En outre, le gouvernement a introduit un certain nombre de politiques visant à revitaliser le secteur de l'éducation, notamment en matière d'inclusion radicale et de développement intégré de la petite enfance, et a remanié les programmes scolaires.

Cette transformation implique également un rôle de leader à l'échelle internationale et un partenariat avec d'autres pays sur cette même voie. La Sierra Leone a présidé le comité de pilotage de haut niveau pour l'ODD 4, le conseil consultatif du Sommet sur la transformation de l'éducation ainsi que le conseil consultatif du Rapport mondial de suivi sur l'éducation, et a siégé au Conseil d'administration du GPE.

La Sierra Leone a accueilli treize pays africains à Freetown lors du lancement du Manifeste de Freetown et sept autres lors de l'inauguration de l'Échange sur l'apprentissage fondamental.

Pourtant, le travail ne fait que commencer, et il reste beaucoup à accomplir pour que cette révolution dans l'accès à l'éducation se traduise en une amélioration des acquis scolaires pour tous.

Pourquoi la Sierra Leone a-t-elle choisi « les fondements de l'apprentissage pour tous » comme réforme prioritaire ?

Le choix des « fondements de l'apprentissage pour tous » comme réforme prioritaire découle du plan sectoriel de l'éducation 2022-26 de la Sierra Leone, qui définit clairement l'objectif global d'amélioration des acquis scolaires en lecture et en mathématiques évalués en 4^e année comme un objectif central du secteur de l'éducation de la Sierra Leone.

Cet objectif s'inscrit directement dans les ambitions de réalisation de l'indicateur 4.1 des ODD de la Sierra Leone et dans son engagement international de réduire de moitié la pauvreté des apprentissages d'ici 2030.

Le gouvernement a également lancé le Programme d'innovations en matière d'éducation (2019-22) et le Programme d'innovations en matière d'éducation de la Sierra Leone (2022-25) spécifiquement pour relever le niveau des acquis scolaires dans les premières années d'école.

Le ministère de l'Éducation de base et de l’Enseignement secondaire supérieur a créé une équipe technique chargée de définir la réforme prioritaire. Il en a émergé un large consensus sur le fait que si la Sierra Leone pouvait améliorer les résultats en matière d‘acquis scolaires, le pays pourrait également progresser dans son programme d'inclusion. Par conséquent, les indicateurs de la réforme prioritaire exigent explicitement de combler les lacunes en matière d'accès et de résultats.

Comment cette priorité peut-elle contribuer à la transformation du système ?

Lorsque les enfants bénéficient de leur droit fondamental à l'éducation et apprennent à lire, à calculer et à interagir avec les enseignants et les autres enfants, ils deviennent capables de se former eux-mêmes : c'est ce que nous appelons « apprendre à apprendre ».

Une fois que les enfants considèrent leur école comme un espace sûr pour leur propre développement, ils sont beaucoup moins susceptibles d'abandonner leur scolarité. Les enseignants peuvent se concentrer sur des sujets adaptés à l'âge des élèves dans les classes supérieures plutôt que d'aider ces derniers à rattraper leur retard sur des compétences de base.

De plus, la Sierra Leone bénéficiera d'une main-d'œuvre éduquée. Une étude a démontré que lorsque les enfants apprennent dans une salle de classe au lieu d'y être sans vraiment apprendre, les avantages socio-économiques de l'éducation se multiplient.

La Sierra Leone s'est fermement engagée à tirer parti de ces avantages pour le développement du pays.

Comment les processus du GPE ont-ils aidé la Sierra Leone à construire les bases d'un changement durable ?

Le GPE a fourni l'impulsion nécessaire au gouvernement de la Sierra Leone pour créer un pacte de partenariat. Le pays disposait déjà d'un ensemble de partenariats solides dans le secteur de l'éducation et le processus de pacte a permis à ce groupe de se réunir avec le gouvernement pour se concentrer sur une seule réforme dotée d'un potentiel de transformation.

Il s’agit d’un outil puissant pour démontrer l'engagement du gouvernement à l'égard d'une ligne de conduite donnée et il s'est avéré efficace pour mobiliser un soutien supplémentaire en faveur des ambitions du gouvernement en matière d'éducation.

En quoi cette approche est-elle différente de ce que vous faisiez auparavant ?

Le système éducatif de la Sierra Leone souffre d'un déficit d'investissements chronique, au moins depuis l'éclatement de la guerre civile au début des années 1990.

Aujourd'hui, pour la première fois, le gouvernement consacre 20 % de son budget à l'éducation, une véritable nécessité lorsque l’âge médian de la population du pays est de 19 ans.

Cet investissement traduit la conviction du gouvernement que le développement du capital humain se trouve au cœur du développement national. Le gouvernement s'attache à assurer une éducation à tous les enfants, en accordant une attention particulière aux enfants issus des communautés pauvres et isolées, aux filles et aux enfants en situation de handicap : nous appelons cela « l'inclusion radicale ».

Enfin, le gouvernement utilise les données et la technologie pour mesurer ses propres progrès et être en mesure de réorienter sa stratégie lorsque cela s’avère nécessaire.

Quelles sont vos aspirations pour les enfants de la Sierra Leone ?

Que tous les enfants reçoivent l'éducation qu'ils méritent. Que l'engagement pris par le gouvernement soit concrétisé grâce aux efforts coordonnés de toutes les parties prenantes. Que les enfants, les enseignants et les parents travaillent dans l'intérêt de tous. Que l'enseignement dispensé soit adapté à l'objectif visé.

Et que l'éducation soit soutenue par un système qui permette à chaque enfant de réaliser pleinement son potentiel.