La technologie au service de l'éducation : perspectives des jeunes sur l'importance d'élargir l'accès au numérique

Le GPE organise une série de blogs sur l’initiative Tech4Ed qui examine les facteurs déterminants de la transformation numérique. Dans ce blog, Ayesha Khan, jeune leader du GPE au Canada, partage son point de vue sur les impacts de l'élargissement de l'accès au numérique.

18 mars 2025 par Ayesha Khan, GPE Secretariat
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Lecture : 5 minutes
Muzhda Akbari, 19 ans, militante pour l'éducation des réfugiés et fondatrice de l'organisation Code Green Afghanistan, s'exprimant lors d'un événement où elle représentait son organisation. Crédit : Ayesha Khan

Muzhda Akbari, 19 ans, militante pour l'éducation des réfugiés et fondatrice de l'organisation Code Green Afghanistan, s'exprimant lors d'un événement où elle représentait son organisation.

Credit: Ayesha Khan

Le monde numérique ouvre des perspectives infinies aux élèves, leur offrant des opportunités, des connexions et des moyens d'agir tant sur le plan économique que social.

Idéalement, la technologie permettrait à tous les élèves, indépendamment de leur lieu de résidence et de leur situation, de se construire un avenir meilleur.

Pourtant, un simple coup d'œil dans les salles de classe de la planète, qu’il s’agisse d'un camp de réfugiés en Ouganda ou d’une salle de classe au Canada, nous permet de constater de profondes inégalités.

Les élèves qui pourraient tirer le plus grand bénéfice de l'impact transformateur des technologies et de l'apprentissage des compétences numériques sont actuellement ceux qui y ont le moins accès.

Pour les élèves réfugiés, dont les déplacements constants et l'exposition aux conflits empêchent une scolarisation continue dans un environnement stable, la technologie au service de l'éducation offre la flexibilité dont ils ont besoin pour apprendre et les aide à se préparer à réintégrer les salles de classe après un conflit.

Cependant, les réfugiés se heurtent à des obstacles majeurs lorsqu'il s'agit d’utiliser la technologie pour apprendre, que ce soit simplement en raison de l’absence d'accès physique aux ordinateurs fixes et portables ou du manque de ressources en ligne dans leur langue.

Néanmoins, des jeunes qui ont été confrontés à des expériences de déplacement parviennent à trouver des solutions innovantes pour combler cette fracture numérique et élargir l'accès à l'apprentissage pour les réfugiés.

Muzhda Akbari est une jeune femme de 19 ans qui milite pour l'éducation des réfugiés. Elle a fondé Code Green Afghanistan, une organisation à but non lucratif qui propose des cours virtuels de programmation aux jeunes filles afghanes et à celles qui ont été déplacées par le conflit.

J'ai eu la chance de rencontrer Muzhda lors de plusieurs événements à Toronto axés sur les droits des réfugiés et l'éducation, et j'ai depuis collaboré avec elle à la collecte de fonds pour une initiative de distribution de livres promue par Code Green pour les filles en Afghanistan.

Muzhda participant à un événement. Crédit : Ayesha Khan

Muzhda participant à un événement.

Credit:
Ayesha Khan

L'idée de Code Green Afghanistan est née du propre parcours de Muzhda, réfugiée au Pakistan où elle n'avait pas accès à l'éducation formelle.

Frustrée et incertaine quant à son avenir, Muzdha a appris la programmation, une compétence qui lui a rappelé sa capacité innée à apprendre et à créer pour se construire un avenir plein d'espoir.

Selon les propres mots de Muzdha :

Muzhda Akbari

« Je voulais partager ce même sentiment d'espoir et d'autonomisation avec d'autres filles et réfugiées afghanes. [À Code Green Afghanistan], nous ne nous contentons pas d'enseigner la programmation, mais nous leur montrons que ce monde existe, qu'elles y ont accès et que cela peut être leur point de départ. Nos cours ont servi d’introduction : après avoir appris avec nous, l'étape suivante consistait à explorer davantage, à trouver de nouvelles ressources et à poursuivre leur parcours d'apprentissage de manière indépendante. Au-delà des compétences techniques, nous leur avons donné la confiance nécessaire pour croire en leur capacité à créer et à construire malgré leur situation.
Mon plus grand espoir pour Code Green Afghanistan est de continuer à utiliser la technologie comme un outil de plaidoyer, non seulement pour doter les femmes et les enfants réfugiés de compétences, mais aussi pour leur donner une voix. Les filles afghanes, qu'elles soient en Afghanistan ou en exil, méritent un avenir où elles ne sont pas seulement des élèves passives, mais des actrices du changement. Grâce à la technologie, je veux les aider à revendiquer leur place dans le monde numérique et au-delà. »

Muzhda Akbari

Cependant, le travail de Muzhda n'est pas sans défis.

Naviguer dans des environnements aux ressources limitées, tels que les camps de réfugiés dont les infrastructures sont insuffisantes, complique la mise en œuvre du programme Code Green.

Les obstacles à l'accès ne sont pas uniquement liés au manque d'ordinateurs ou de technologie.

Les prix élevés des cours en ligne, les possibilités limitées de mentorat pour développer les compétences numériques et le fossé linguistique avec la communauté d'accueil creusent également l'écart entre les réfugiés et le reste de la population en matière de culture numérique et d'opportunités.

Muzhda Akbari

« Les filles afghanes, en particulier celles soumises à des restrictions extrêmes, sont confrontées à des difficultés économiques qui les empêchent d'investir dans l'éducation numérique. Même si elles parviennent à trouver des ressources d'apprentissage en ligne, elles n'ont souvent pas les moyens financiers de payer l'accès à Internet ni la liberté d'étudier dans un espace sûr. À Code Green Afghanistan, nous avons été confrontés à bon nombre de ces défis directement. De nombreuses filles réfugiées avec lesquelles nous avons travaillé au Pakistan et dans d'autres pays étaient impatientes d'apprendre à programmer et d'acquérir des compétences numériques, mais elles ne pouvaient pas faute d'ordinateur ou d'accès stable à l'internet. »

Muzhda Akbari
Des jeunes filles lisent dans la bibliothèque construite par Code Green en Afghanistan. Crédit : Ayesha Khan

Des jeunes filles lisent dans la bibliothèque construite par Code Green en Afghanistan.

Credit:
Ayesha Khan

Pour Muzhda, le potentiel de la technologie à autonomiser et développer l'autosuffisance des élèves réfugiés est évident.

Mais compte tenu du niveau actuel des engagements et des investissements des gouvernements des pays d'accueil dans l'éducation numérique des réfugiés, la réalisation de ce potentiel reste incertaine.

Cette situation est devenue évidente lors de la pandémie de COVID-19, lorsque 57 % des élèves réfugiés scolarisés avant la pandémie n'ont pas bénéficié de l'apprentissage numérique pendant les fermetures des écoles.

Les jeunes réfugiés connaissent les lacunes en matière d'accès à l'éducation numérique. Ils ont des solutions évolutives.

Ce qu'ils demandent maintenant, c'est que les dirigeants les écoutent, qu'ils accordent la priorité à leur éducation et, surtout, qu'ils collaborent à la construction d'un avenir plus égalitaire pour tous. Comme le résume Muzhda :

Muzhda Akbari

« J'imagine un avenir où chaque élève déplacé, en particulier les jeunes femmes, bénéficie d'un accès illimité à l'éducation numérique, où les barrières [liées à] la géographie, au genre et aux conflits ne déterminent pas leurs opportunités. J'espère voir davantage de plateformes d'apprentissage adaptées au hors ligne, de ressources multilingues et de programmes de bourses d'études spécifiquement conçus pour les réfugiés. Je rêve également d'un monde où les élèves et étudiants déplacés ne sont pas seulement des apprenants, mais des créateurs, des innovateurs et des leaders dans l'espace numérique. Avec les bons investissements, nous pouvons réaliser cette vision et nous devons agir maintenant pour qu'elle devienne réalité. »

Muzhda Akbari

Le pouvoir de transformation de la technologie au service de l'éducation est incontestable, mais son accès reste profondément inégal, en particulier pour les réfugiés et les jeunes déplacés.

Comme le démontrent de jeunes leaders tels que Muzhda Akbari, l'éducation numérique peut constituer une véritable bouée de sauvetage, en apportant non seulement des compétences, mais aussi de l'espoir et des possibilités d'action.

Cependant, le fardeau de la réduction de la fracture numérique ne doit pas reposer uniquement sur les personnes les plus touchées.

Les gouvernements, les décideurs politiques et les institutions mondiales doivent agir pour supprimer les obstacles systémiques, investir dans un apprentissage numérique inclusif et s'assurer que les jeunes réfugiés ne sont pas laissés pour compte.

Il existe des solutions. Ce dont nous avons désormais besoin, c'est la volonté de les mettre en œuvre. Un avenir où chaque élève déplacé a la possibilité de s’épanouir dans le monde numérique est à portée de main, si nous choisissons d'en faire une priorité.

En savoir plus sur les jeunes leaders du GPE.

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