À la suite de la Journée mondiale de la santé mentale célébrée le 10 octobre dernier, j'aimerais parler d'un projet que nous avons lancé avec nos partenaires en Inde et au Bangladesh pour mieux soutenir le bien-être émotionnel des enfants et des jeunes sourds. Dans les zones rurales pauvres où Deaf Child Worldwide (DCW) opère, les services de santé mentale sont pratiquement inexistants.
Notre projet est né lorsque nos organisations partenaires ont remarqué que les enfants et les jeunes sourds avec lesquels ils travaillaient semblaient souvent présenter des problèmes émotionnels, allant du retrait et de l'isolement à des passages à l'acte agressifs. Inutile de dire que ces comportements extrêmes ont eu un effet négatif sur leur éducation.
Les obstacles à la langue et à la communication
Ces comportements découlent des barrières linguistiques et de communication auxquelles les enfants et les jeunes sourds avec lesquels nous travaillons peuvent être confrontés.
Un diagnostic tardif et un non-accès aux appareils auditifs signifient qu'ils ont souvent des retards de langage importants. Et parce qu'ils ne reçoivent pas le soutien dont ils ont besoin, leurs familles, leurs écoles et leurs communautés ont du mal à communiquer avec eux. Plusieurs facteurs sont en jeu :
- Ils doivent lutter quotidiennement pour se faire comprendre, même par leur propre famille. Cela peut naturellement faire naître des sentiments d'isolement, de solitude et de frustration ;
- Souvent, l’enfant est la seule personne sourde de sa famille, de son école ou même de toute sa communauté. Il n'a donc personne avec qui partager ses sentiments ;
- Les enfants sourds sont parfois victimes d'intimidation ou de stigmatisation, de discrimination ou d'inégalité en raison de leur surdité ;
- Dans des situations stressantes, de nombreux enfants sourds restent anxieux parce que personne ne leur a expliqué de manière adéquate la situation génératrice de stress.
Les travailleurs en première ligne
En Asie du Sud, nos partenaires emploient des mentors sourds. Il s’agit d’adultes sourds qui soutiennent les enfants sourds pour les aider à développer des compétences linguistiques et de communication et à soutenir leur alphabétisation. Cela peut consister à donner des cours de langue des signes, rendre le travail scolaire plus accessible (grâce au matériel visuel développé par nos partenaires, par exemple) et les tenir informés des problèmes plus larges de la communauté.
Les enfants sourds expriment fréquemment des sentiments de colère, de frustration et de repli à leurs mentors. Dans de telles situations, ils peuvent développer des problèmes de santé mentale plus graves si leurs préoccupations ne sont pas traitées à un stade précoce. Cependant, ce type d’intervention nécessite un niveau de connaissances dont les mentors ne disposent pas encore.