Les effets du changement climatique sont de plus en plus visibles et le secteur de l'éducation n'a pas été épargné. Compte tenu de l’accroissement du financement de l’action climatique, le secteur de l'éducation se heurte à d’importantes questions sur la manière d'accéder à ces ressources pour garantir la durabilité dans le contexte du changement climatique.

Il existe plusieurs sources de financement international de l’action climatique, notamment le Fonds vert pour le climat et le Fonds pour l’adaptation. Il existe des critères particuliers d'éligibilité au financement de l’action climatique qui représente une source de financement distincte du financement du développement traditionnel et qui s'attaque particulièrement aux enjeux liés au changement climatique.

En raison de ces critères, ce sont les liens les plus directs entre l'éducation et le changement climatique qui justifient le mieux l’éligibilité au financement de l’action climatique.

Il existe des liens clairs et multidirectionnels entre l'éducation et le changement climatique, avec des rapports à la fois directs et indirects. D'une part, le changement climatique représente un risque pour le secteur de l'éducation en ce qui concerne sa capacité à fournir une éducation de qualité. D'autre part, l'éducation a un rôle capital à jouer pour renforcer la capacité à lutter contre le changement climatique.

C'est dans ce chevauchement que les activités d'éducation seraient éligibles au financement de l’action climatique. Les liens directs sont ceux qui sont très clairs et proches, tandis que les liens indirects ont une chaîne de causalité plus longue, dans laquelle d'autres facteurs peuvent jouer un rôle, ce qui atténue le lien avec le changement climatique.

Les risques climatiques pour le secteur de l'éducation

Les dommages matériels causés aux bâtiments par les inondations, les vents violents et les tempêtes tropicales sont de plus en plus fréquents dans de nombreux pays.

Toutefois, il ne s’agit pas que de risques liés à l'eau et au vent. En effet, au Royaume-Uni, une alerte à la chaleur extrême à la suite de températures extrêmement élevées au mois de juillet a également entraîné la fermeture temporaire des écoles. Dans de nombreux cas, ces effets directs entravent la capacité à dispenser un enseignement.

Les effets des conditions météorologiques extrêmes se prolongent souvent bien au-delà de l'événement lui-même. Les écoles et autres bâtiments communautaires servent d’abris d’urgence en cas d'exposition à des phénomènes extrêmes.

Même si cela est indispensable pour sauver des vies, la réaffectation d’établissements signifie également que ceux-ci ne sont pas disponibles pour redevenir des salles de classe actives pendant des semaines, voire des mois, ce qui entrave à nouveau l'accès à l’éducation.

En 2019, dans la province de Manicaland au Zimbabwe, le cyclone Idai a entraîné la fermeture des écoles pendant 40 jours en raison de l’événement lui-même, et d'autres jours d’école ont été perdus puisque les personnes dont les maisons avaient été détruites se sont réfugiées dans les établissements scolaires jusqu'à ce que d'autres dispositions puissent être prises.

Outre ces effets directs sur la disponibilité de l'éducation, il existe également des effets plus indirects du climat sur l'accessibilité et la qualité de l'éducation. Même si les écoles sont ouvertes et fonctionnent, les pressions exercées par le changement climatique sur les moyens de subsistance peuvent inciter les parents à ne pas envoyer leurs enfants à l'école.

De même, bien que les enseignants et les élèves soient présents, leur capacité à enseigner et à apprendre sera freinée s'ils ont subi le traumatisme des conséquences destructrices des aléas climatiques, ou s'ils ont faim ou sont privés de nourriture et ne peuvent pas se concentrer pleinement.

L'éducation permet de développer les compétences nécessaires pour lutter contre le changement climatique

L'éducation a un rôle déterminant à jouer dans le développement des compétences nécessaires pour lutter efficacement contre le changement climatique. En ce qui concerne le lien le plus direct, l'éducation au changement climatique accroît la sensibilisation aux causes et aux conséquences du changement climatique.

Des formations spécialisées peuvent également permettre de former une main-d'œuvre capable de travailler dans des emplois verts destinés à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il peut s'agir d'installer des infrastructures d'énergies renouvelables ou de promouvoir des solutions fondées sur la nature afin de minimiser le risque de phénomènes extrêmes.

En plus de l'éducation au changement climatique et des formations spécialisées dans le domaine des emplois verts, il existe un lien plus indirect dans la mesure où l'éducation joue un rôle fondamental, en particulier pour les filles. L'éducation des filles et l’émancipation qui en découle sont étroitement liées à une meilleure capacité d'adaptation et à une vulnérabilité plus faible face au changement climatique.

Financement de l’action climatique

Le financement de l’action climatique est né de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et permet de soutenir la réduction des émissions de gaz à effet de serre qui contribuent à la hausse des températures dans le monde et de s’adapter aux conséquences du changement climatique.

Pour le distinguer du financement du développement plus traditionnel, le financement de l’action climatique nécessite généralement de justifier la manière dont les activités prévues permettent explicitement de s’adapter au changement climatique ou de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Éligibilité de l'éducation au financement de l’action climatique

La forte justification climatique requise par les critères d'éligibilité en vigueur signifie que les liens directs entre le climat et l'éducation sont plus faciles à justifier pour bénéficier du financement de l’action climatique.

Cela signifie que le financement de l’action climatique sera plus utile pour atténuer l'impact du changement climatique sur les infrastructures scolaires et pour promouvoir l'éducation au changement climatique, que pour soutenir les liens indirects qui se rapportent à la qualité et à l'accessibilité de l'éducation et au rôle fondamental de l'éducation, qui sont mieux adaptés au financement du développement traditionnel.

Comme le montre le diagramme, cela signifie qu'un sous-ensemble des activités globales du secteur de l'éducation pourra certainement bénéficier du financement de l’action climatique.

Des infrastructures scolaires « résistantes aux changements climatiques » signifient que les établissements scolaires sont conçus pour mieux résister aux aléas climatiques, ce qui réduit les risques de pertes ou de dommages.

En modifiant les infrastructures, il est également possible de soutenir les stratégies d’atténuation et de développement faible en carbone en utilisant des matériaux qui minimisent les émissions et une conception qui optimise la température souhaitée.

Le Fonds vert pour le climat soutient un projet au Bangladesh portant sur « l'intégration d'infrastructures résistantes au climat », qui construit 45 écoles supplémentaires destinées à assurer la continuité de l'éducation dans un contexte d'exposition au changement climatique, compte tenu de la hausse des températures, des précipitations variables, des cyclones tropicaux et de l'élévation du niveau de la mer.

Diverses initiatives bilatérales de financement de l’action du climat se concentrent sur ce point. Celles-ci s'accompagnent généralement de mesures visant à soutenir le développement de compétences appropriées chez les enseignants, afin qu’ils soient en mesure de dispenser une éducation adaptée au changement climatique.

De nombreux projets sectoriels, par exemple dans le domaine de l'agriculture et des ressources hydrauliques, comportent des éléments d'éducation au changement climatique et de formation aux compétences pertinentes. Un projet du Fonds vert pour le climat en cours de préparation à la Barbade prévoit d'éduquer à la réduction, à la réutilisation et au recyclage des eaux usées dans le cadre de son plan d’adaptation à l’épuisement des ressources en eau.

Bien que des arguments puissent être avancés en faveur des liens plus indirects, ces derniers sont plus difficiles à expliquer et à justifier dans le cadre de l'infrastructure internationale de financement de l’action climatique et de ses critères d'éligibilité actuels.

Par conséquent, il existe deux options principales pour que le secteur de l'éducation tire parti des opportunités actuelles de financement de l’action climatique :

• La première consiste à s'assurer que le secteur soit parfaitement prêt à relever le défi du changement climatique en renforçant la résilience des infrastructures pour que l'éducation puisse continuer à être dispensée ;
• La seconde consiste à garantir que les compétences appropriées en matière de sensibilisation et de réponse au changement climatique soient développées.

******

Lire les autres blogs de cette série