Samulo Mutale ne connaît que trop bien les effets du changement climatique. En tant que chargé de recherche en enseignement au sein du cabinet du ministre de l’Enseignement primaire et secondaire du Zimbabwe, il sait que les sécheresses, les inondations et les cyclones ont de graves répercussions sur l’accès des enfants à l’éducation et sur les infrastructures scolaires.

Repérer les enfants et les infrastructures les plus à risque et mettre au point des stratégies pour renforcer leur résilience est cependant nouveau pour lui.

« Participer à l’atelier d’analyse des risques liés au changement climatique m’a permis d’élargir mes connaissances, notamment sur des domaines qui m’étaient jusqu’alors inconnus », a déclaré M. Mutale à l’occasion d’un atelier à Harare en octobre 2024. « Cet atelier m’a été très utile. J’y ai appris notamment à repérer et à analyser les risques que représente le changement climatique pour l’éducation, ce qui m’a permis d’en comprendre les répercussions sur l’équité, l’accès et la qualité de l’éducation ainsi que sur la gestion du système éducatif. »

À plus de 8 800 kilomètres de là, au Cambodge, S.E. Dr Lim Sothea, directeur général des politiques et de la planification au ministère cambodgien de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports, met en lumière les risques auxquels son pays est confronté, tels que les inondations et les canicules.

« S’il y a des obstacles et des défis, il y a des occasions de s’adapter et de s’améliorer » a-t-il déclaré. « L’élévation du niveau de la mer et les pluies torrentielles peuvent entraîner la fermeture temporaire des établissements scolaires.

Cependant, elles sont aussi à l’origine de la mise en place de modèles d’apprentissage flexibles capables de mieux résister à ces événements, ce qui permet aux élèves de poursuivre leur scolarité même lorsque les écoles sont touchées. »

Le Zimbabwe et le Cambodge bénéficient du soutien apporté dans le cadre de l’Initiative pour des systèmes éducatifs intégrant le climat , l’une des initiatives d’appui technique multipartenaires du GPE, qui regroupe l’expertise de l’UNESCO, de l’IIPE-UNESCO et de Save the Children.

Effectuer une analyse des risques liés au changement climatique est déterminant pour concevoir et guider les efforts généraux de planification en matière d’éducation.

Grâce à cette initiative, Messieurs Mutale et Sothea disposent des connaissances et du soutien nécessaires pour orienter les mesures stratégiques et s’assurer que le secteur de l’éducation de leur pays est prêt à faire face aux éventuelles crises climatiques.

Comment s’effectue une analyse des risques liés au changement climatique pour le secteur de l’éducation ?

Pour aider les planificateurs et les décideurs comme Messieurs Mutale et Sothea, l’IIPE a mis au point une méthodologie en trois étapes d’analyse des risques liés au changement climatique dans le secteur de l’éducation.

Elle consiste notamment à analyser les effets des risques climatiques et à déterminer les forces et les faiblesses actuelles du système éducatif sur le plan des institutions, de l’organisation et des individus.

Étape 1 : Déterminer et analyser les principaux facteurs de stress relatifs au changement climatique

Une analyse des risques climatiques commence par l’examen des principaux facteurs de stress relatifs au changement climatique du pays. Cet examen se base sur l’étude des tendances climatiques passées et des projections.

La première étape consiste à comprendre la nature et la fréquence de chaque facteur de stress (comme les canicules, sécheresses, inondations et cyclones) et leur évolution dans le contexte du changement climatique.

En couplant cette analyse aux données climatiques historiques et projetées, les planificateurs obtiennent une vision claire des risques spécifiques actuels et futurs pour le secteur éducatif.

Étape 2 : Comprendre les effets du changement climatique sur l’éducation

Une fois les principaux facteurs de stress relatifs au changement climatique identifiés, l’étape suivante consiste à évaluer les risques climatiques auxquels sont exposés les établissements scolaires et le système éducatif, à analyser leur vulnérabilité, et à examiner les répercussions tant à l’échelle nationale qu’infranationale.

Le changement climatique perturbe l’éducation de nombreuses façons. Il limite l’accès au système éducatif, nuit à la qualité d’apprentissage et bouleverse les processus d’administration du système éducatif tels que la supervision des établissements scolaires et la collecte des données.

À cette étape, l’analyse des risques repose sur un large éventail de données et de renseignements sur l’éducation pour explorer quatre domaines clés : l’accès à l’éducation, la qualité de l’apprentissage, la gestion du système et l’équité en matière d’éducation.

Le recoupement d’informations sur le climat et l’éducation permet également aux planificateurs de quantifier les répercussions du changement climatique sur le système éducatif.

M. Sothea explique par exemple que « cette approche permet d’identifier de nombreuses vulnérabilités au sein du système éducatif et de mettre au point des stratégies ciblées pour protéger les établissements scolaires de catastrophes telles que les inondations et les canicules et d’autres répercussions du changement climatique. En évaluant ces risques, les autorités peuvent concevoir des infrastructures scolaires plus résilientes, notamment en ajustant l’emploi du temps de façon à éviter les heures d’ensoleillement les plus chaudes et en installant de meilleurs systèmes de drainage afin de gérer le risque d’inondation. »

Étape 3 : Analyser les capacités de résilience au changement climatique

Identifier les risques et leurs répercussions sur l’éducation ne constitue qu’une première étape. Il est tout aussi essentiel d’évaluer les ressources et les capacités disponibles pour les gérer efficacement.

Pour bâtir leur résilience au changement climatique, les pays doivent renforcer la capacité des parties prenantes du système éducatif (des ministères aux élèves en passant par les chefs d’établissement) à s’adapter efficacement à ces problèmes.

Cette troisième étape examine les capacités et les insuffisances du système éducatif (tant sur le plan individuel que sur le plan institutionnel) pour atténuer des effets du changement climatique.

Vers un avenir résilient au changement climatique pour le système éducatif

En mettant en œuvre cette analyse en trois étapes des risques que représente le changement climatique, les planificateurs du secteur de l’éducation peuvent mieux en cerner les menaces et, plus important encore, se préparer à y faire face et à s’y adapter.

En identifiant les facteurs de stress relatifs au changement climatique, en évaluant les effets des risques liés au changement climatique et en analysant leurs capacités à y faire face, les pays peuvent mettre au point des stratégies, des plans et des politiques efficaces pour protéger l’éducation.

« L’Initiative pour des systèmes éducatifs intégrant le climat nous fournit des connaissances et des outils précieux pour évaluer les risques climatiques et élaborer des stratégies visant à protéger les écoles des dangers liés au climat, tels que les inondations et les canicules », a déclaré M. Sothea. « De cette façon, les établissements scolaires pourront continuer à accueillir les élèves pendant les perturbations provoquées par le changement climatique. »