Pourquoi nous devons plus que jamais financer l'éducation

Financer l'éducation, c'est financer notre avenir commun. Un an après le Sommet mondial sur l'éducation, le GPE appelle les bailleurs de fonds à maintenir leurs engagements en faveur de l'éducation, et les gouvernements à continuer d'accorder la priorité à l'éducation dans leurs budgets nationaux.

01 août 2022 par Margarita Focas Licht, GPE Secretariat
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Lecture : 4 minutes
Un élève écrivant dans son cahier à l'école de FresWota au Vanuatu. 2021. Crédit : GPE/Arlene Bax
Un élève écrivant dans son cahier à l'école de FresWota au Vanuatu. 2021.
Credit: GPE/Arlene Bax

Il y a un an, le 29 juillet 2021, le GPE levait 4 milliards de dollars à l’issue du Sommet mondial sur l'éducation, co-présidé par le président kenyan et le Premier ministre britannique.

Les pays partenaires y ont également fait des promesses de financement de l'éducation à hauteur de jusqu'à 196 milliards de dollars US sur cinq ans. Il s'agissait d'une première étape pour obtenir les fonds nécessaires à la mise en œuvre du plan stratégique GPE 2025 et aider 175 millions d'enfants à apprendre. Un moment unique pour l'éducation.

Mais aujourd'hui, la situation du monde est différente. La guerre, la COVID-19, les bouleversements économiques et le changement climatique exacerbent la crise de l'éducation.

Face à une instabilité croissante et à des budgets nationaux déjà affectés par la pandémie et des priorités changeantes, les dépenses d'éducation risquent d'être encore plus réduites. Ceci entraînerait des conséquences potentiellement désastreuses pour l'apprentissage. Et les pertes d'apprentissage des enfants et des jeunes d'aujourd'hui représentent des risques pour leur avenir, notamment en ce qui concerne le développement économique, l'alimentation, la sécurité, la paix, la stabilité et le changement climatique.

Les dernières estimations du Rapport mondial de suivi sur l’éducation montrent que d'ici 2030, plus de 80 millions d'enfants et de jeunes (en anglais) n'auront jamais mis les pieds dans une salle de classe.

Ceci est inacceptable.

Nous devons redoubler d'efforts et accroître les investissements dans l'éducation, surtout dans ce contexte difficile et précaire.

Un appel à maintenir le financement de l'éducation

Malgré les pressions budgétaires causées par la hausse des prix et l'instabilité, nous appelons tous les donateurs à maintenir leurs engagements envers l'éducation pour soutenir l’apprentissage des enfants les plus vulnérables au monde. Nous appelons également les gouvernements à continuer à donner la priorité à l'éducation dans leurs budgets nationaux.

Les dirigeants doivent investir de toute urgence dans la transformation des systèmes éducatifs pour maintenir des millions d'enfants scolarisés et veiller à ce que les gains durement acquis au cours des dernières décennies ne soient pas annihilés.

Au cours des 20 dernières années, le GPE a obtenu de solides résultats, collectant 11 milliards de dollars pour accélérer les progrès de l'éducation et scolariser 160 millions d'enfants supplémentaires.

Nous avons fourni la réponse la plus rapide et la plus importante pour lutter contre l'impact de la COVID-19 sur l'éducation, en mettant à disposition 500 millions de dollars de fonds d'urgence approuvés dès juin 2020 et soutenant près de 70 pays. Notre outil de financement innovant, le fonds à effet multiplicateur, a catalysé 1,6 milliard de dollars supplémentaires provenant de donateurs et de fondations privées.

L’éducation est un vaccin contre les maux du monde

Financer l'éducation, c'est simplement financer notre avenir commun. Les enfants qui reçoivent au moins 12 ans d'éducation de qualité sont en meilleure santé, moins susceptibles d’être impliqués dans des conflits, capables d'obtenir de meilleurs emplois, d'éduquer leurs propres enfants et de construire un monde plus durable et plus prospère pour tous.

De plus, il est beaucoup moins cher de financer l'éducation maintenant que d'essayer de résoudre les problèmes auxquels nous seront confrontés du fait du manque de populations instruites.

Bien qu'ils le sachent, de nombreux pays à faible revenu réduisent leurs budgets d'éducation et de nombreux pays donateurs réduisent leur aide à l'éducation : 41 % des pays à faible revenu ont réduit leurs dépenses d'éducation après le début de la pandémie de COVID-19 en 2020, avec une baisse moyenne de 13,5 %. Et la part de l'aide extérieure (en anglais) consacrée à l’éducation est passée de 11,7 % en 2010 à 9,7 % en 2020.

Le lourd tribut de la COVID sur l'apprentissage des enfants

La COVID-19 continue de perturber profondément l'éducation de millions d'enfants dans le monde et de creuser l'écart entre la façon dont les enfants les plus riches et les plus pauvres apprennent. On estime que 24 millions d'apprenants ont abandonné définitivement l'école en raison de la pandémie, les filles et les enfants handicapés étant les plus exposés.

Les pertes d'apprentissage à l’échelle mondiale dues aux fermetures d’écoles s'aggravent et pourraient coûter à cette génération d'apprenants 21 milliards de dollars de revenus perdus à vie.

Lorsque les écoles ont été fermées, malgré les efforts héroïques des enseignants pour atteindre les enfants avec des outils d'apprentissage à distance, les enfants de nombreux pays à faible revenu ont manqué la plupart ou la totalité des cours et n’ont pu assimiler les connaissances qu’ils auraient normalement acquis.

Même les enfants qui sont retournés à l'école n'apprennent pas. Le pourcentage d'enfants de 10 ans incapables de lire et de comprendre un texte simple a atteint le chiffre alarmant de 70 % (en anglais), , contre 50 % avant la pandémie.

Les progrès acquis en matière d'égalité des genres pourraient être annihilés

Au milieu de ces défis, les filles sont souvent confrontées aux conséquences les plus graves, avec l’augmentation des mariages et des grossesses précoces qui, dans de nombreux cas, les empêchent de retourner à l'école. Treize millions de filles pourraient être contraintes à un mariage précoce alors que leurs parents font face aux conséquences économiques de la COVID-19.

Les adolescents qui se sont lancés dans des activités génératrices de revenus pour aider leur famille pendant la période de fermeture des écoles ne peuvent pas non plus retourner à l'école.

Au GPE, nous avons placé l'égalité des genres au cœur de notre stratégie, car nous savons qu'une meilleure égalité dans l'éducation signifiera un monde plus juste pour tous.

Nous ne pouvons pas laisser filer les acquis des années passées.

En tant que partenariat multipartite, qui regroupe tous les défenseurs et prestataires de services d'éducation les plus ardents, le GPE continuera d'être le plus fervent défenseur de l'éducation des enfants marginalisés et vulnérables. Parce que nous savons que le financement de l'éducation est ce qui nous aidera à construire un monde plus prospère, stable et équitable.

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