Plaider pour une meilleure rémunération des enseignants : réflexion personnelle d’une jeune leader du GPE

Une jeune leader du GPE de Sierra Leone partage ses réflexions sur les raisons pour lesquelles nous devons mieux rémunérer les enseignants car, une meilleure rémunération et plus d’avantages sociaux pour les enseignants peut également transformer l'éducation.

10 octobre 2024 par Massah Esther Nyally Bockarie, GPE Secretariat
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Lecture : 3 minutes
Une enseignante et son élève en classe à l'école maternelle KDEC de Masorie en Sierra Leone. Crédit : GPE/Ludovica Pellicioli
Une enseignante et son élève en classe à l'école maternelle KDEC de Masorie en Sierra Leone.
Credit: GPE/Ludovica Pellicioli

J’ai des souvenirs d’enfance qui me reviennent de la salle des professeurs du collège Sainte Hélène. Les chaises vertes autour des deux grandes tables marrons, le va-et-vient des enseignants, et les élèves qui faisaient irruption dans la salle pour se plaindre de quelque chose.

Les enseignants partageaient souvent autant de moments de rire que de récriminations. Même à mon jeune âge, je savais qu’ils étaient tous là, confrontés au même problème : leur faible rémunération.

Ma famille a des liens étroits avec le monde de l’éducation. Mes parents et mes beaux−parents ont tous été enseignants à un moment donné. Mon père et mon beau-père enseignent toujours - l’un est chargé de cours à l’université et l’autre est directeur adjoint dans une école secondaire subventionnée par l’État. Ma mère et ma belle-mère n’enseignent plus : l’une est maintenant pharmacienne et l’autre poursuit des études.

Vouloir enseigner, mais à quel prix ?

Bien que la vie de mes parents ait toujours gravité autour de l’éducation, ils ont toujours fait part des coûts et des sacrifices qu’impliquait le métier d’enseignant. Et ils ne sont pas les seuls. En 2022, l’Economic Policy Institute a constaté qu’aux États-Unis, les enseignants gagnent 26,4 % de moins que d’autres personnes diplômées exerçant des professions différentes.

Dans mon pays, la Sierra Leone, cette différence est encore plus marquée. Bien qu’aucune recherche n’ait été faite sur ce sujet, ma mère, qui a enseigné pendant 12 ans avant de quitter le métier pour obtenir son diplôme en pharmacie, n’a jamais regretté son choix de devenir technicienne en pharmacie pour l’État plutôt que de rester enseignante dans les écoles publiques.

En tant que technicienne en pharmacie elle gagnait 70 % de plus que lorsqu’elle était enseignante alors qu’elle n’avait obtenu qu’un certificat. Mais avec un diplôme en pharmacie, elle gagne le double de ce qu’elle gagnait en tant enseignante, alors qu’elle a moins d’expérience.

Un autre exemple est celui de mon beau-père et de ma grande sœur. Tous deux sont diplômés en comptabilité, mon beau-père ayant aussi une maîtrise en sciences de l’éducation. Pourtant, ma sœur gagne 22 % de plus que lui alors qu’ils travaillent tous les deux pour le gouvernement. Elle, est fonctionnaire chargée des achats et lui, est directeur adjoint d’une école. Les enseignants de mon pays demandent toujours une revalorisation de leurs salaires, et ce, à juste titre.

Dans le monde entier, les enseignants sont parmi les professions les moins bien payées ; et pourtant, leur travail est l’un des plus importants qui soit : celui de former les générations futures.

Tout comme le rôle d’une mère ou d’une femme au foyer, le rôle d’enseignant exige de nombreux sacrifices et est l'un des moins bien rémunérés.

Le monde évolue rapidement et la hausse du coût de la vie rend de plus en plus difficile la viabilité du métier d’enseignant. Lorsque les enseignants sont sous-payés, le choix du métier ne se fait plus en fonction de celui d’exercer une vocation noble mais en fonction de choisir une profession qui permette de survivre. C’est pour cette raison que des enseignants dévoués, comme ma mère, quittent ce milieu en quête de meilleures opportunités.

Dans mon pays, surtout dans les zones urbaines, de nombreux enseignants hautement qualifiés et très bien formés quittent la profession. L’enseignement est devenu une solution de recours pour les jeunes diplômés qui peinent à trouver un emploi, et même ces derniers démissionnent à la première occasion. La profession est en train de perdre des talents et c’est une crise à laquelle il faut s’attaquer de toute urgence.

Une enseignante pendant une leçon dans une école en Sierra Leone. Crédit : Massah Esther Nyally Bockarie
Une enseignante pendant une leçon dans une école en Sierra Leone.
Credit:
Massah Esther Nyally Bockarie

L’enseignement n’est pas une profession « de dernier recours »

Nous devons mettre la priorité sur une meilleure rémunération des enseignants afin qu’ils continuent d’exercer leur métier. Augmenter les salaires est un très bon début, mais il faut aussi s’assurer qu’ils reçoivent une augmentation annuelle qui correspondent à l’inflation et que d’autres avantages soient mis en place pour faciliter la rétention des meilleurs enseignants et garantir un avenir brillant aux élèves du monde entier.

Transformer les salaires et les avantages sociaux des enseignants peut transformer la vie de tous.

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