J’ai des souvenirs d’enfance qui me reviennent de la salle des professeurs du collège Sainte Hélène. Les chaises vertes autour des deux grandes tables marrons, le va-et-vient des enseignants, et les élèves qui faisaient irruption dans la salle pour se plaindre de quelque chose.
Les enseignants partageaient souvent autant de moments de rire que de récriminations. Même à mon jeune âge, je savais qu’ils étaient tous là, confrontés au même problème : leur faible rémunération.
Ma famille a des liens étroits avec le monde de l’éducation. Mes parents et mes beaux−parents ont tous été enseignants à un moment donné. Mon père et mon beau-père enseignent toujours - l’un est chargé de cours à l’université et l’autre est directeur adjoint dans une école secondaire subventionnée par l’État. Ma mère et ma belle-mère n’enseignent plus : l’une est maintenant pharmacienne et l’autre poursuit des études.
Vouloir enseigner, mais à quel prix ?
Bien que la vie de mes parents ait toujours gravité autour de l’éducation, ils ont toujours fait part des coûts et des sacrifices qu’impliquait le métier d’enseignant. Et ils ne sont pas les seuls. En 2022, l’Economic Policy Institute a constaté qu’aux États-Unis, les enseignants gagnent 26,4 % de moins que d’autres personnes diplômées exerçant des professions différentes.
Dans mon pays, la Sierra Leone, cette différence est encore plus marquée. Bien qu’aucune recherche n’ait été faite sur ce sujet, ma mère, qui a enseigné pendant 12 ans avant de quitter le métier pour obtenir son diplôme en pharmacie, n’a jamais regretté son choix de devenir technicienne en pharmacie pour l’État plutôt que de rester enseignante dans les écoles publiques.
En tant que technicienne en pharmacie elle gagnait 70 % de plus que lorsqu’elle était enseignante alors qu’elle n’avait obtenu qu’un certificat. Mais avec un diplôme en pharmacie, elle gagne le double de ce qu’elle gagnait en tant enseignante, alors qu’elle a moins d’expérience.
Un autre exemple est celui de mon beau-père et de ma grande sœur. Tous deux sont diplômés en comptabilité, mon beau-père ayant aussi une maîtrise en sciences de l’éducation. Pourtant, ma sœur gagne 22 % de plus que lui alors qu’ils travaillent tous les deux pour le gouvernement. Elle, est fonctionnaire chargée des achats et lui, est directeur adjoint d’une école. Les enseignants de mon pays demandent toujours une revalorisation de leurs salaires, et ce, à juste titre.