Quelle est la valeur de l'apprentissage par les pairs pour les experts chevronnés en matière de politiques ? Les gouvernements nationaux apprennent-ils mieux en apprenant directement les uns des autres plutôt qu'ailleurs ?
Le pôle régional Afrique 19 du Programme de partage de connaissances et d'innovations (KIX) du GPE répond à ces questions en facilitant des échanges riches en apprentissage sur les expériences, les innovations locales, les pratiques efficaces et les bonnes politiques entre les pays d'Afrique subsaharienne. Ces derniers n'auraient peut-être pas l'occasion d’établir des relations aussi facilement sans le pôle qui permet la promotion de solutions africaines à des problèmes africains.
Le pôle KIX Afrique 19 soutient 19 gouvernements d'Afrique orientale, occidentale et australe dans leur poursuite d'objectifs nationaux de développement de l'éducation.
Récemment, le pôle KIX Afrique 19 a aidé des pays à renforcer les politiques relatives aux enseignants, en utilisant des éléments concrets et des études Sud-Sud sur ce qui fonctionne en matière de recrutement, de formation et de gestion des enseignants. Grâce au networking, à l'apprentissage par les pairs et aux webinaires de partage des connaissances, les acteurs politiques apprennent à mieux comprendre comment soutenir, motiver et autonomiser les enseignants.
Les enseignants au cœur des réformes
Les gouvernements d'Afrique subsaharienne reconnaissent depuis longtemps le rôle central des enseignants et accélèrent la réforme des politiques et de la formation des enseignants pour en faire des priorités absolues de leurs plans de développement. Ainsi, pratiquement tous les ministères de l'Éducation des pays d'Afrique subsaharienne ont placé l'enseignement et l'apprentissage ainsi que les questions relatives aux enseignants en tête de leurs programmes éducatifs.
Les activités du KIX Afrique 19, telles que la facilitation de l'échange de connaissances entre pays, sont conçus pour répondre aux besoins exprimés par les pays tout en reposant sur les données probantes de l'impact positif des enseignants sur les résultats d’apprentissage.
Pourtant, de nombreux enseignants d'Afrique subsaharienne ne possèdent pas les compétences, les connaissances et les attitudes nécessaires pour créer des expériences d'apprentissage intéressantes et significatives pour leurs élèves. Cela a contribué à une crise de l'apprentissage déjà profonde dans la région.
Grâce à des consultations avec les parties prenantes du secteur de l'éducation dans les pays partenaires, une étude exploratoire récente mandatée par le GPE KIX sur les enseignants et l'enseignement a identifié les spécificités et les priorités régionales en matière de perfectionnement professionnel des enseignants et de gestion des enseignants aux niveaux primaire et secondaire dans tous les contextes couverts par le pôle.
Des pays comme le Kenya, le Libéria, le Soudan du Sud, la Tanzanie et le Zimbabwe, qui ont connu une réorientation des programmes et de la pédagogie vers une approche centrée sur l'apprenant, accordent désormais la priorité aux cadres et réglementations normalisés du perfectionnement professionnel des enseignants afin de garantir l'harmonisation entre les programmes nationaux destinés aux élèves et les programmes utilisés dans le cadre de la formation des enseignants.
L'Érythrée, l'Éthiopie, la Gambie, le Kenya, le Lesotho, le Malawi, la Sierra Leone, la Somalie, l'Ouganda et le Zimbabwe ont mentionné la nécessité de former les enseignants à l'inclusion et à l’intégration de la notion de genre, notamment pour qu'ils soient en mesure de reconnaître les enfants ayant des troubles de l’apprentissage ou faisant face à des conséquences d'abus et de traumatismes, et d'y répondre.
Recruter suffisamment d'enseignants qualifiés et motivés a été difficile dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, les besoins en matière de recrutement étant différents d'un pays à l'autre de la région.
L'augmentation du nombre du personnel éducatif parlant des langues minoritaires a été signalée comme une priorité essentielle (par exemple, en Érythrée, en Gambie et en Ouganda), de même que l'augmentation du nombre d'enseignantes, pour le niveau secondaire (par exemple, au Soudan du Sud) et pour l'enseignement des STIM (par exemple, en Ouganda et en Tanzanie).
Un meilleur déploiement des enseignants pour l'inclusion et l'amélioration des ratios dans les zones rurales a été souligné comme nécessaire (par exemple, au Malawi et au Nigéria).
Apporter l'expertise régionale de la Zambie et de l'Ouganda à l'Éthiopie sur l’élaboration des politiques relatives au personnel enseignant
Après avoir reçu une demande d'appui technique de l'Éthiopie en mai 2024, le pôle KIX Afrique 19 a facilité un atelier de renforcement des capacités de trois jours sur l'élaboration de politiques relatives au personnel enseignant pour le ministère éthiopien de l'Éducation. Des experts venus d'Ouganda et de Zambie ont partagé les expériences de leurs pays en matière de rédaction, d'approbation et de mise en œuvre de politiques de recrutement, de formation, de motivation et de gestion des enseignants.
Trente-sept parties prenantes provenant du gouvernement éthiopien, des établissements de formation continue, des syndicats d'enseignants et des commissions de la fonction publique ont participé à l'atelier, formant une équipe nationale d'experts qui évolue actuellement en un groupe de travail technique naissant qui guidera l'élaboration d'une politique globale relative au corps enseignant pour l'Éthiopie.
Plus de 90 % des participants éthiopiens à l'atelier ont déclaré avoir trouvé utiles les leçons tirées de l’expérience de l'Ouganda et de la Zambie et ont quitté l'atelier en sachant mieux comment élaborer des politiques efficaces de formation des enseignants en Éthiopie, plaider en leur faveur et les mettre en œuvre.
Le pôle aide actuellement le ministère de l'Éducation à élaborer une feuille de route claire pour la création d'un groupe de travail technique national qui mettra en œuvre des réformes politiques progressives.