Pas d’éducation sans enseignants : valoriser les voix des enseignants à l’occasion de la Journée mondiale des enseignant(e)s

Le GPE accorde la priorité à un enseignement de qualité et plaide pour que les enseignants soient des acteurs engagés dans la planification, l’élaboration des politiques et le suivi de l’éducation.

04 octobre 2024 par Krystyna Sonnenberg, GPE Secretariat, et Ramya Vivekanandan, GPE Secretariat
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Une enseignante observant son élève au tableau dans une salle de classe de l'école N°30 à Dangara, au Tadjikistan. Crédit : GPE/Kelley Lynch
Une enseignante observant son élève au tableau dans une salle de classe de l'école N°30 à Dangara, au Tadjikistan.
Credit: GPE/Kelley Lynch

Demain nous célébrons la Journée mondiale des enseignant(e)s, l’occasion de mettre en lumière l’importance des enseignants dans le monde. Le thème de cette année, « Valoriser les voix des enseignants : vers un nouveau contrat social pour l'éducation », souligne l'urgence de faire entendre et de prendre en compte les voix des enseignants pour relever les défis auxquels ils font face, mais surtout pour reconnaître et bénéficier des connaissances expertes et des contributions qu'ils apportent à l'éducation.

Cette année, le premier Rapport mondial sur les enseignants a mis en exergue la grave pénurie d’enseignants dans le monde. Le Groupe de haut niveau sur la profession enseignante, institué par le Secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, à la suite du Sommet des Nations Unies sur la transformation de l’éducation de 2022, a publié des recommandations pour l’élaboration d’un plan d’action clair sur la manière de soutenir les enseignants.

Au GPE, nous reconnaissons que les enseignants constituent la pierre angulaire de systèmes éducatifs solides et de l’apprentissage, et privilégions la qualité de l’enseignement. Nous plaidons en faveur de l’engagement des enseignants en tant qu’acteurs dans la planification, les décisions politiques et le suivi sectoriels.

Leur engagement est d’autant plus crucial compte tenu des défis actuels et des évolutions de l’éducation et de la société dans son ensemble, notamment en termes de technologie (dont l’intelligence artificielle) et des effets du changement climatique.

Faciliter l’utilisation des technologies par les enseignants

Même si la technologie a un impact sur les systèmes éducatifs du monde entier, les enseignants demeurent au cœur des processus d’enseignement et d’apprentissage. Selon le Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2023, bien que la technologie ait le potentiel de renforcer leurs compétences et de réduire leur charge administrative, la plupart des enseignants estiment ne pas se sentir prêts à enseigner en utilisant la technologie.

Cela signifie qu’ils doivent à la fois, acquérir des compétences numériques pertinentes et être en mesure de les mettre en œuvre afin d’améliorer l’expérience d’apprentissage des élèves, et ce, tout en restant en phase avec les avancées technologiques.

Cocréer des solutions d’enseignement numériques avec les enseignants et renforcer leurs capacités en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC), ainsi que leurs compétences en intelligence artificielle est essentiel pour tirer parti de la technologie au service de l’enseignement et de l’apprentissage.

Donner aux enseignants les moyens de se servir des technologies implique de les équiper d’outils et d’infrastructures numériques les plus adaptés et accessibles selon leurs contextes spécifiques, en vue d’améliorer leurs conditions de travail (voir le cas du Rwanda, un pays partenaire qui passe au numérique afin de transformer l'enseignement et l'apprentissage).

Une enseignante et ses élèves lors d'une projection d’une activité ludo-éducative sur l'un des murs de sa salle de classe, à l'école GS Rosa Mystica à Kamonyi, au Rwanda. Crédit : GPE/Nkurunziza (Trans.Lieu)
Une enseignante et ses élèves lors d'une projection d’une activité ludo-éducative sur l'un des murs de sa salle de classe, à l'école GS Rosa Mystica à Kamonyi, au Rwanda.
Credit:
GPE/Nkurunziza (Trans.Lieu)

Soutenir les enseignants face aux défis climatiques

Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale (en anglais), les enseignants constituent un facteur de changement déterminant dans la manière dont les gouvernements peuvent renforcer la résilience de leurs systèmes éducatifs. Pourtant, comme le souligne le rapport, bien qu’ils abordent les thèmes liés au climat en classe, ils n’ont pas les compétences nécessaires pour le faire de manière précise et efficace.

La note conceptuelle de l’UNESCO, intitulée Greening Every School (Rendre les écoles vertes) fait le même constat, indiquant que même si 95 % des enseignants reconnaissent l’importance d’enseigner les réalités du changement climatique, seuls 30 % d’entre eux estiment être en mesure de le faire, compte tenu des lacunes en matière de connaissances et de compétences nécessaires pour enseigner ce sujet (voir aussi les Normes de qualité pour les écoles vertes publiées par l’UNESCO).

Les enseignants doivent pouvoir bénéficier d'opportunités de développement professionnel et de formation continue visant non seulement à consolider leur compréhension du changement climatique, mais aussi à affiner les stratégies de lutte contre le climato-scepticisme, à soutenir les élèves en proie au deuil et à l’angoisse écologiques et à renforcer leur capacité à gérer des sujets controversés et à promouvoir l'engagement civique. Pour cela, il faut leur fournir du matériel pédagogique de haute qualité, de meilleurs manuels scolaires, des guides pour enseignants, des outils ainsi que des formations.

Le changement climatique a également un impact sur les conditions de travail des enseignants puisque des infrastructures dangereuses, des événements traumatisants et des environnements dégradés peuvent rendre l’enseignement presque impossible.

Pour aider à résoudre ces défis, le GPE travaille de près avec le Partenariat pour une éducation verte, l’Internationale de l’éducation et l’UNICEF à l’élaboration d’un outil politique. Cet outil aidera les ministères à placer les enseignants au cœur de leurs stratégies, afin de bâtir des systèmes éducatifs intégrant le climat et de les financer.

Il s’inscrit dans la complémentarité de l’outil du GPE pour l’intégration du changement climatique dans les politiques éducatives.

Les solutions à envisager incluent l’utilisation de données sur le climat qui puissent orienter les politiques permettant de protéger les conditions de travail des enseignants et améliorer leur résilience ; le suivi et l’adaptation des politiques en vue d’apporter un soutien équitable aux enseignants situés dans des régions vulnérables, ainsi que l’élaboration de systèmes de communication en temps réel et de protocoles d’intervention d’urgence conjoints avec d’autres agences pour protéger les enseignants et les élèves.

Valige Landaza, enseignant, travaillant avec ses élèves Sergia Sergio et Aladina Zacarias dans la salle de classe temporaire en plein air de l'école primaire d'Inlima, au Mozambique. Crédit : GPE/Mbuto Machili
Valige Landaza, enseignant, travaillant avec ses élèves Sergia Sergio et Aladina Zacarias dans la salle de classe temporaire en plein air de l'école primaire d'Inlima, au Mozambique. Le cyclone Freddy a été le cyclone tropical le plus long jamais enregistré, avec des conséquences importantes pour l'éducation des enfants. Juillet 2023.
Credit:
GPE/Mbuto Machili

Le soutien du GPE aux enseignants

Dans le contexte actuel marqué par de tels enjeux, près de 90 % des pactes de partenariat élaborés jusqu’ici par les pays partenaires du GPE, mettent l’accent sur des stratégies visant à renforcer les pratiques d’enseignement et d’apprentissage.

Tous les pays partenaires du GPE ont privilégié un aspect de la formation des enseignants, du renforcement des capacités et de la formation professionnelle continue.

Les stratégies courantes incluent le recrutement de candidats plus qualifiés et la rétention du corps enseignant en place, en renforçant la motivation des enseignants, et en améliorant les perspectives d’évolution des carrières, ainsi que la rémunération et les conditions de travail.

Le Pacte de partenariat des Îles Salomon (en anglais) vise l’amélioration de l’enseignement et de l’apprentissage par le biais de trois stratégies principales : des systèmes de gestion des enseignants plus performants, notamment par la révision des normes d’enseignement et l’évolution des carrières des enseignants ; un leadership et une gestion renforcés au niveau des écoles ; et des mesures en faveur du développement professionnel des enseignants se concentrant sur l’approche « Enseigner au bon niveau » entre autres approches pédagogiques.

Dans le cas de la République démocratique du Congo, le Pacte de partenariat vise à améliorer la maîtrise du contenu disciplinaire par les enseignants, ainsi que leur capacité à soutenir les élèves vulnérables. Il comprend également des mesures de revalorisation de la profession enseignante par le biais d’un recrutement basé sur le mérite, d’un système d’assurance qualité ainsi que de l’amélioration des protections sociales pour soutenir la retraite des enseignants.

Depuis 2021, les financements du GPE ont permis de former 1,9 millions d’enseignants. Le résultat est clair : les pays partenaires du GPE ont augmenté la proportion d’enseignants qualifiés dans l’enseignement préscolaire (80 %), ainsi que dans l’enseignement primaire (86 %), alors que la proportion d’enseignants qualifiés a stagné dans le premier cycle du secondaire et a diminué dans le deuxième cycle du secondaire.

À l’avenir, le GPE prévoit de continuer à promouvoir l’engagement des enseignants en tant qu’agents actifs dans la conception et la mise en œuvre de la transformation des systèmes éducatifs, ainsi que l’amélioration de l’apprentissage.

Transformer l’éducation grâce à l’engagement des enseignants

Les enseignants peuvent, mieux que quiconque, attirer l’attention des décideurs politiques sur les réalités de leur métier, en indiquant ce dont ils ont besoin pour améliorer leur formation, leur développement professionnel et leur bien-être, et par là même, rehausser la qualité de l’enseignement.

Bien que de nombreux pays aient fait d’énormes progrès pour inclure les enseignants dans le dialogue politique sectoriel, il reste encore beaucoup à faire.

Dans les pays partenaires du GPE, la représentation du corps enseignant au sein des groupes locaux des partenaires de l’éducation était de 64 % en 2023. Cependant leur participation dans les espaces de dialogue est primordiale, comme en atteste notre note sur les enseignants.

Afin de valoriser les voix des enseignants, nous continuerons de plaider en faveur d’une représentation plus significative des enseignants dans le dialogue politique au sein de tous les pays partenaires du GPE. Ce n’est qu’alors que nous pourrons réellement établir un nouveau contrat social pour l’éducation qui soit transformateur et qui permette à davantage d’enfants à travers le monde d’apprendre.

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