Le bonheur fascine les grands esprits depuis l’Antiquité, et des penseurs tels que Socrate, Aristote, Bouddha, Confucius, John Locke et Johann Pestalozzi ont philosophé sur sa nature et l’importance du bien-être dans notre vie. De nos jours, tout un tas de messages semblent omniprésents, qu’il s’agisse de l’importance du bien-être, de la méditation, de la pensée positive et des moyens de vivre une vie ayant davantage de sens.
Le bonheur est également devenu une préoccupation politique majeure pour la communauté internationale. En 2012, les Nations unies ont instauré le 20 mars comme Journée internationale du bonheur ayant identifié la quête du bonheur comme « objectif humain fondamental » l’année précédente. Le concept de bien-être traverse également bon nombre des Objectifs de développement durable (ODD).
Le mois dernier, le Sommet mondial de Dubaï affichait un Dialogue mondial pour le bonheur, de haut niveau, qui examinait la question du bonheur dans une perspective politique. Intervenant lors de cet événement, l’administratrice du PNUD Helen Clark a déclaré :
« Nos efforts sur la voie d’un développement humain et durable doivent comporter une plus grande attention au bonheur. »
Mais quel rôle joue et devrait jouer le bonheur dans l’éducation ?
Voici donc le cadre des Écoles du bonheur !
De plus en plus d’éléments indiquent que la préoccupation du bonheur et du bien-être améliore non seulement la satisfaction dans la vie mais également dans les résultats de l’éducation. Le Rapport mondial sur le bonheur (2015) constate que les pays affichant un taux de satisfaction dans la vie élevé avaient également un score plus élevé en termes d’Indice de développement humain.
Lorsque ces éléments sont analysés en rapport au secteur de l’éducation, on constate que les écoles qui privilégient le bien-être des élèves sont potentiellement plus efficaces, entraînant de meilleurs acquis scolaires et une plus grande réussite dans la vie des élèves.
Plusieurs pays à travers le monde reconnaissent ce lien crucial et optent pour des mesures afin de prendre en compte le bien-être des élèves. Le royaume du Bhoutan, bien connu pour sa mesure du progrès par le Bonheur national brut (BNB) a récemment introduit une politique d’« éducation pour le BNB ».
La République de Corée, saluée pour ses scores élevés au PISA et dans d’autres évaluations, a réagi aux préoccupations selon lesquelles sa jeunesse serait parmi les moins heureuses au monde du fait du stress et des examens. Celle-ci a en effet lancé une politique d’« Éducation heureuse » comprenant un système de « semestre libre » durant lequel les examens du premier cycle du secondaire sont annulés et remplacés par des activités d’apprentissage par l’expérience.
Les Émirats arabes unis font également la promotion d'une politique du bonheur dans les écoles et sont le premier pays à avoir nommé un Ministre du Bonheur ; le Royaume-Uni, quant à lui, commence à proposer des formations en santé psychologique et des leçons de méditation dans ses écoles.
Vingt-deux critères de bonheur à l’école
S’appuyant sur ce type d'efforts et la recherche actuelle, le Bureau régional de l’éducation pour l’Asie et le Pacifique de l'UNESCO à Bangkok a sorti il y a aujourd’hui un an Les écoles du bonheur ! (Happy Schools ! A Framework for Learner Well-being in the Asia-Pacific).
Le rapport s’appuie sur une enquête, une étude documentaire et des entretiens avec des parties prenantes au niveau de l’école et a pour but de présenter un cadre de promotion du bonheur dans les établissements scolaires. Ce cadre comprend 22 critères répartis dans trois catégories : les gens, les processus et les lieux.
Le rapport détaille chacun des critères et donne des exemples concrets de stratégies que les écoles d’Asie et du Pacifique ont adoptées pour les satisfaire. Sa conclusion aborde des suggestions pour les étapes suivantes, notamment le dialogue politique et la sensibilisation et l'échange de bonnes pratiques en faveur du bien-être des élèves à l'école.
Les enseignants : la clé du bonheur des élèves ?
De nombreux critères sur les « Écoles du bonheur » sont axés sur les enseignants, notamment : l’attitude et les attributs positifs de l’enseignant, les conditions de travail et le bien-être de l’enseignant, les compétences et aptitudes de l’enseignant, les approches amusantes et captivantes d’enseignement et d’apprentissage, ainsi que l’apprentissage en équipe entre les élèves et les enseignants.
Ceci n’a rien de surprenant lorsqu’on se penche sur les éléments témoignant de l’importance cruciale de la relation élève-enseignant. Les résultats du PISA 2012 de l’OCDE ont remarqué que des « relations élève-enseignant positives et constructives [étaient] associées à une meilleure performance en mathématiques » et que « la réussite scolaire obtenue aux dépens du bien-être de l'élève n'[était] pas une réussite complète ».
La plupart des enseignants et des chefs d’établissement reconnaissent que le développement socio-émotionnel et le bien-être de leurs élèves sont aussi importants que la maîtrise des matières scolaires et l'accumulation des connaissances.
Lorsque les élèves ont de bons rapports avec leurs enseignants, leur performance et leur sentiment d’appartenance à l'établissement en bénéficient.
Ce rapport souligne plusieurs stratégies pour atteindre cet objectif. Dans les écoles de la préfecture d’Akita au Japon, on recherche une amélioration des « compétences et aptitudes des enseignants » grâce aux réseaux d’enseignants, qui proposent un soutien par les pairs et une communication régulière entre enseignants. L’établissement secondaire expérimental VNIES au Vietnam organise des séminaires hebdomadaires pour les enseignants dans le but de réfléchir sur les activités de la semaine et de partager des idées innovantes. La notion d’« apprentissage en équipe entre les élèves et les enseignants » est favorisée dans l’Académie de Vidyashilp en Inde, où les manuels scolaires ont été remplacés par des plans de leçon collectifs créés par les enseignants et les élèves.
La satisfaction de tels critères nécessitera bien entendu une formation des enseignants, initiale et continue, ainsi qu’un soutien. L’Institut d’Éducation positive de l’école de Geelong en Australie et le Centre du Bonheur national brut (BNB) au Bhoutan sont parmi les institutions qui offrent déjà ce type de cours. Le Bureau de l’UNESCO à Bangkok œuvre auprès de ces organisations et d’autres partenaires à la conception de la phase suivante du projet des Écoles du bonheur.
La voie du bonheur – et d’une meilleure éducation
Ainsi, en cette Journée internationale du bonheur, posons-nous les questions essentielles : Les écoles sont-elles des lieux de bonheur ? Que pouvons-nous faire pour améliorer le bien-être des élèves et des autres acteurs ?
Le cadre des Écoles du bonheur offre une possibilité de pallier les défauts dans ce domaine et de mettre en pratique une attitude positive. Plaçons le bonheur au centre dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour l’éducation et efforçons-nous d’assurer « une éducation inclusive et équitable de qualité et [de] promouvoir des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous ».
Cette vision ne pourra être réalisée que lorsque nous commencerons à nous éloigner des mesures traditionnelles pour embrasser la diversité des talents et des intelligences en reconnaissant les valeurs, atouts et compétences qui contribuent à favoriser le bonheur.
Pour en savoir plus sur le projet des Écoles du bonheur de l’UNESCO à Bangkok : http://www.unescobkk.org/education/quality-of-education/happyschools/
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