Les données relatives à l’apprentissage sont essentielles si nous souhaitons que chaque enfant apprenne et si nous désirons guider la réformer de l’éducation.
Ces données nous indiquent qui n’apprend pas, nous aident à comprendre pourquoi et peuvent contribuer à canaliser des ressources limitées vers les interventions les plus nécessaires.
La pénurie de données relatives à l’apprentissage constitue une entrave au progrès de l’éducation, or c’est dans les niveaux d’apprentissage que se concentre le plus les inégalités en termes d’éducation.
Actuellement, par exemple, un tiers d’enfants en moins achèvent le cycle primaire dans les pays à faible revenu que dans les pays à revenu élevé. Cependant, même dans certains pays à revenu intermédiaire, environ 60 % d’enfants se situent à un niveau égal ou inférieur au minimum de compétences d’apprentissage, tandis qu’il n’y a pas d’élèves à ce niveau dans les pays à revenu élevé : la variation est donc de 0 % à 60 %. Nous n’avons même pas de données comparables pour les pays à faible revenu ; on estime que cette variation entre pays à revenu élevé et pays à faible revenu serait de 0 % à 80 %. C’est dans ces 80 % d’enfants dont le niveau d’apprentissage est égal ou inférieur au minimum que la vulnérabilité et les inégalités mondiales s’affichent véritablement.
Au niveau mondial, le manque de données comparables relatives à l’apprentissage empêche de répertorier les difficultés d’apprentissage d’un pays à l’autre et traduit de façon criante les besoins à satisfaire et les opportunités nécessaires afin que tous les enfants puissent apprendre et que l’ODD 4 soit atteint.
Les dirigeants mondiaux et nationaux qui allouent des financements intersectoriels savent qu’il existe une crise de l’apprentissage et que les populations les plus vulnérables au monde le sont parce qu’elles n’apprennent pas grand-chose. Mais ils savent également que le secteur ne prend pas vraiment la mesure adéquate du problème. Le manque d’évaluation empêche quasiment de justifier le plaidoyer en faveur d’un investissement accru dans l’éducation auprès des bailleurs et des Ministres des Finances.
À une époque où le financement international destiné à l’éducation dans les pays en développement est en déclin, il est essentiel de disposer de ces données afin de veiller à ce que la communauté internationale respecte son engagement pour une éducation de qualité pour tous et favorise la réussite du programme élargi des ODD.
L’urgence de la nécessité de mesures concrètes permettant d’obtenir des données relatives à l’apprentissage qui soient de haute qualité, comparables au niveau international et qui permettent l’amélioration des systèmes éducatifs nationaux est désormais tangible. Selon l’ISU, actuellement, seul un tiers des pays peut fournir des données sur l’indicateur 4.1 qui soient partiellement comparables (cible 4.1 : « D’ici à 2030, faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons suivent, sur un pied d’égalité, un cycle complet d’enseignement primaire et secondaire gratuit et de qualité, qui débouche sur un apprentissage véritablement utile »). L’échéance approche. D’ici la fin 2018, la communauté éducative doit avoir une solution pour transmettre les données relatives à l’ODD 4.
Sous l’égide de l’ISU, la communauté internationale s’est engagée à soutenir les pays et les efforts en faveur d’une communication des données au niveau mondial. L’Alliance mondiale pour la mesure de l’apprentissage (GAML) travaille d’arrache-pied depuis 18 mois au développement d’outils et de processus. Lors de la troisième assemblée de la GAML, différentes parties prenantes ont convenu de la nécessité critique de disposer d'un cadre conceptuel intégrant les différentes évaluations de l'apprentissage, ainsi que d’organiser des consultations de professionnels.
Le 26 juin 2017, d’importantes avancées ont été faites en impliquant des partenaires clés pour développer une feuille de route concrète de communication des données au niveau mondial au moyen des évaluations internationales existantes. L’ISU a convoqué à Washington D.C une réunion entre les acteurs des évaluations régionales et internationales et les partenaires de développement afin de traiter trois questions essentielles : Comment relier les évaluations de l’apprentissage ? Comment communiquer les résultats sur une échelle commune ? Et comment accroître leur étendue ? Un modèle de partenariat a également été présenté, ainsi que des idées de collaboration des partenaires pour coordonner et financer les travaux techniques.
La conclusion de la réunion était claire : les partenaires ont exprimé leur soutien total à une progression commune et à la création d’un lien entre les évaluations, même imparfait dans un premier temps, car il faut bien commencer quelque part.
Ils ont également exprimé une volonté de participer à une réunion technique de suivi dans les prochains mois pour finaliser les options techniques et créer une feuille de route afin de relier et d’étendre les évaluations. Leur exigence est celle d’une approche rationnelle, raisonnable dans sa mise en œuvre afin que le mieux ne soit pas l’ennemi du bien, transparente, et qui cherche à rallier les pays tout en prenant en compte les enfants non scolarisés.
Tandis qu’il reste certains défis politiques et techniques à relever, nous en sommes enfin au stade de définition de mesures concrètes et de développement d’un plan opérationnel qui permettent aux pays de communiquer des données relatives à l’apprentissage propices à la comparaison. Nous devons saisir cet élan et lancer un appel de ralliement à ces efforts. Des données comparables au niveau international constitueraient un exploit monumental pour le secteur, d’une grande importance pour tous. Il est temps d’investir dans le suivi mondial des acquis scolaires.