Lorsqu’Aissata a commencé l’école primaire à l’âge de 5 ans au Mali, dans sa classe, il y avait plus de garçons que de filles. Ce fossé s’est élargi au cours des années suivantes, de nombreuses filles abandonnant l’école soit parce que leur famille n'avait plus les moyens de payer les frais d'inscription, soit parce la situation de leur famille les forçait à travailler.
Mais Aissata a persévéré, achevé sa scolarité et a poursuivi ses études à l'université. Maintenant âgée de 21 ans, elle se rappelle la longue marche à pied de plus d’une heure, le ventre tenaillé par la faim, pour se rendre chaque jour à l'école, dans une salle de classe bondée de plus de cent élèves. À l’université, les classes étaient mal équipées, les enseignants souvent absents et les cours surpeuplés, parfois fréquentés par 1 000 étudiants.
Aujourd’hui, Aissata étudie le droit public international, elle est ancienne membre du Parlement des enfants du Mali et travaille auprès d’organisations en faveur des enfants et des jeunes. Son éducation et ses compétences en matière de leadership lui permettront d’aider son pays et d’autres filles comme elle à accomplir ce qui n’aurait pas été possible sans une éducation de base.
La tâche est loin d’être accomplie pour toucher les enfants les plus marginalisés
Durant mes cinq années à la Direction générale du Partenariat mondial pour l’éducation, j’ai rencontré et j’ai été inspirée par de nombreux enfants des pays partenaires du GPE, qui débordent de cette même détermination féroce pour aller à l’école que celle qui a animé Aissata au cours de sa scolarité.
(Rendez-vous sur notre page L’éducation façonne l’avenir pour voir d'autres parcours semblables).
Les enfants les plus marginalisés des pays les plus pauvres du monde méritent tout particulièrement toute notre aide. Ils savent qu'apprendre est la clé d’une vie de progrès pour eux-mêmes et leur entourage.
Aissata, et de nombreux autres comme elle, illustrent parfaitement les enjeux de la réunion des dirigeants mondiaux les 1er et 2 février à Dakar, au Sénégal pour la Conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation : il s’agit d’attirer l’attention sur la crise mondiale de l’éducation restée trop silencieuse et de s'y attaquer.
Plus de 264 millions d’enfants et de jeunes risquent de mener une vie marginalisée, en mauvaise santé et marquée par la pauvreté du fait du manque d’accès à l’école. Il en va de même pour des millions d’autres – six enfants sur dix – qui sont scolarisés, mais bénéficient d’un enseignement d’une qualité si faible qu'ils n’acquièrent pas les compétences minimums en lecture et en mathématiques. Ces problèmes ne sont pas insurmontables.
Le Partenariat mondial pour l’éducation – plus fort que jamais
N’oublions pas que d'excellents progrès ont été accomplis dans l’éducation dans le monde depuis 2000, avec des centaines de millions d’enfants supplémentaires scolarisés et bénéficiant d’un apprentissage. Nous savons ce qui fonctionne et comment résoudre les difficultés qui persistent, en particulier pour les enfants les plus marginalisés. En fait, le Partenariat mondial pour l’éducation a été créé en 2002 pour aider les pays en développement à bâtir des systèmes éducatifs robustes et a montré qu’une approche de partenariat efficace fonctionnait et produisait des résultats.
Dans les seuls pays partenaires du GPE, il y a ainsi 72 millions d’enfants scolarisés supplémentaires par rapport à 2002.
Et grâce à l’éducation, des millions d’autres sont maintenant en meilleure santé, ont un revenu plus élevé, ont accès à une économie mondiale dynamique et aident leur famille et leur pays à gagner en prospérité, en stabilité et en sécurité.
La Conférence de financement – une opportunité de #FinancerLeducation
Nous nous rendons à Dakar dans le but de poursuivre les progrès observés depuis le début du millénaire. Nous mobiliserons les dirigeants mondiaux qui ont promis d'atteindre l'Objectif de développement durable d’accès à l’éducation pour tous les enfants d’ici 2030. Et nous les exhorterons à transformer cet engagement en soutien financier pour les pays qui s’efforcent de consolider leur système éducatif afin qu’il soit robuste, accessible et inclusif pour tous les enfants.
Nous attendons près de 1 000 dirigeants concernés et dotés de pouvoir, ainsi que des défenseurs de l’éducation, notamment plusieurs Chefs d’État, des ministres d’États donateurs, plus de 50 ministres de l’éducation du monde entier, les dirigeants de l’UNICEF, l’UNESCO, UNAIDS, la Banque mondiale et d’autres banques de développement, les représentants d’organisations de la société civile partenaires, des ambassadeurs de la jeunesse et des PDG du secteur privé.
Leur présence enverra au monde un signal fort : nous voici réunis pour résoudre pleinement la crise de l'éducation.
Nous sommes particulièrement reconnaissants au Président Macky Sall du Sénégal et au Président Emmanuel Macron de la France pour leur leadership, puisqu’ils coanimeront cette Conférence de financement.
Nous débuterons la Conférence le 1er février par une journée du Partenariat, qui permettra aux partenaires de la société civile d’exposer des témoignages de leur action et de discuter des défis les plus pressants qui doivent être relevés pour que tous les enfants puissent aller à l'école et apprendre. Cette journée sera placée sous les signes du dynamisme et de la diversité, comme le partenariat qui est au cœur du GPE.
Le 2 février, nous nous pencherons sur le financement. Le GPE est en effet également le fonds mondial pour l’éducation, et cherche à augmenter ses capacités en devenant un fonds de 2 milliards de dollars annuels d’ici 2020 – augmentation importante par rapport aux 500 millions de dollars annuels actuels – pour relever le défi de l’éducation dans le monde. Cela nécessitera donc de la part de nos partenaires une augmentation significative de leur financement, tout comme devrons se mobiliser les fondations à vocation philanthropique et les bailleurs du secteur privé.
Et comme la part du lion en matière de financement de l’éducation doit venir des pays en développement eux-mêmes, nous demandons à nos pays en développement partenaires d’augmenter leurs dépenses publiques pour l’éducation, afin que celles-ci représentent au moins 20 pourcent de leur budget total.
Les 1er et 2 février à Dakar marqueront un tournant avec la rencontre de l’engagement politique et des engagements financiers, tandis que la communauté internationale inversera la tendance baissière du financement mondial de l’éducation que nous constatons depuis quelques années. Nous avons promis cette aide aux enfants en 2000, et à nouveau en 2015. Nous ne pouvons pas nous permettre de manquer cette occasion à haute visibilité de tenir notre promesse.