L’éducation : un passeport pour les enfants du Soudan du Sud
Avec la paix qui se profile au Soudan du Sud, une éducation de qualité sera la clé d’un avenir stable.
15 août 2018 par Ador Riak Nyiel, South Sudan National Education Coalition
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Lecture : 4 minutes
L'éducation est une priorité pour le gouvernement du Soudan du Sud. Ici, un élève regardant par la fenêtre de sa classe.. Crédit: Steve Evans
L'éducation est une priorité pour le gouvernement du Soudan du Sud. Ici, un élève regardant par la fenêtre de sa classe.

Mon pays, le Soudan du Sud, est issu d’une longue histoire de conflits qui remonte jusqu’en 1955. La guerre civile qui perdure a des effets destructeurs sur des millions de personnes, gâchant des vies et empêchant les Soudanais de réaliser pleinement leur potentiel en tant qu’individus et société. Bien que notre peuple soit privé des droits humains les plus élémentaires et que les besoins tels que l’éducation ne soient pas pris en compte, il continue de relever courageusement chaque défi auquel il est confronté à chaque instant de la vie.

« L’éducation est essentielle à la vie »

L’aube de l’histoire moderne du Soudan du Sud se caractérise par la compréhension fondamentale du fait que l’éducation est essentielle à la vie, comme le reconnaît notre constitution. Mais en matière d'éducation, la route s’avère à bien des égards chaotique et parsemée d’échecs.

À la question : « Que veulent les habitants du Soudan du Sud après l’indépendance ? » nombre d’entre nous, dont moi-même, répondent qu’ils désirent voir leurs enfants aller à l’école, bénéficier des services de santé dont ils ont besoin, voyager librement, rouler sur des routes modernes pour rendre visite à leurs grands-parents, et bien sûr, avoir accès aux services de base tels que l'eau potable, à l’électricité pour faire leurs devoirs et avoir la possibilité de se faire des amis issus d’autres communautés.

Il reste au Soudan du Sud à concrétiser ces ambitions. L’indépendance que nous avons acquise n’a pas mis fin au conflit, et la guerre civile a de graves effets. Chez moi, mes neveux et nièces font partie des millions d’enfants du Soudan du Sud privés d'éducation.

La plupart des familles ont quitté leur foyer, et le conflit qui perdure les a déracinées et éloignées des communautés et des écoles.

Le conflit et l’insécurité sont un obstacle à la scolarisation

La Coalition nationale pour l’éducation du Soudan du Sud a récemment mené une évaluation qui pointe le conflit et l’insécurité comme les principaux obstacles à la scolarisation des enfants. Les enfants ne sont plus libres d’aller à l’école à pied. Ils ne bénéficient plus de repas adéquats pour améliorer leur apprentissage et leur performance en classe.

L’impossibilité de maintenir les cultures dans les fermes, en particulier dans certaines zones des régions de l’Équatoria et du Haut-Nile élargi signifie que les communautés n’ont pas les ressources financières nécessaire pour soutenir l’éducation de leurs enfants. Dans les zones dans lesquelles les enfants sont scolarisés, la qualité médiocre de l’éducation est nette.

Certains de mes cousins sont scolarisés en 7ème et 8ème année à Bortown, État de Jonglei. Leurs compétences orales et écrites sont équivalentes à celles de mon fils, scolarisé en 2ème année à Nairobi. Ceci est dû au manque d’enseignants ayant bénéficié d’une formation de qualité.

Au Soudan du Sud, plus de 60 % des enseignants de primaire ont un niveau d’études secondaire ou inférieur. Avec la paix qui se profile pour le Soudan du Sud déchiré par la guerre, j’en appelle au gouvernement et aux partenaires de développement pour qu’ils investissent dans des programmes de formation des enseignants. Si ce n’est pas pour le bien-être du Soudan du Sud, alors comme action concrétisant les engagements pris dans la Vision du pays 2040.

Le Malawi : un exemple source d'inspiration

En juin de cette année, j’ai eu le privilège de visiter le Malawi avec une équipe du Ministère de l'Éducation générale et de l’Instruction présidée par Deng, ministre. Ce fut une expérience précieuse pour toute l’équipe.

J’ai été étonné d’apprendre comment un pays tel que le Malawi, avec des ressources limitées, pouvait investir aussi largement dans l'éducation. Pas seulement financièrement, mais également politiquement.

Le comité pour l’éducation, par exemple, a un impact réel d’influence au niveau de l'État et de ses politiques et sollicite le Ministère des Finances pour une allocation accrue de fonds à l’éducation.

Le niveau de coordination entre le gouvernement central, les districts et les écoles constitue également une grande source d’inspiration, en particulier pour la façon dont l’engagement communautaire fonctionne main dans la main avec le secteur éducatif.

L’engagement communautaire doit être encouragé au plus niveau pour de nombreuses raisons. Premièrement, l’environnement scolaire est un sous-ensemble de la communauté.

Le bénéficiaire immédiat des connaissances acquises est toujours l’individu, mais par la socialisation, des connaissances précieuses et des informations sont diffusées dans la communauté. Le Soudan du Sud peut tirer les enseignements de ces expériences et les adopter.

La société civile a un rôle à jouer dans l’amélioration de l’éducation

La visite rendue à la Coalition de l’éducation du Malawi a renforcé ma position sur les moyens à adopter au sein du secteur éducatif et pour élargir le débat du plaidoyer pour l'éducation. L’environnement favorable dans lequel la coalition fonctionne garantit un déploiement réussi des programmes.

Si nous n’avons pas le même environnement opérationnel, notre Ministère de l’Éducation générale reconnaît le rôle important de la Coalition de l’éducation et travaille désormais à nos côtés en tant que partenaires égaux investis dans une éducation de qualité et gratuite pour tous.

J'écris ce post tout en suivant la Conférence pour la « Sécurité à l’école » à Addis Abeba, en Éthiopie. Je sais que le gouvernement et les partenaires de développement peuvent travailler main dans la main dans le but d’offrir de meilleures opportunités éducatives aux enfants du Soudan du Sud qui représentent notre avenir.

Chaque fois que je passe une frontière internationale, j’ai toujours besoin d’un passeport et d’un permis de voyager officiel. L’éducation est le passeport dont les enfants du Soudan du Sud ont besoin pour passer les frontières dans leur parcours de développement personnel.

Pour en savoir plus sur le travail du GPE au Soudan du sud

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