Le rôle des écoles privées pour garantir une éducation de base pour tous

Si elles sont reconnues, intégrées et soutenues, les écoles privées peu coûteuses peuvent à la fois contribuer au budget national de l'éducation et promouvoir les objectifs nationaux en matière d’éducation.

18 juillet 2023 par Corina Gardner, IDP Foundation
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Lecture : 4 minutes
Un cours de sciences dans une école de Kwame, dans le district sud d'Asunafo au Ghana. Crédit : GPE/Stephan Bachenheimer
Un cours de sciences dans une école de Kwame, dans le district sud d'Asunafo au Ghana.
Credit: GPE/Stephan Bachenheimer

Notre principal objectif est de dispenser une éducation gratuite et de qualité à tous les enfants. Or, les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure se heurtent à des défis sans précédent pour atteindre cet objectif.

Ces pays ont besoin d’une croissance économique, d'une hausse des recettes fiscales et d'un cadre réglementaire favorable pour pouvoir financer et dispenser un enseignement de qualité.

Dans ce contexte, les écoles privées peu coûteuses apparaissent comme une double solution, dans la mesure où elles contribuent au développement du capital humain et soutiennent le produit intérieur brut d'un pays grâce aux paiements des impôts.

Au Ghana, le secteur non étatique abordable, qui comprend les écoles privées peu coûteuses, les écoles confessionnelles et les écoles à but non lucratif, devrait représenter près de 30 % du taux de scolarisation total d'ici 2025 (OPPORTUNITY EduFinance, 2022). Cette tendance ne se cantonne pas au Ghana dès lors que le secteur se développe rapidement dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.

Néanmoins, la plupart de ces écoles restent informelles. Dans l'État de Lagos, au Nigéria par exemple, 75 % des quelques 20 000 écoles privées peu coûteuses n'étaient pas enregistrées en 2021, tandis que dans l'État de Jharkhand, en Inde, plus de 80 % d'entre elles n'étaient pas enregistrées (UNESCO, 2021).

Les défiés liés à l'enregistrement et à la catégorisation

Dans la plupart des pays, lorsqu'une école souhaite se faire enregistrer auprès du gouvernement, elle doit se classer dans la catégorie des entreprises à but lucratif ou dans celle des associations caritatives (à but non lucratif).

Le processus de demande du statut d'association caritative est soumis à des exigences strictes, étant donné que celui-ci permet de bénéficier d'exonérations fiscales. Par conséquent, la majeure partie des propriétaires indépendants qui créent des écoles communautaires s’enregistrent en tant qu'entreprises à but lucratif.

C’est le cas même lorsque les écoles fonctionnent à perte, étant donné que leur principale motivation est de gagner suffisamment d'argent pour rester ouvertes et continuer à servir leurs communautés.

En fonctionnant comme des entités à but lucratif, ces écoles deviennent partie intégrante de l'économie d'un pays, puisqu’elles génèrent des perspectives d'emploi et des recettes fiscales tout en soutenant les objectifs du gouvernement en matière d'éducation en améliorant l'accès. Ceci a permis d’atteindre des taux de scolarisation dans l'éducation de base avoisinant les 100 % dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne (UIS, 2022).

Les écoles enregistrées en tant qu’organisation à but non lucratif fonctionnent souvent en marge du système étatique et ne contribuent pas à la base d’imposition nécessaire pour développer le système public.

Reconnaissance par le gouvernement et cadre réglementaire

Les gouvernements reconnaissent de plus en plus que les écoles privées peu coûteuses sont importantes pour atteindre leurs objectifs nationaux en matière d'éducation. Au Ghana, le gouvernement a pris des mesures pour intégrer tous les prestataires de services éducatifs dans un système centralisé.

La création de l’Autorité nationale d’inspection des écoles (Nationals Schools Inspectorate Authority, NaSIA), mandatée par la loi de l’organisme de réglementation de l’éducation de 2020 (Education Regulatory Bodies Act 2020, Act 1023), témoigne de cet engagement. La NaSIA est chargée d'élaborer, de promouvoir et de faire respecter des normes et des directives de haute qualité pour les établissements d'enseignement préscolaire, primaire et secondaire publics et privés au Ghana.

La NaSIA a réduit les frais et simplifié la procédure d’enregistrement, ce qui aide les écoles privées peu coûteuses à devenir formelles. Par ailleurs, elle envisage désormais d’adopter un modèle de frais progressifs basés sur la taille et le statut socio-économique du groupe cible de l’école, ce qui démontre son engagement en faveur de l'équité et de l'inclusion.

Les défis récurrents en matière de résultats scolaires

Au Ghana, les résultats scolaires dans différents milieux restent médiocres. Des recherches primaires partagées par l'IDP Foundation dans une Note d’orientation de 2022 ont mis en évidence les faibles niveaux de performance des élèves des écoles publiques et privées issus des mêmes communautés.

L'évaluation de l'éducation nationale de 2018 a montré que seulement 19 à 25 % des élèves atteignaient les niveaux de compétences requis.

Pour améliorer les résultats scolaires, il est essentiel d’accroître les mesures et le financement dans l’ensemble des structures scolaires.

Le gouvernement ghanéen a démontré son engagement en faveur de l'éducation en allouant régulièrement plus de ressources nationales au secteur que ce qui a été recommandé, comme le préconise le Partenariat mondial pour l'éducation (GPE).

Cependant, la population du pays augmente plus vite que les dépenses allouées, de sorte qu’il est difficile d’améliorer les résultats scolaires à l'échelle nationale.

Le manque de financement est un facteur important qui influe sur la qualité de l'éducation.

Le rapport de suivi du financement de l’éducation 2022 de l'UNESCO a révélé que les gouvernements assument moins de la moitié des dépenses totales d’éducation dans les pays à faible revenu et que plus d'un tiers des dépenses sont encourues par les ménages.

Si l'aide au développement contribue au financement de l'éducation, elle ne représente qu'une infime partie du soutien financier global.

Les investissements privés dans le secteur de l'éducation, en particulier dans les pays à faible revenu, sont démesurément faibles. D’après le rapport « The State of Blended Finance report by Convergence in 2021 » publié par Convergence, l'objectif de développement durable 4 (ODD 4) ne représente que 4 % du capital de financement mixte.

Les modèles de financement mixte se concentrent principalement sur les acteurs privés. En vue de mobiliser des financements privés en faveur de l'éducation de manière équitable et inclusive, les gouvernements doivent reconnaître le rôle essentiel du secteur non étatique abordable et l'intégrer dans un système d’éducation national bien réglementé.

Le dernier rapport mondial de suivi sur l’éducation de l'UNESCO portant sur les acteurs non étatiques dans l’éducation a souligné qu’il était important que le gouvernement collabore avec tous les acteurs, afin de construire un système éducatif résilient qui profite à tous, en encourageant la confiance et en promouvant l'innovation.

Dans les pays à faible revenu, le manque de financement entraîne souvent des problèmes de qualité, tels que des classes surchargées, des infrastructures inadaptées et un nombre croissant d'enfants non scolarisés. Par exemple, une publication récente d'une coalition d'organisations de la société civile (OSC) ghanéennes actives dans le domaine de l'éducation a mis en évidence le manque d’infrastructures scolaires publiques dans les communautés urbaines d'Accra, où les enseignants sont contraints de s'occuper de plus de 120 élèves et d'effectuer des vacations de plus en plus nombreuses.

Par conséquent, même dans les familles modestes, les parents décident de plus en plus de scolariser leurs enfants dans des écoles privées payantes avec des classes plus petites, qui se trouvent plus près de leur domicile ou qui ont la réputation de dispenser un meilleur enseignement.

Le profit ne devrait pas primer sur l'objectif de bâtir des systèmes éducatifs équitables et de qualité pour tous. Des interventions judicieuses de la part du gouvernement sont nécessaires pour garantir une base d’imposition solide et attirer des financements privés, tout en remédiant à la crise de l’éducation.

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