Nelson Mandela a dit un jour : « Il n’y a pas plus révélateur de l’âme d’une société que la façon dont elle traite ses enfants. »
La société a la responsabilité morale d’investir dans ses enfants, et l’investissement le plus fort qu'une société puisse faire est dans l’éducation de la prochaine génération. Si cet appel moral en faveur de l’éducation, inscrit dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, devrait suffire à placer l’investissement dans l’apprentissage au cœur des efforts internationaux pour le développement, l’ensemble du dossier d’investissement est tout aussi convaincant. De nombreux argumentaires rationnels – de l’emploi à la croissance économique, la sécurité et la réduction des inégalités - renforcent l'aspect essentiel de l’éducation pour la réalisation de tous les Objectifs de développement durable (ODD).
Lancé en 2016, le rapport de la Commission de l’Éducation, La génération apprenante fixait une feuille de route portant sur les investissements et les réformes pour parvenir à tenir la promesse faite en matière d’éducation grâce à quatre transformations : améliorer la performance des systèmes éducatifs, innover pour produire des résultats, inclure chaque enfant, en particulier les plus marginalisés, et faire du financement une priorité.
Pourtant, même si les pays font tout ce qu’ils peuvent, nombreux sont ceux qui ne peuvent parvenir seuls à bâtir la Génération apprenante. L’action nationale doit être accompagnée d’un soutien encore plus important de la communauté internationale.
Nous pensons que 2018 sera une année cruciale pour l'éducation dans le monde, qui verra les acteurs internationaux se lancer un nouvel engagement, qui consiste à doter la prochaine génération des compétences, connaissances et comportements nécessaires pour bâtir un meilleur avenir pour nous tous. Cette action cruciale commence par un financement réussi du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) pour démarrer l’année.
Démarrer fort en 2018
Suite au déclin de l'aide internationale à l’éducation pendant six années consécutives, le dossier d’investissement de la Commission souligne pourquoi la communauté internationale doit prendre ses investissements dans l’éducation plus au sérieux – et les conséquences désastreuses qui résulteraient du cas contraire.
Mais il souligne surtout comment la communauté internationale peut contribuer à faire de la Génération de l’apprentissage une réalité. Au Sénégal, en février prochain, les dirigeants du monde entier auront l’occasion de s'engager à soutenir l'action essentielle du GPE. Nous devons tous apporter notre soutien pour l'atteinte de l'objectif de financement de 3,1 milliards de dollars alignée sur les recommandations de la Commission d’accroître le budget du GPE jusqu’à 2 milliards de dollars annuels d’ici 2020, plus du triple de son budget actuel. Atteindre cet objectif permettrait au GPE d'aider 89 pays hébergeant 870 millions d’enfants et de jeunes.
Depuis sa création il y a 15 ans, le GPE a aidé des millions d’enfants – et les pays dans lesquels ils vivent – à réaliser la totalité de leur potentiel. Le partenariat a crû et évolué, développant une nouvelle stratégie et un nouveau cadre de financement davantage axé sur les résultats, mobilisant l’innovation et favorisant le partage des connaissances.
Le rapport de la Commission a montré que les pays à faible revenu en particulier ne peuvent que rassembler une partie de leurs besoins budgétaires en matière d’éducation. L’approche partenariale du GPE – associant l’appropriation du pays au financement par des bailleurs – est donc un élément absolument essentiel pour les pays les plus pauvres.
La semaine dernière, dans un article paru sur le site Project Syndicate, le Président du Malawi, Arthur Peter Mutharika, remarquait que malgré l’augmentation de la part de l’éducation dans le budget national de son pays, passée de 12,5 % en 2010 à 21 % en 2015 : « il y a une limite à ce que peuvent faire seuls les pays en difficulté économique tels que le Malawi. » Il concluait ainsi : « Pour faire de véritables progrès en matière d’éducation, le soutien généreux de pays partenaires et d’institutions mondiales plus riches est essentiel. » L’élan national ne peut être maintenu que par une action internationale engagée.
Des événements récents mettent également en lumière le pouvoir et le potentiel de la coopération internationale sur la voie d'un objectif commun. En juillet dernier, les dirigeants du Sommet du G20 à Hambourg, en Allemagne ont reconnu le soutien qu’ils apportent au GPE, tout en reconnaissant la valeur du Fonds baptisé L’Éducation sans délai et de la Facilité financière internationale pour l’éducation proposée pour mobiliser les ressources supplémentaires nécessaires au secteur.
Fonctionnant en tant que système, ces trois initiatives se complètent l'une l'autre pour apporter une assistance internationale globale aux pays engagés dans des processus d’investissement et de réforme. S’appuyant sur le financement solide du GPE mis à la disposition des pays les plus pauvres, le Fonds baptisé L’Éducation sans délai fournit immédiatement des ressources destinées à l'éducation dans les situations de conflit et d’urgence. La Facilité internationale de financement de l'éducation proposée fournira, quant à elle, aux pays de la tranche inférieur des pays à revenu intermédiaire, un financement à faible intérêt sur le plus long terme grâce aux Banques de développement multilatérales afin de compléter la planification sectorielle solide et l’engagement des parties prenantes proposés par le GPE.
Susciter une transformation
L’investissement d’un bailleur dans le GPE reflète sans aucun doute un engagement fort en faveur de la réalisation de l’ODD 4. Des nouvelles prometteuses parviennent tout juste de la Commission européenne, qui a annoncé qu’elle accorderait 287,5 millions d’euros au GPE pour la période 2018 - 2020.
C’est une étape dans ce qui peut – et doit être un point charnière pour la communauté internationale. En cette fin 2017, tandis que nos regards se portent vers la nouvelle année, nous sommes remplis d'espoir et d'inspiration par les possibilités qui s’offrent à nous sur la voie de la réalisation des objectifs mondiaux.
Pour cette nouvelle année, prenons la résolution collective de révéler la véritable nature de l’âme de notre société en désignant 2018 comme l’année où l’éducation des enfants et des jeunes du monde entier devient la priorité numéro un.