Au début de ce mois, 190 organisations ont rejoint un Appel à l'action sur le financement intérieur de l'éducation post-COVID-19 (en anglais). Des dizaines de millions d'enfants auront du mal à retourner à l'école ce mois-ci, parce qu'ils ont été contraints de travailler ou de se marier (en anglais).
Des centaines de millions d'autres enfants retourneront dans des écoles qui, déjà sous-financées, risquent de subir des coupes budgétaires (en anglais) massives dans les années à venir, la baisse du PIB risquant de réduire les budgets des écoles d'au moins 210 milliards de dollars. (1)
Cela coïncide avec une période où les coûts de l'éducation devraient augmenter : la réduction des effectifs par classe que nous avons fait valoir pendant de nombreuses années et qui était justifiée sur le plan éducatif, par exemple, pourrait devenir une exigence avec la mise en œuvre de distanciation sociale post-COVID. Toutefois, cela suppose aussi plus d'enseignants et plus de salles de classe.
Malheureusement, nous constatons déjà qu'une partie des coûts des masques, des désinfectants, des thermomètres et du savon dans les écoles est laissée à la charge des parents - ce qui entraînera inévitablement un abandon plus important d’enfants parce que les parents, dont les revenus ont diminué, ne seront pas en mesure de payer ces coûts.
Un tournant décisif pour les investissements dans l'éducation
L'appel à l'action offre une alternative positive - en faisant valoir que le COVID-19 doit représenter un tournant et en montrant comment de nouveaux investissements massifs peuvent être réalisés dans l'éducation publique à travers le monde. Le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) pourrait jouer un rôle central à la fois aujourd’hui et dans les années à venir.
Le GPE exige déjà à ses pays partenaires de maintenir ou d’augmenter la part de leur budget national allouée à l'éducation – allant progressivement à 20 % ou au-delà – comme prérequis s'ils veulent bénéficier du soutien financier du GPE.
Ce critère devrait être examiné de près dans les mois à venir pour éviter que les pays ne détournent les ressources destinées à l'éducation à d’autres fins. Les gouvernements réfléchiront à deux fois avant de réduire leurs propres dépenses en matière d'éducation si cela devait avoir pour conséquence la perte d’un financement du GPE de 10 ou 100 millions de dollars.
Si le GPE a été pionnier pour ce qui est d’encourager l'augmentation des parts allouées à l’éducation dans les budgets nationaux, il ne semble pas avoir suffisamment pris en compte la taille de ces budgets et le rôle crucial de la justice fiscale (en anglais).
Depuis de nombreuses années, le Conseil d'administration du GPE a été régulièrement sollicité pour des actions dans le domaine fiscal. Le prochain plan stratégique du GPE (2021-2025) qui sera adopté en décembre constitue donc une bonne occasion d’aborder cette question. Trop de pays soutenus par le GPE ont un ratio impôts/PIB si faible que même s'ils consacrent 20 % de leur budget à l'éducation, cela serait toujours insuffisant.
Le GPE devrait saisir cette opportunité pour renforcer sa capacité à soutenir des discussions stratégiques et éclairées sur l'accroissement des recettes fiscales au niveau national.