À la rencontre d’Ahmed, Temesgen et Asiya, dans la région de l’Afar, en Éthiopie
28 octobre 2022 par Abdusemed Mussa, Save the Children Ethiopia |
Lecture : 6 minutes

À travers les histoires d'Ahmed, Temesgen et Asiya, trois élèves vivant dans la région de l'Afar, découvrez comment un programme financé par le GPE transforme l'éducation et la vie des enfants en Éthiopie.

Il n'y a pas de limites aux rêves

Ahmed Kassa a 14 ans. Il vit dans l’Afar , une région située au nord-est de l'Éthiopie. C'est un élève brillant, drôle et sympathique, en septième année à l'école primaire Arado. Il y a 45 élèves dans sa classe. Ahmed manquait souvent les cours parce qu'il n'avait pas pu prendre de petit-déjeuner à la maison.

Ahmed Kassa
« J'avais parfois mal au ventre parce que j'avais faim. Alors je pleurais et je retournais au village pour essayer de trouver quelque chose à manger. »
Ahmed
Élève

Son père cultive un petit lopin de terre, mais peine à faire vivre les sept membres de sa famille. L’adolescent l’aide en participant à la corvée de bois. Mais tout a changé pour lui quand des repas ont commencé à être servis à l'école, du lundi au vendredi. Aujourd'hui, ce garçon formidable se promène avec confiance dans la cour de l'école, plein d'exubérance juvénile, d'espoir et d'optimisme.

Cela fait un an et demi que le programme de cantine scolaire a été lancé, dans le cadre du projet CHILD-SFP, financé par le GPE et mis en œuvre par Save the Children, en partenariat avec le ministère de l'Éducation et le Bureau régional de l'éducation.

Le programme est mis en œuvre dans cinq régions — Afar, Amhara, Oromia, Sidama et Somali — et couvre 499 établissements préscolaires et primaires de treize districts. Dans l’Afar, plus de 17 000 élèves de 90 écoles bénéficient du programme.

Seid Mohammed Yabruki
« Les repas scolaires sont un excellent moyen d'encourager l'éducation et d'assurer une alimentation régulière à des enfants qui viennent de districts extrêmement pauvres. Les enfants nourris grâce à ce projet sont en mesure d'apprendre, ce qui signifie qu'ils peuvent avoir une vie meilleure. »
Seid Mohammed Yabruki
Responsable du bureau local de Save the Children Éthiopie

La transformation d'Ahmed ne s'est pas produite du jour au lendemain. Il a dû travailler dur et être accompagné par les enseignants de l'école primaire Arado. Mais aujourd'hui, au lieu de s'inquiéter pour la nourriture, Ahmed améliore ses acquis scolaires et envisage l'avenir avec beaucoup d'espoir et de grandes ambitions.

Ahmed
« Je veux réaliser mes rêves, et je dois y arriver. Mon premier rêve est de devenir un scientifique. Le deuxième est d'être avocat. Il faut travailler dur pour réussir. J'ai travaillé pour obtenir de bons résultats l'année dernière et j'ai réussi : j'ai été classé 5e sur 43 élèves dans ma classe. »
Ahmed

Fantaw Kassaye, son instituteur, n'en doute pas : il n'y a pas de limites aux rêves de ce jeune garçon exceptionnellement doué.

 

Quand l'excellence est possible, être bon ne suffit pas

Temesgen
« Je suis né avec un handicap à la jambe droite. Cela m'affecte beaucoup, pas seulement pour me déplacer, mais aussi dans mes relations sociales. »
Temesgen
Élève

Né dans la ville d'Asaita, dans l’Afar, Temesgen Tadesse a 12 ans. Il est aujourd'hui en cinquième année à l'école primaire Arado. Dès son plus jeune âge, ce garçon a été en butte à des brimades et des discriminations en raison de son handicap.

« Au début, ma famille ne voulait pas que j'aille à l'école, mais un jour notre cousin qui vit à la capitale est venu nous rendre visite. Il a dit à mon père que j'aurais un meilleur avenir si j'allais à l'école. À présent, mes parents, mon frère et ma sœur sont mes plus grands soutiens. » Temesgen

Temesgen a commencé à marcher avec une canne à l'âge de six ans. Après beaucoup d'entraînement, il est devenu capable de se tenir debout tout seul et même de parcourir de courtes distances.

Malgré ses difficultés, il fait tout son possible pour ne pas manquer l'école. Chaque jour, il marche pendant plus d'une heure pour aller en classe et rentrer chez lui, par tous les temps, même quand la température grimpe jusqu'à 50°C.

« J'aime aller à l'école, même si le trajet me fatigue. Un jour, je deviendrai médecin et je serai un citoyen respecté. » Temesgen

La famille de Temesgen vit dans la pauvreté : son père est un petit agriculteur qui a bien du mal à nourrir ses enfants. Le jeune garçon témoigne des bienfaits du programme d'alimentation scolaire :

Temesgen
« Avant, j'avais faim en rentrant de l'école, mais il n'y avait rien à manger pour moi à la maison. Je n'avais pas envie de retourner en classe le lendemain. Maintenant qu'on nous sert un repas à l'école, la journée passe facilement puisque je n'ai pas faim. En plus, les repas à l'école sont délicieux. »
Temesgen

Depuis le lancement du programme CHILD-SFP, plus de 17 000 élèves d'au moins 90 écoles primaires ont pu, tous les jours de classe, manger des repas sains et nutritifs.

Outre les repas scolaires et leurs avantages évidents, la mise en œuvre d'un programme de sensibilisation a provoqué un changement d'attitude à l'égard des personnes handicapées.

À l'école de Temesgen, les parents et l'ensemble du personnel ont été réunis afin de leur faire prendre conscience que tous les enfants, avec ou sans handicap, ont droit à l'éducation.

« Nous avons parlé sans tabou du handicap avec les parents et nous leur avons dit que notre but était de rendre l'environnement scolaire plus accueillant pour les élèves handicapés, en installant des latrines adaptées par exemple. Des enseignants ont été formés à l'intégration des personnes handicapées, et ils sont là pour soutenir les élèves dans cette situation. »
Habib Yassin
Directeur de l'école primaire Arado
Temesgen
« Les membres de la communauté scolaire et les gens du quartier ont commencé à nous montrer [aux élèves handicapés] de l'affection et du respect. Mes résultats scolaires s'améliorent. Ils sont bons pour l'instant, mais être bon n'est pas suffisant quand il est possible d'être excellent. »
Temesgen

Combattre le tabou de la menstruation

Asiya Mohammed vit dans le district d'Asaita, dans l’Afar. Elle est en huitième année à l'école primaire d'Arado. Quand Asiya a commencé à avoir ses règles à l'âge de 15 ans, elle a d'abord eu peur : elle ne savait rien des menstruations, un sujet tabou dans sa communauté.

Mais elle a bénéficié dans son école des séances de sensibilisation à la gestion de l'hygiène menstruelle organisées par Save the Children dans le cadre du programme d’alimentation scolaire CHILD-SFP.

Ces sessions, qui s’accompagnent d’activités connexes d'autonomisation, ont permis de tordre le cou aux préjugés sur les règles. Enseignants et élèves ont pu discuter ensemble et ouvertement des menstruations et comprendre qu'il s'agit d'un phénomène naturel de la vie d'une femme.

Asiya
« Je peux maintenant en parler à ma famille, je n'ai pas besoin de le cacher. »
Asiya
Élève

Asiya est rassurée, elle sait désormais que les règles sont normales. La compréhension de son cycle menstruel l'a aidée à compter les jours pour prévoir quand ses prochaines règles vont débuter. « De cette façon, je peux préparer à l'avance ce dont j'aurai besoin. »

Elle est désormais mieux à même de demander des informations, de détecter les signes des menstruations et de prendre soin d'elle lorsqu'elle a ses règles. Par ailleurs, Asiya est membre d'un « club de filles » récemment créé dans son école. Elle est l'une des 87 750 filles des 499 écoles qui ont bénéficié du programme CHILD-SFP.

Asiya
« Le club est très utile pour nous. Je connais désormais l'hygiène menstruelle et je sais ce qu'il ne faut pas faire. Avant, j’ignorais toutes ces choses-là. »
Asiya

Fatima Hassan, 27 ans, est professeur de langue et également responsable de la promotion de l’égalité des genres et de l'autonomisation des filles à l'école.

Elle était l'une des participantes à la formation sur l'autonomisation des filles et la gestion de l'hygiène menstruelle organisée pour des enseignants sélectionnés dans les écoles du district d'Asaita. « J'ai eu l'occasion d'échanger avec des spécialistes et d'approfondir mes connaissances sur l'hygiène menstruelle et d'autres aspects relatifs à la santé des adolescentes », explique-t-elle.

Outre ces efforts de sensibilisation et de formation, le projet CHILD-SFP a aidé les écoles ciblées à distribuer des trousses d'hygiène aux filles au moment de leurs premières règles et à se doter d’un local où elles peuvent se changer en privé pendant leurs règles.

Au total, le programme a réussi à toucher 118 349 garçons et 104 951 filles dans les écoles visées. Conjuguer alimentation scolaire, sensibilisation et amélioration des installations d’eau, d’assainissement et d’hygiène, est synonyme de meilleurs résultats d'apprentissage chez les élèves.

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