Il est temps d’apprendre ensemble et d’offrir une éducation adaptée à tous les enfants

Qu’il s’agisse d’actions autonomes ou de collaborations étroites, la pandémie de COVID-19 nous donne l'occasion de construire et de renforcer les liens entre les personnes qui mettent en œuvre les programmes éducatifs et les chercheurs, pour nous assurer de tirer les leçons de cette crise et d’utiliser des mécanismes d’évaluations adéquats pour améliorer les résultats d'apprentissage des enfants.

22 octobre 2020 par Pauline Rose, Research for Equitable Access and Learning Center, et Sven Rooms, VVOB Education for Development
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Un mentor (debout) dirigeant une communauté d'apprentissage professionnelle (CLP, du sigle en anglais) pour les enseignants de son école au Rwanda. Les CLP sont une méthode efficace pour le développement professionnel continu des enseignants en milieu scolaire. Crédit : VVOB/Etienne Ntawigira
Un mentor (debout) dirigeant une communauté d'apprentissage professionnelle (CLP, du sigle en anglais) pour les enseignants de son école au Rwanda. Les CLP sont une méthode efficace pour le développement professionnel continu des enseignants en milieu scolaire.
Credit: Crédit : VVOB/Etienne Ntawigira

La crise de la COVID-19 nous rappelle l'importance de données fiables et de preuves solides pour éclairer les décisions que nous prenons en matière de santé certes, mais aussi en matière d'éducation. Pendant les fermetures d'écoles, comment des technologies adaptées peuvent-elles aider à atteindre tous les apprenants, plutôt que quelques chanceux seulement ? Comment cette technologie peut-elle être utilisée pour développer les compétences qui comptent le plus pour le travail et la vie ?

A quel moment pourrait-on rouvrir les écoles en toute sécurité pour les apprenants, les enseignants, leurs familles et les communautés ? Quels élèves ont été le plus laissés de côté ? Comment les aider à rattraper ces connaissances qui risquent d’être perdues ? Comment encourager et soutenir le leadership et l'efficacité des enseignants en ces temps difficiles ? Et qu'en est-il de la participation des parents ?

La recherche et des données probantes peuvent aider à répondre à ces questions

D'après notre expérience, cela fonctionne mieux lorsque des chercheurs comme le REAL Center et des exécutants comme le VVOB se réunissent pour comprendre, appliquer et mettre à l'échelle des approches éclairées par la recherche - plutôt que de travailler de manière indépendante dans des silos séparés.

Un exemple récent que nous aimerions partager est celui d’une collaboration entre nos organisations au Rwanda dans le cadre de l’initiative Leaders in Teaching initiative (en anglais), financée par la Fondation Mastercard. En collaboration avec Laterite (en anglais), le REAL Centre (en anglais) a mené des sondages par téléphone pour comprendre les défis auxquels les enseignants et les chefs d'établissements sont confrontés durant les périodes de fermetures des écoles.

Le contenu de ces sondages téléphoniques a été conçu par les organisations locales impliquées dans ce programme (le VVOB inclue) et influencera également les activités actuellement menées par ces organisations. Nous en partageons les résultats avec le Rwanda Education Board (l’agence gouvernementale en charge de l’éducation), et nous espérons que ce travail contribuera à alimenter les discussions politiques sur les stratégies de réouverture des écoles au Rwanda.

Utiliser ce que nous avons appris des crises passées pour mieux répondre à la crise actuelle

Alors que les écoles rouvrent à travers le monde, nous devons user des meilleures données disponibles pour atteindre de bons résultats d'apprentissage et assurer le bien-être des apprenants. La pandémie de COVID-19 a créé des défis sans précédent pour nous tous : aujourd’hui plus que jamais, nous devons utiliser de manière optimale les données probantes (en anglais) recueillies dans le cadre des recherches sur les perturbations précédentes de l'éducation.

Bien que le monde n'ait jamais connu une crise comme celle-ci, la recherche sur l'éducation dans les situations d'urgence peut offrir des informations indispensables pour guider nos décisions.

On sait par exemple qu'il est fondamental de reprendre rapidement les activités éducatives, en particulier pour les enfants les plus marginalisés.

Nous savons également que se concentrer uniquement sur les résultats d’apprentissage des élèves est insuffisant, car leur bien-être mental et physique est tout aussi important, en particulier pendant et après ces périodes de perturbations.

Une recherche rigoureuse nous permet d’identifier ce qui fonctionne ou pas. L'implication des chercheurs en éducation devrait intervenir dès le départ , non seulement dans le processus d'évaluation, mais déjà pendant la conception, la formulation et aussi tout au long de la phase de mise en œuvre.

Des examens systématiques peuvent nous aider à mieux comprendre le potentiel de gains en termes d'apprentissage, à évaluer de manière critique les études menées dans cadre de ces recherches et à synthétiser les résultats obtenus. Des examens rapides nous permettent d'adapter et d'améliorer rapidement la pratique face à de nouveaux défis. Diverses techniques de suivi et d'évaluation quantitatives et qualitatives et des analyses solides nous aident à déterminer quels groupes bénéficient le plus de quelles solutions éducatives.

La base de données factuelles sur ce qui fonctionne dans le domaine de l’éducation s’est rapidement développée et diversifiée cette dernière décennie. Les preuves disponibles sont également devenues plus faciles d'accès et d'analyse. Par exemple, la base de données en ligne sur la recherche en éducation en Afrique développée par l'ESSA et le REAL Centre, a accru la visibilité de la recherche africaine, consolidé la base de données factuelles pour la politique et la pratique de l'éducation et peut éclairer les partenariats et futures priorités de recherche.

Porter à l’échelle ce qui fonctionne

Les preuves montrent clairement que la COVID-19 a aggravé une crise de l'apprentissage antérieure à la pandémie car, avant la pandémie déjà, 53 % de tous les enfants vivant dans les pays à revenu faible et intermédiaire n’étaient pas capables de lire et comprendre une histoire courte lorsqu’ils achevaient l’école primaire, selon la Banque mondiale (en anglais).

Des problèmes observés à un tel niveau nécessitent des solutions qui peuvent être mises à l'échelle.

Plus que jamais, nous avons besoin de preuves pour éclairer les innovations en matière d’éducation à grande échelle. Des programmes tels que Leaders in Teaching in Rwanda (en anglais) et Teaching at the Right Level in Zambia (en anglais) sont actuellement mis en œuvre avec succès à grande échelle, grâce à une maturation née d’une collaboration fructueuse entre les exécutants (les enseignants notamment), les chercheurs et les autorités gouvernementales.

Bien qu'aucune innovation en matière d’éducation ne puisse obtenir les mêmes résultats partout, une première étape importante consiste à comprendre comment l'innovation en question a fonctionné dans un certain contexte et comment elle peut être adaptée à d'autres selon leurs besoins.

Les outils d’évaluation mis au point par le Réseau pour l’action populaire pour l’apprentissage (PAL Network, en anglais) constituent de bons exemples. L'ajustement et l'adaptation continus des interventions en matière d'éducation n'est pas toujours la chose la plus facile à faire, mais reste la bonne pour résoudre la crise de l'apprentissage.

Développer des partenariats pour obtenir de meilleurs résultats

Nos connaissances sur ce qui fonctionne, même dans des contextes plus difficiles, évoluent. C'est le moment de consolider les preuves existantes pour mieux nous préparer à de futures perturbations. Les responsables de la mise en œuvre des réformes de l'éducation devraient ouvrir leurs interventions aux chercheurs, afin que des recherches plus à propos, plus pertinentes et applicables puissent être produites et partagées.

Les chercheurs bénéficieront également de cette collaboration plus étroite avec les exécutants, car elle leur permet de mieux intégrer des connaissances tacites dans leurs recherches.

La crise de l'éducation de 2020 a vu des parties prenantes de tous horizons se constituer en de nouveaux réseaux ou renforcer ceux déjà existants. Dans le cadre de ces collaborations, des partenariats solides entre les responsables de la mise en œuvre de l'éducation et les chercheurs sont une condition préalable essentielle pour obtenir de meilleurs résultats pour tous les enfants.

Chez VVOB et au REAL Center, nous sommes heureux d'avoir adopté cette nouvelle façon de collaborer - et nous invitons les autres à se joindre à nous !

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