Le Guatemala est le grand pays d’Amérique centrale et aussi le plus peuplé. Malgré une croissance économique soutenue, le secteur de l’éducation fait face à d'énormes difficultés.

En dépit des efforts déployés depuis plusieurs années par différents partenaires avec le Guatemala pour améliorer la situation, les résultats obtenus ont été limités. Le manque de ressources et de mécanismes de coordination efficaces entre ces partenaires et les pouvoirs publics sont autant de facteurs qui freinent les progrès.

Rassembler les partenaires pour soutenir l’éducation

Le Guatemala a décidé de travailler avec le GPE en 2020 pour pouvoir renforcer la coordination dans le secteur et bénéficier d’un accès à de nouvelles ressources. Le groupe local des partenaires de l’éducation nouvellement établi a approuvé un plan sectoriel de l’éducation et des activités essentielles à mettre en œuvre en priorité.

Le plan établi pour la période 2020-2024 vise à garantir que les enfants, les adolescents et les jeunes — en particulier d’origine autochtone et vivant dans les zones rurales — aient accès à une éducation de qualité. Il prévoit notamment l’amélioration du programme d’enseignement, de l’infrastructure scolaire et de la résistance du système aux crises, comme celle de la COVID-19.

En 2021, le gouvernement et ses partenaires étaient parvenus à mobiliser 47,19 millions de dollars pour financer les priorités éducatives nationales énoncées dans le plan. Ces ressources ont permis de mobiliser un cofinancement de 10 millions de dollars dans le cadre du fonds à effet multiplicateur du GPE.

Le fonds à effet multiplicateur du GPE est un mécanisme de financement innovant permettant de catalyser des investissements plus nombreux et de meilleure qualité dans le domaine de l’éducation.

Depuis 2018, le GPE a alloué plus de 480 millions de dollars de financements à 40 pays au moyen de ce fonds, permettant ainsi de débloquer plus de 2 milliards de dollars de cofinancements supplémentaires de divers partenaires, allant des fondations aux banques multilatérales de développement.

Au Guatemala, les cofinanceurs incluent plusieurs fondations et associations locales : Fundación Carlos F. Novella, Fondation Sergio Paiz Andrade, IsraAID Guatemala NGO Association, O.B.A.D.I. Y figurent également des ONG internationales (World Vision et Save the Children) et l’UNICEF.

Ces fonds correspondaient à des ressources nouvelles et supplémentaires allouées au secteur de l’éducation sous la forme de financements. Ils ont permis de dégager des ressources plus importantes que s’ils avaient été alloués sous la forme de prêts, minimisant ainsi les incidences sur la viabilité de la dette du Guatemala.

Les ressources supplémentaires obtenues grâce au fonds à effet multiplicateur et l’alignement généré par le plan sectoriel de l’éducation ont incité ces acteurs à se joindre à cette initiative.

Nous avons rencontré deux de ces cofinanceurs pour savoir ce qu’ils avaient pensé du partenariat établi avec le GPE dans le cadre du fonds à effet multiplicateur.

Comment s’est nouée la relation entre votre organisation et le GPE ?

Cecilia Dougherty, Présidente, Fundación Carlos F. Novella : Nous avons été invités par le ministre de l’Éducation à faire partie du groupe local des partenaires de l’éducation du Guatemala. Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère depuis de nombreuses années, et la plupart de nos programmes ont obtenu son homologation, de sorte que nos actions cadrent avec la vision et l’action nationales.

Pourquoi l’éducation constitue-t-elle une priorité pour votre organisation ?

Salvador Paiz, Président, Fondation Sergio Paiz Andrade : L’éducation est le fondement de la société. Elle contribue non seulement à la stabilité et au développement des connaissances, mais aussi à l’épanouissement des individus. L’éducation donne à chacun une chance de progresser et de s’épanouir.

Mon grand-père, Carlos Paiz, s’est retrouvé orphelin très jeune. Cette situation l’a contraint à quitter sa ville natale, à arrêter ses études et à abandonner tout ce qu’il connaissait. Il a dû se faire une place dans le monde grâce à ses compétences. L’entreprise familiale qu’il a bâti au prix d’efforts considérables continue de se développer. Il a toujours insisté sur l’importance de l’éducation et sur la manière dont elle pouvait transformer la vie des individus.

Voilà pourquoi nous cherchons avant tout à transformer la vie des gens. Nous sommes convaincus que l’éducation contribue de manière fondamentale à cette transformation. L’éducation est l’unique moyen, et aussi le plus efficace, d’accroître la prospérité d’un pays.

Nous encourageons les initiatives comme celles visant à utiliser la technologie comme un outil de développement, en l’introduisant dans les écoles publiques afin d’améliorer la qualité de l’enseignement.

Quelles raisons ont poussé votre organisation à apporter un financement dans le cadre du fonds à effet multiplicateur ?

Cecilia Dougherty, Présidente, Fundación Carlos F. Novella : Notre engagement en faveur de l’éducation au Guatemala repose sur l’expérience acquise depuis plus de 30 ans en tant que fondation privée et depuis plus de 100 ans en tant qu’entreprise familiale. Nous savons que les effets de nos investissements sont démultipliés dès lors qu’ils contribuent à un plan national, et que nous participons à quelque chose de plus grand.

Travailler en partenariat est très efficace et nous, en notre qualité de citoyens, avons besoin de soutenir des institutions fortes. Il importe de trouver des solutions multilatérales et à long terme à des problèmes complexes, et faire appel à plusieurs secteurs permet de produire de meilleurs résultats.

Salvador Paiz, Président, Fondation Sergio Paiz Andrade : Savoir que nos actions contribuent à transformer des vies est notre principale source de motivation et d’inspiration. Nous sommes convaincus que les ressources que nous consacrons à notre mission auront un effet multiplicateur. Et cela contribuera à concrétiser notre vision pour accroître la prospérité de notre pays. Participer à cette feuille de route nous permet de conjuguer nos efforts et de mesurer l’impact de nos investissements.

De quelle manière le fonds à effet multiplicateur, mécanisme de financement novateur, peut-il soutenir la transformation de l’éducation ?

Cecilia Dougherty, Présidente, Fundación Carlos F. Novella : Ce fonds permet à tous les acteurs qui travaillent ou investissent dans le domaine de l’éducation de concentrer leurs efforts, et contribue à réduire les inefficacités ou les doubles emplois dans les domaines abordés.

Les acteurs de la société civile et du secteur privé vont dans la même direction, et chacun connaît le montant et le rôle de sa contribution, qui s’inscrit automatiquement dans le cadre d’une approche institutionnelle et inclusive plus large. Je pense que le fonds à effet multiplicateur renforce les effets des investissements consentis dans l’éducation par d’autres acteurs que le gouvernement.

Le ministère de l’Éducation du Guatemala a procédé à l’identification de partenaires stratégiques de cofinancement et à leur coordination, ce qui a permis de mobiliser des ressources essentielles pour soutenir des réformes à grande échelle.

L’appui apporté par le GPE au travers du fonds à effet multiplicateur, combiné à son approche axée sur la collaboration, aide le pays à atteindre son objectif, à savoir assurer à tous les enfants une éducation de qualité.

Une nouvelle ère de coopération s’est ouverte au Guatemala. Les effets incitatifs du fonds à effet multiplicateur dépassent de loin son rôle de mécanisme de financement innovant : il contribue également à élargir l’approche partenariale du GPE.

Si les membres du groupe local des partenaires de l’éducation et d’autres mécanismes de coordination, comme le cluster éducation, en tirent parti grâce à l’amélioration de la coordination, ce sont les enfants guatémaltèques qui en bénéficieront le plus.