L'impact économique du COVID-19 est déjà dévastateur et ne peut qu'empirer. Le FMI prévoit que le monde connaîtra sa pire récession depuis la Grande Dépression, et cela mettra 71 à 100 millions de personnes de plus en situation d'extrême pauvreté. C'est la première fois que nous assistons à une augmentation de l'extrême pauvreté en plus de deux décennies.
L'éducation est la clé pour inverser cette tendance : si tout le monde terminait ses études secondaires, nous pourrions réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté. Mais, avec 90 % (en anglais) des enfants de 10 ans vivant dans les pays à faible revenu ne sachant pas lire et incapables de comprendre une phrase simple, ce potentiel s’apparente donc plus à un simple rêve. Ces chiffres ne tiennent même pas compte de l'impact des pertes d'apprentissage dues au COVID-19.
Comme l’affirme Julia Gillard : « les risques de fragmentation, de duplication et d'incohérence stratégique sont évidents ». L'avenir d'économies entières est en jeu : les enfants d'aujourd'hui sont les médecins et les experts en santé publique de demain. Le COVID-19 offre une opportunité de transcender les défis actuels, de revoir le fonctionnement de nos systèmes éducatifs et mieux les reconstruire. Pour y parvenir, trois approches concrètes doivent être mises en œuvre. Elles consistent notamment à :
- Développer un plaidoyer d'investissement unifié et amener les bailleurs de fonds à s'engager à le financer. Même avant la pandémie de COVID, l'écart de financement de l'éducation était énorme : le financement de l'éducation devait passer de 1 200 à 3 000 milliards de dollars (en anglais) par an pour assurer l’apprentissage de toute une génération. Cependant, la réduction de l'espace budgétaire en faveur de l'éducation, couplée aux pertes en termes d'apprentissage dues au COVID-19 aggraveront cette situation. Pour renforcer l'urgence de la situation, la communauté éducative doit développer un dossier d'investissement unifié et amener les donateurs à s'engager à le financer. Le secteur doit parler d'une seule voix, afin que les donateurs puissent saisir pleinement l'urgence de la situation.
- Développer un outil de suivi du financement de l'éducation. Les dirigeants doivent être tenus responsables du respect des engagements financiers par le biais d'un outil de suivi du financement de l'éducation. Cet outil doit également lier le financement aux résultats (des enfants les plus vulnérables en particulier) pour garantir l'efficacité des dépenses liées à l'éducation. Parce que les promesses ne suffisent pas, nous devons voir des progrès.
- Se concentrer particulièrement sur la crise mondiale de l'apprentissage et investir dans les premières années. Cette crise constitue la plus grande menace pour l'éducation de notre époque, car elle entrave tout le potentiel futur d'un enfant et de nos économies. Trouver un consensus autour de cet objectif clair et mesurable aidera à résoudre la crise.