L'Afrique est fermement résolue à transformer son éducation. Afin de réaliser l'idéal d'une Afrique prospère, pacifique et intégrée, les mesures nécessaires visant à garantir la pleine participation de tous les citoyens au processus de développement doivent être prises. L'éducation est l'une des pierres angulaires de la réalisation de cet objectif.
Malgré les efforts déployés pour faire progresser le droit des filles à accéder à l'éducation en Afrique, l'espérance de vie scolaire en Afrique subsaharienne est de 9 ans (UNESCO 2016). Par conséquent, l'objectif de 12 années d'une éducation de qualité reste une lointaine réalité pour des millions de filles sur le continent.
Le besoin d'accélérer la mise en place de systèmes éducatifs intégrant la notion de genre pour veiller à ce que les filles et les femmes puissent participer pleinement au processus d'enseignement et d'apprentissage s’avère donc urgent.
Une stratégie en faveur de l’égalité des sexes pour soutenir la stratégie de l'Afrique en matière d’éducation
Lors de la 3e rencontre des Comités techniques spécialisés sur l'éducation, la science et la technologie (CTS-EST) de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Éthiopie en décembre 2019, les ministres et hauts fonctionnaires qui ont assisté à la réunion ont mis en exergue l'importance de l'intégration du genre dans la planification du secteur de l'éducation.
La Stratégie pour l'égalité entre les sexes de la Stratégie d’éducation continentale pour l'Afrique 2016-2025 (GES4CESA) est un outil développé pour aider les États membres à réorienter leurs systèmes d'éducation et de formation, afin de garantir qu'autant de filles et de femmes que possible acquièrent les connaissances, les compétences et les aptitudes, l'innovation et la créativité nécessaires pour favoriser le développement de l'Afrique.
Elle a été élaborée conjointement par l'UA/CIEFFA et le Forum des éducatrices africaines (FAWE) avec le soutien de l'Initiative des Nations Unies pour l'éducation des filles (UNGEI). D'autres partenaires clés comme le PME ont assisté et ont contribué à la réunion de validation.
Cet outil est extrêmement important comme cadre normatif continental solide articulant les engagements en matière d'égalité entre les sexes pour le continent, au côté de l'Agenda 2063 et de la Déclaration de Nairobi. Vraisemblablement, aucune autre région ne dispose à ce stade d'un mécanisme de responsabilisation aussi performant, mais cela exigera des efforts concertés et la mise en place de moyens pour que les pays respectent ces engagements.
« Cet outil jouera un rôle essentiel pour combler les lacunes que nous observons actuellement dans les systèmes éducatifs du continent », a souligné S.E. Sarah Anyang Agbor, Commissaire aux ressources humaines, à la science et à la technologie de la Commission de l'UA.
Les participants ont souligné la nécessité de vulgariser le GES4CESA, afin d'accélérer son appropriation au niveau national. À cette fin, ils ont exhorté l'UA/CIEFFA et ses partenaires à élaborer des stratégies visant à sensibiliser à ce document de haute importance et à renforcer les capacités des pays pour sa bonne mise en œuvre au niveau national.
Les expériences du Malawi, du Soudan du Sud et du Zimbabwe ont clairement montré que les pays ayant suivi des séances de formation sur la planification du secteur de l’éducation intégrant la notion de genre (GRESP) et le GES4CESA ont de bons indicateurs de performance relatifs à l’éducation des filles et des femmes.
Les ateliers de formation régionaux du GRESP sont organisés par l'UNGEI et le PME, avec le soutien de partenaires régionaux dont l'UA-CIEFFA et le FAWE notamment. Ils ont joué un rôle essentiel dans la promotion d'un programme de transformation en matière d’égalité des sexes, en partenariat avec des partenaires régionaux et mondiaux.
Prioriser une approche inclusive
Cependant, la mise en œuvre réussie de cet outil et d'autres instruments élaborés par d'autres acteurs de développement ne peut fonctionner que si une approche inclusive et participative est adoptée pour que les systèmes éducatifs en Afrique soient établis de manière efficace.
À cet égard, les ministres ont encouragé l'UA/CIEFFA à continuer à être engagés avec différentes parties prenantes à savoir le Parlement panafricain, les Communautés économiques régionales, les organes de l'Union africaine et les institutions spécialisées, les chefs traditionnels et religieux, les OSC, les médias, les jeunes, et en particulier les gouvernements africains pour la mise en œuvre des politiques relatives à l'éducation des filles et des femmes.
Il est nécessaire de renforcer la cohérence et d’assurer un impact maximal grâce à la coordination et à l’alignement des diverses initiatives ciblant l’éducation des filles et des femmes. Ces acteurs suivront également les efforts déployés par les pays pour obtenir des résultats concrets et les tiendront responsables.
Collaborer avec ces partenaires permet d’augmenter les chances de surmonter les défis qui entravent la rétention scolaire et l'achèvement des études des filles, tels que le mariage précoce, les grossesses, les environnements d'enseignement et d'apprentissage n’intégrant pas la notion de genre, les conflits, etc.
Les ministres de l'Éducation ont demandé aux États membres de mettre en œuvre des mesures supplémentaires visant à augmenter la scolarisation et la rétention des filles dans les systèmes éducatifs et à soutenir la transition des filles vers l'enseignement supérieur, en collaboration avec les parties prenantes concernées.