Des jeunes femmes qui osent

Cinq jeunes femmes qui ont décidé de suivre la carrière de leurs rêves.

11 avril 2022 par Alicia Mills, Girls’ Education Challenge
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Lecture : 5 minutes
Une jeune femme utilisant sa tablette électronique pendant une leçon dans un établissement scolaire au Kenya. Crédit : GPE/Deepa Srikantaiah

Une jeune femme utilisant sa tablette électronique pendant une leçon dans un établissement scolaire au Kenya.

Credit: GPE/Deepa Srikantaiah

J'ai récemment rencontré Aurélia, Maryam, Alice, Dora et Rita, cinq jeunes femmes résolument tournées vers leur avenir. Chacune a une vision bien claire de son plan de carrière.

Aurélia (étudiante en TIC) veut ouvrir le premier cybercafé de son quartier. Maryam (étudiante en mode) travaille sur une commande pour la confection de vêtements pour hommes. Alice (étudiante en plomberie) bénéficie déjà des éloges des responsables de l'hôpital de la commune dont elle a réaménagé toutes les toilettes. Dora (étudiante en mode également) veut ouvrir une petite usine et Rita (étudiante en soins esthétiques) a pour ambition de maquiller toutes les futures mariées de la ville, pour qu’elles n’aient plus besoin d’aller jusqu’à la ville la plus proche pour leurs soins de beauté.

Toutes âgées de 19 ans et sorties du système scolaire formel depuis l'âge de 9 ou 10 ans, ces jeunes femmes ont été soutenues par le projet Education for Life, mené par l’ONG Action Aid et financé par UK Aid, à travers le Girls’ Education Challenge.

Le projet paie leurs frais de formation annuels, soutient le fonctionnement d’une crèche sur place et plaide en faveur de leur admission malgré leur non-scolarisation formelle préalable.

Trois de ces jeunes femmes sont mères. Les autres travaillaient avec leur famille dans des exploitations agricoles ou effectuaient des travaux occasionnels, sans réelle perspective d'emploi solide et durable.

Toutes affirment qu'avant de rejoindre le projet, elles ne pensaient pas avoir d’avenir et qu'il était peu probable que leur vie change. Elles considéraient l'université et les carrières comme quelque chose de réservé aux autres et pas à elles.

Elles sont toutes pensionnaires du centre de formation, ce qui signifie qu'elles sont plus en sécurité et n'ont pas à parcourir de longues distances pour se rendre à l’école (ce qui est parfois particulièrement difficile pour des jeunes filles mères).

La garde des enfants est proposée pendant les heures de cours. Cependant, il n’est pas rare de voir certains bébés dans les salles de classe ou sur le dos de leur mère dans la cour du centre de formation.

Avec l'aide de conseillers d'orientation, chacune d’elle a identifié ses centres d’intérêts et les compétences dont elle avait besoin.

Aurélia, par exemple, a toujours trouvé l'usage de la technologie comme étant intuitive et facile. Elle a donc choisi cette voie, avec en projet d'ouvrir un cybercafé pour servir la communauté locale.

Elle est certaine que la demande de personnes ne disposant pas de connexion Internet à la maison et qui souhaitent utiliser Facebook, se tenir au courant de l’actualité nationale, postuler à des emplois ou simplement rester en contact avec des proches en ligne, est forte.

Dans le même temps, elle comprend que cette ambition s'accompagne de défis et de dépenses. Elle est déjà à la recherche de conseils et de soutien sur les coûts de démarrage et les prêts potentiels.

« Quand j'ai abandonné l'école, je ne pensais pas qu'il m’était possible d'avoir une vie meilleure. Je traversais une période difficile et j'étais désespérée. Mais, depuis que j'ai rejoint le projet Éducation for life, j’entrevois un avenir meilleur. J'ai choisi de me former à l'informatique de base. J'espère que ces connaissances me permettront d'ouvrir des centres TIC dans différents villages, afin de former la communauté à l’usage de leurs gadgets numériques et d’Internet. Je sais désormais lire et écrire l'anglais, ainsi que faire du traitement de texte. Je suis heureuse de pouvoir utiliser ces compétences pour améliorer mes moyens de subsistance et ceux des autres. »

Aurelia

Alice, qui étudie la plomberie, a découvert qu'elle avait une aptitude naturelle à le faire. Le Directeur du Centre de formation la présente d’ailleurs comme étant l’une de leurs « stars ». En effet, elle a été choisie pour réaménager les toilettes d'un petit hôpital local qui recherchait les services d’un plombier local au lieu de faire appel à une entreprise de plomberie plus coûteuse et basée hors de la ville.

Alice n'est pas déconcertée par le fait d'étudier dans un groupe composé principalement de garçons, encore moins par la perspective d'évoluer dans une profession traditionnellement masculine.

Elle déclare qu'elle travaillera dur pour obtenir son certificat de fin de formation pour le montrer à ses potentiels clients et se constituer des références (elle en a déjà quelques-unes grâce au travail qu'elle a effectué à l'hôpital public local). Elle montrera également aux gens ce qu'elle peut faire, en le leur prouvant en personne.

« Je suis maintenant une formation de plombière. J'ai utilisé mes compétences en matière d'installation de douches et de conduites d'eau dans le cadre d’un travail pour le centre de santé local. Je suis heureuse de pouvoir désormais gagner ma vie grâce à la plomberie. »

Alice

Rita, quant à elle, a une stratégie commerciale solide. Elle a remarqué que, lorsqu'elles se marient, la plupart des femmes sont prêtes à dépenser beaucoup d'argent pour maquillage professionnel. C’est la raison pour laquelle elle a décidé de faire du maquillage de mariée sa profession.

« J'aime ce que je fais ici parce qu'on m'a donné la chance de choisir ce que je voulais faire dans la vie. Je suis une formation en soins beauté et bien-être. J'aimerais être connue dans tout le pays et même travailler avec des célébrités. Je suis ma formation tout en prenant soin de mon bébé grâce aux bonnes assistantes maternelles dont nous disposons. Depuis que j'ai rejoint Education for Life, ma vie a vraiment changé en mieux. Au début, d'autres filles et membres de la communauté se moquaient de nous parce qu'elles ne pouvaient pas croire qu'il existe un projet qui puisse cibler des personnes comme moi, qui ont eu des bébés à un âge précoce. »

Rita

Lorsqu'on leur a demandé si elles envisageraient de déménager, d'emporter leurs qualifications et leurs compétences dans une grande ville, elles ont toutes répondu qu'elles souhaitaient rester là où elles se trouvaient, afin de créer plus d'emplois et contribuer à l'économie locale.

Je suis sortie de notre rencontre impressionnée et inspirée par leur détermination et leur confiance en elles. L'impact de ce projet sur leur vie a été véritablement transformateur. Cela m'a également montré très clairement que lorsque des jeunes femmes voient d'autres personnes croire et investir dans leur potentiel, cela booste leur confiance en elles et les rend plus ambitieuses.

« Ma vie avant de rejoindre le projet Education for Life était très difficile. J'étais isolée dans la communauté et sans espoir. C’est après avoir suivi le programme de mentorat au centre de formation que j’ai retrouvé de l'espoir. J'ai acquis des compétences en couture et en confection de vêtements. J’ai aussi appris à travailler des perles. J'espère posséder une entreprise dans l'avenir pour vendre mes produits et employer d'autres designers. »

Dora

« Lorsque j'ai choisi de suivre une formation de styliste-modéliste au centre de formation professionnelle, je ne savais pas que j'arriverai là où je suis aujourd'hui. J'ai moi-même conçu la jupe que je porte aujourd'hui. Dans mon village, les gens désormais appel à moi pour différentes tâches comme raccommoder leurs vêtements, par exemple. Chaque jour, après la formation, j'emporte avec moi des déchets de matériaux et je fais des décorations chaque fois qu'il y a une activité près de mon village. La société me voit différemment. Mon objectif est de devenir indépendante à l'avenir lorsque j'aurai terminé mes études. ActionAid et Sauti ya wanawake ont bien fait de me soutenir et de me montrer qu'il y a de la lumière au bout du tunnel. »

Mary

« Je suis heureuse d'avoir rejoint le projet Education for Life. Grâce à cela, j'ai pu intégrer un programme du Centre de formation professionnelle de Marafa en tant que soudeuse. Je suis fier d'avoir pu fabriquer des grillages, et même la table que je possède à la maison. »

Lilian

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