De nouvelles données révèlent que les jeunes défavorisés sont plus vulnérables au harcèlement à l'école
Près du tiers des jeunes adolescents dans le monde ont récemment été victimes d'intimidation. Quels en sont les effets et les facteurs influençant ce phénomène ?
01 octobre 2018 par Silvia Montoya, UNESCO Institute for Statistics
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Lecture : 4 minutes
Un jeune garçon malheureux assis dans les couloirs d'une école. Crédit: Ridofranz
Un jeune garçon malheureux assis dans les couloirs d'une école.

Ce blog a également été publié par l'ISU

Près d’un tiers des jeunes adolescents dans le monde ont fait l’objet d’un épisode récent de harcèlement scolaire, d’après des données publiées pour la première fois par l’Institut de la Statistique de l’UNESCO (ISU). Ces données font partie d’une nouvelle publication importante de 32 indicateurs mondiaux et thématiques du suivi des avancées sur la voie de l’Objectif de développement durable 4 (ODD 4), qui comprend la mise à jour de la base données mondiale sur l’éducation de l’ISU pour l’année scolaire achevée en 2017.

Nous savons que le harcèlement scolaire affecte les capacités d’apprentissage des jeunes, peut contribuer à un sentiment d’inutilité et mène à une augmentation des taux de décrochage scolaire. C’est pourquoi l’indicateur thématique de l’ODD 4.a.2 – qui traque le harcèlement scolaire – est si important.

L'école doit être un lieu sécurisé pour tous les jeunes. Une éducation de qualité en dépend. Pourtant, les enquêtes sanitaires nous montrent que partout, les enfants sont touchés par le harcèlement scolaire. Il peut représenter un faible pourcentage, tel que 7 % de tous les adolescents au Tadjikistan ou un pourcentage énorme, tel que 74 % au Samoa, et il est répandu dans tous les pays et régions de différents niveaux de revenu. Par exemple, 44 % des adolescents en Afghanistan sont victimes de harcèlement scolaire, tout comme 35 % des adolescents au Canada, 26 % en Tanzanie et 24 % en Argentine.

Des données basées sur l’auto-évaluation

Ces données ont été recueillies à partir d’enquêtes au sein des établissements chargées du suivi de la santé physique et de l’équilibre psychique des jeunes. L’étude mondiale sur la santé à l'école (GSHS) porte sur les enfants âgés de 13 à 17 ans dans les régions à faible revenu. De même, l’Enquête sur les comportements des enfants d’âge scolaire en matière de santé (HBSC) cible les jeunes de 11 à 15 ans dans 42 pays, principalement en Europe et en Amérique du Nord.

Il est clair que l’auto-évaluation a ses limites. Certains enfants harcelés sont susceptibles de montrer quelque réticence à révéler des incidents scolaires ou de craindre d’exposer quelqu’un en situation d’autorité qui pourrait cautionner (voire exercer) un tel comportement. Cela peut signifier que dans certaines communautés, le harcèlement pourrait être passé sous silence.

La situation pour les filles et les garçons

Si l’on prend en compte le sexe, on observe que les garçons sont légèrement plus susceptibles d’être harcelés que les filles.

Les données, qui ne comprennent pas la violence sexuelle ou d’autres formes de violences liées au genre, montrent que plus de 32 % des garçons font l'objet de harcèlement à l’école, contre 28 % des filles.

Lorsqu’on étudie les 10 pays où les enfants signalent le taux d'incidences de harcèlement le plus élevé, les taux médians montrent quelque chose d’un peu différent : il est en effet sidérant de voir que 65 % des filles et 62 % des garçons signalent du harcèlement, ce qui révèle que là où il y a davantage de harcèlement, ce sont les filles qui sont plus largement touchées.

Taux de harcèlement parmi les adolescents dans le monde.
Source : Les données sont basées sur l’Enquête sur les comportements des enfants d’âge scolaire en matière de santé (HBSC), un sondage mené auprès de jeunes âgés de 11 à 15 ans en Europe et en Amérique du Nord et l’étude mondiale sur la santé à l'école (GSHS), une enquête menée auprès de jeunes âgés de 13 à 17 an dans les pays en développement.

Les facteurs externes jouent un rôle dans le harcèlement

Le statut socioéconomique comme celui d’immigré jouent un rôle dans le harcèlement, selon les données de l’HBSC sur les enfants d’Europe et d’Amérique du Nord. En fait, dans ces régions, le statut socioéconomique – basé sur la richesse, la profession et le niveau d’éducation des parents – est l’indicateur les plus probable de harcèlement scolaire : deux jeunes défavorisés sur cinq en subissent les effets néfastes. En comparaison, un quart des adolescents sont touchés dans les familles plus aisées.

Enfin, sur la base des données de l’HBSC, on note également que les enfants immigrés ont tendance à être plus vulnérables au harcèlement que leurs camarades nés dans le pays. Tandis que les migrations mondiales atteignent un nouveau pic, il est important de se demander si le harcèlement complique encore davantage les capacités d’apprentissage de ce groupe vulnérable.  

Quels sont les principaux points clés à retenir ?

  • Un tiers des jeunes dans le monde fait l’objet de harcèlement scolaire.
  • Les garçons sont dans l’ensemble légèrement plus touchés que les filles, mais dans les pays où le harcèlement est le plus répandu, ce sont les filles qui sont le plus ciblées.
  • Un statut socioéconomique peu élevé est l’indicateur principal du harcèlement scolaire dont font l’objet les jeunes adolescents dans les pays favorisés.
  • Les jeunes immigrés dans les pays riches sont plus susceptible de faire l’objet de harcèlement scolaire que les jeunes nés dans ces pays.

Comprendre le harcèlement dans le monde – et agir pour lutter contre ce fléau – est au cœur de la cible de l’ODD 4.a, qui vise un suivi d’ensemble des milieux scolaires au-delà des questions pédagogiques. Comme pour les autres cibles, celle-ci est mesurée par des indicateurs spécifiques, tels que l’indicateur 4.a.1, qui s’intéresse aux installations scolaires, l’indicateur 4.a.2, qui opère un suivi du harcèlement et l’indicateur 4.a.3, qui porte sur la question distincte de la violence à l’école.

Pourquoi avons-nous besoin de données sur le harcèlement scolaire ?

Pour nous, les données sont la clé du changement. Elles peuvent révéler qui est touché par le harcèlement et indiquer un moyen pour les gouvernements nationaux et les organisations internationales et non-gouvernementales de mieux programmer les politiques. Dans le temps, les tendances peuvent indiquer l’efficacité ou non des interventions.

Enfin, plus nous avons de connaissances, plus nous sommes capables de canaliser les ressources vers les enfants qui ont le plus besoin d’aide. En tant que dépositaire de toutes les données liées à l’ODD 4, l’ISU œuvre, aux côtés d’un large éventail de partenaires de l’éducation, à fournir à ces derniers les outils nécessaires pour atteindre cet objectif.

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