De la nécessité impérieuse de renforcer les compétences vertes de la prochaine génération

De jeunes leaders du GPE au Kenya et au Mexique luttent contre les effets du changement climatique dans leurs communautés par le biais de l'éducation. À travers des innovations en matière d'économie d'eau, des élèves comme Sibel et Alexander créent des solutions pour renforcer la résilience et la durabilité.

31 juillet 2024 par Esther Gacigi, Teach For All
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Lecture : 5 minutes
Des élèves de 3e année de l’école de Kwa Njenga au Kenya plantent des légumes dans des jardins innovants pour lutter contre la pauvreté alimentaire. Crédit : Esther Gacigi
Des élèves de 3e année de l’école de Kwa Njenga au Kenya plantent des légumes dans des jardins innovants pour lutter contre la pauvreté alimentaire.
Credit: Esther Gacigi

Le changement climatique n'est plus une menace lointaine. Il s’agit d’une réalité vécue par des milliards de personnes partout dans le monde. L'un des secteurs les plus touchés par le changement climatique et pourtant souvent négligé est l'éducation.

En effet, lorsque des catastrophes climatiques telles que les sécheresses, les inondations, les cyclones, les vagues de chaleur ou les incendies de forêt se produisent, l'éducation est l'un des secteurs les plus perturbés.

Les incidences du changement climatique sur les écoles au Kenya et au Mexique

Prenons l'exemple du Kenya, un pays qui n'est pas étranger au changement climatique. En 2020, le Kenya a été victime de l'une des pires sécheresses que le pays ait connues au cours des dernières décennies.

Cette sécheresse a affecté l'agriculture pluviale du pays, en entraînant une baisse de la production agricole qui, à son tour, a donné lieu à l’insécurité alimentaire et à la hausse des prix des denrées alimentaires.

Par conséquent, plus de 4,2 millions de Kényans ont été confrontés à une pauvreté alimentaire extrême et plus de 3,5 millions d'enfants ont été privés d’école.

Les personnes qui ont le plus ressenti ces conséquences sont celles qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Il est devenu impossible pour les familles vivant dans des communautés défavorisées de s'offrir trois repas par jour, et encore moins de veiller à ce que leurs enfants fréquentent assidûment l’école.

En tant que chargée de recherche chez Teach for Kenya , j'ai vu cette réalité se manifester dans ma classe à l'école primaire de Kwa Njenga. Les élèves arrivaient à l'école le ventre vide et d'autres s’absentaient de l’école pour essayer de subvenir à leurs besoins.

Cela a eu des conséquences sur leurs résultats scolaires. De la poussière qui envahissait nos salles de classe au manque d'eau, nous avons tous ressenti les effets de cette sécheresse.

En 2024, le Kenya a également été victime d’inondations et l'éducation a été l'un des secteurs les plus touchés, dès lors que plus de 350 000 élèves ont été privés d’école dans les communautés défavorisées.

De la sécheresse aux inondations, les enfants et les jeunes défavorisés du Kenya font partie de ceux qui subissent le plus les conséquences des catastrophes climatiques.

Des élèves plantant des bulbes d’oignon à l’école primaire de Kwa Njenga au Kenya. Crédit : Esther Gacigi
Des élèves plantant des bulbes d’oignon à l’école primaire de Kwa Njenga au Kenya.
Credit:
Esther Gacigi

Entre 2022 et 2023, la ville de Monterrey au Mexique a été confrontée à de graves pénuries d'eau dues à une sécheresse sévère et prolongée, à la surexploitation des ressources en eau et à l'inefficacité des infrastructures.

Alexander Guel Tonche, un ambassadeur du mouvement étudiant Enseña por México , a vu sa communauté être touchée par cette crise :

« En effet, le manque d'eau est devenu un sujet de conversation récurrent lors des repas de famille dans l’État du Nuevo León, et le problème se répand dans d'autres États à une vitesse alarmante, ce qui pose des problèmes non seulement économiques, mais aussi sociaux. Plus l'eau se raréfie, plus la volonté de trouver des solutions s’intensifie. » 

Parmi les conséquences de cette crise sur l’éducation figurent notamment l’augmentation du nombre de maladies causées par le manque d'hygiène, la baisse de la fréquentation scolaire et la fermeture anticipée des écoles.

Des solutions vertes ancrées localement grâce aux communautés d'apprentissage

Bien que ces situations soient difficiles, les interventions des élèves, des jeunes et des enseignants issus des deux communautés laissent transparaître une lueur d’espoir.

À l'école primaire de Kwa Njenga au Kenya, Sibel Taaka, une élève ambassadrice de troisième année (aujourd'hui en quatrième année), a encouragé sa classe à lutter contre la pauvreté alimentaire.

En collaboration avec les enseignants, les élèves ont mis au point une solution de jardinage innovante qui consiste à planter des légumes dans du plastique recyclé et dans des jardins verticaux.

L'école a également fait appel à la communauté pour installer deux serres dans lesquelles les élèves continuent de planter des légumes. Actuellement, les élèves verdissent l'école pour rendre l'environnement plus propice à l'apprentissage et économisent l'eau de pluie afin de l'utiliser pendant les périodes de sécheresse.

À Monterrey, Alexander n'a pas regardé sa communauté souffrir en silence. En collaboration avec des enseignants et des homologues du collège technique CONALEP, il a créé l’initiative Drops of Hope (Gouttes d'espoir).

Des enseignants et des élèves de Nuevo León explorent des solutions pour lutter contre le changement climatique. Mexique
Des enseignants et des élèves de Nuevo León explorent des solutions pour lutter contre le changement climatique. Mexique
Credit:
Teach for All

Le projet avait été conçu pour trouver une solution à la crise de l'eau dans les communautés défavorisées. Ils ont créé un appareil capable de mesurer, de réguler et de gérer le débit d'eau dans un foyer. Si chaque ménage pouvait mesurer et réguler son eau, il pourrait alors utiliser efficacement la faible quantité d'eau à laquelle il a accès.

Dans le cadre de son travail, Alexander a observé que les individus ne subissaient pas les effets du changement climatique de manière égale. En effet, ce sont les communautés à faible revenu qui en subissent le plus les conséquences. Il a transformé son initiative en une nouvelle organisation appelée INECO, dont l'objectif est de lutter contre les inégalités sociales.

Alexander créé actuellement INECO avec ses homologues de l'Université de Monterrey (UDEM), où il étudie l'économie. INECO mobilise les décideurs politiques, en les encourageant à investir dans des infrastructures permettant de conserver la faible quantité d'eau disponible, et renforce les capacités de la communauté en encadrant et en accompagnant les jeunes dans les établissements d’enseignement secondaires et en développant les compétences entrepreneuriales.

Alexander s’efforce de renforcer la communauté dans son ensemble afin qu'elle ait accès à un plus grand nombre de ressources et d'outils pour pouvoir faire face aux effets du changement climatique.

Une nouvelle génération de jeunes leaders et l'espoir qu'ils incarnent

Sibel et Alexander sont des exemples de jeunes leaders qui n'ont pas peur de relever le défi de lutter contre les effets du changement climatique et de développer des compétences et des solutions vertes.

Les jeunes leaders du GPE font de même à l'échelle mondiale, en s’efforçant d’atteindre tous les membres de la communauté. Dans les zones rurales du Kenya, Valentine s'engage à donner aux jeunes filles et aux femmes les moyens d'acquérir des compétences vertes. Elle incite les mères adolescentes qui ont abandonné l'école en raison du changement climatique à trouver des solutions pour contrer les effets du changement climatique, tels que la sécheresse.

Son organisation, The Barrier Breakers, a permis à de jeunes mères adolescentes de pratiquer une agriculture adaptée au changement climatique afin de produire des aliments nutritifs pour leur famille et de générer un revenu pour elles-mêmes. Sa campagne intitulée : Trees for Girls (« Des arbres pour les filles ») a également permis de sensibiliser les populations rurales du Kenya aux effets du changement climatique sur les femmes et les filles.

En observant ces leaders, une chose paraît évidente : les jeunes au sein des communautés concernées sont notre « remède miracle » pour atténuer les effets de la crise climatique.

Afin de continuer à renforcer le leadership des jeunes, nous devons revoir l'objectif de l'éducation pour que celle-ci ne se cantonne pas aux résultats scolaires, mais qu'elle stimule également le leadership et la créativité des jeunes.

Nous devons continuer à faire entendre la voix de ces jeunes leaders afin d'inciter de plus en plus de jeunes à prendre le relais.

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